Une industrie mondiale du photovoltaïque en pleine croissance…
Parce que le marché mondial du photovoltaïque connaît une embellie en 2013, l’industrie mondiale du photovoltaïque montre des signes plus que positifs. Alors que dans le même temps, le marché européen est atone et pire celui français est au plus bas......
Cette situation montre que l’année 2013 a été une année de bascule.
Cette analyse, issue du baromètre du photovoltaïque établi par Observ’Er, révèle que les experts s’accordent désormais sur le constat d’une croissance forte et stable de l’industrie photovoltaïque, tirée par les profits des développeurs de projets, mais surtout par la perspective de l’industrie photovoltaïque de retrouver enfin des marges d’exploitation positives, ce qui est déjà le cas pour certains d’entre eux. Selon IHS, ces perspectives de croissance ont déjà permis de relancer les investissements des biens d’équipement pour la fabrication de silicium (lingots, plaquettes), de cellules et de modules, soit une augmentation de 42 % en 2014 (2,5 milliards d’euros). En 2015, ces investissements devraient encore augmenter de 25 %, à environ 3 milliards d’euros. Les voyants sont au vert, la vraie course de l’énergie solaire va enfin pouvoir démarrer.
Selon Finlay Colville, vice-président de NPD Solarbuzz : « Avec un environnement plus stable et la perspective d’accélération de la mondialisation des marchés, nous prévoyons un retour à une croissance annuelle de 30 % ». En 2014 l’industrie mondiale du photovoltaïque est donc entrée dans une nouvelle phase dans laquelle le marché est désormais tiré par l’offre et non plus contraint par un manque de demande. Il était temps, car sur les trois dernières années, les coûts de production des modules, leurs prix et celui des systèmes ont été divisés par plus de deux. Durant cette phase de consolidation, une multitude d’acteurs européens ont dû quitter le marché (comme Isofotón, Scheuten Solar, Bosch, Avancis, Solibro et bien d’autres encore). Les survivants devraient avoir leur part de l’immense chantier qui est en train de se préparer.
Les industriels chinois, malgré leur très fort endettement (“Une transition accélérée provoquée par la Chine”), sont de loin les mieux positionnés. Selon NPD Solarbuzz, la domination de l’industrie chinoise sur le marché mondial du photovoltaïque devient chaque jour un peu plus absolue. Sur le marché chinois, Yingly, Jinko Solar et Haeron sont de loin les mieux placés, mais des acteurs comme Jinko, Renesola, JA Solar et Hanwha Q Cells, ont continué à gagner des parts de marché sur les différentes régions du marché mondial.
L’Américain First Solar reste très bien positionné sur les marchés américain (beaucoup plus profitable que le marché chinois) et indien, de même que Sharp sur le marché japonais. Sur les marchés émergents (Amérique latine, Moyen-Orient et Afrique), les fabricants occidentaux (comme Conergy et REC) et japonais (comme Sharp et Kyocera) continuent encore à tirer leur épingle du jeu.
Le cabinet de conseil IHS précise qu’au cours de cette phase de consolidation, les grands fabricants mondiaux ont continué à augmenter leur capacité de production et ainsi renforcer leur suprématie sur le marché international. En Chine, les acteurs de second rang disposant de technologies moyennes sont en train de disparaître, renforçant la solidité des grands acteurs proposant des modules de plus haute technologie.
Le changement de paradigme qui est en train de s’opérer ouvre un champ gigantesque de possibilités pour les industriels ayant réussi à surmonter cette étape.
Alain Ricaud, expert de l’énergie solaire, analyse dans l’éditorial de janvier 2014 dans La lettre du solaire : « 2013 aura donc représenté une année de transition, l’industrie photovoltaïque se restructurant sur des bases financières plus saines par l’évanouissement des tarifs en s’adaptant au tassement corrélatif des marchés européens... Les prix des systèmes installés ont continué de baisser et améliorent la compétitivité du photovoltaïque dans les régions à prix de l’électricité élevés, connaissant des pénuries dans la fourniture domestique ».
Actualités des fabricants :
Yingly Solar, toujours dans le rouge : Yingly Solar est resté en 2013 le premier producteur mondial de modules photovoltaïques, mais il paie encore très cher ce statut et son positionnement très affirmé sur le marché chinois (un des moins rentables). Ses livraisons de modules ont augmenté de 40,8 % par rapport à 2012, pour atteindre 3 234,3 MWc (2 297,1 MWc en 2012) avec un chiffre d’affaires (revenu net) de 2 216,5 millions de dollars. L’industriel n’a pas encore renoué avec les bénéfices en 2013, et a annoncé une perte nette de 321,2 millions de dollars (231,6 millions d’euros), mais sa situation commence à s’améliorer, avec une perte en diminution de 36,5 % par rapport à 2012 et des perspectives plus intéressantes.
L’industriel chinois estime que, compte tenu de la croissance des marchés chinois américain, japonais et des autres marchés émergents comme en Afrique, Amérique du Sud et Asie du Sud-Est, l’entreprise fournira entre 4 et 4,2 GWc de modules en 2014.
Trina Solar prend la seconde place : La progression de Trina Solar a été spectaculaire. En 2013, l’industriel chinois a livré 2 580 MWc de modules, soit environ 1 000 MWc de plus qu’en 2012 (1 590 MWc). Son chiffre d’affaires a été porté à 1,77 milliard de dollars (1,28 milliard d’euros), soit une augmentation de 36,9 % en 2012. Ses pertes nettes annuelles ont fortement diminué à 77,9 millions de dollars (- 70,8 % par rapport à 2012), l’entreprise affichant même un léger retour à la profitabilité sur les deux derniers trimestres.
First Solar retrouve de la profitabilité : Le fabricant de couches minces américain First Solar perd une place en 2013 et devient le troisième producteur mondial de modules avec une production comprise entre 1,8 et 2,2 GWc, correspondant à un chiffre d’affaires (revenu net) de 3 309 millions de dollars, stable par rapport à 2012 (3 369 millions de dollars). En revanche, l’industriel a renoué avec les bénéfices en 2013, avec un profit net de 353 millions de dollars, comparé à une perte de 96 millions de dollars en 2012. Sur le plan technologique, il est parvenu une nouvelle fois à augmenter le rendement moyen de ses cellules de 12,9 % au quatrième trimestre 2012 à 13,4 % au quatrième trimestre 2013, et a établi un nouveau record d’efficacité en laboratoire de 20,4 %. L’industriel a aussi annoncé une baisse sensible du coût de production de ses modules, qui est passé de 0,64 dollar par watt au 4e trimestre 2012 à 0,53 dollar par watt au quatrième trimestre 2013. Pour 2014, First Solar prévoit un chiffre d’affaires (revenu net) compris entre 3,7 et 4 milliards de dollars et de générer un excédent brut d’exploitation compris entre 250 et 450 millions de dollars.
SunPower renoue également avec les bénéfices : SunPower a dépassé pour la première fois le cap des 1 000 MWc produits, avec 1 134 MWc en 2013 contre 936 MWc en 2012. Le chiffre d’affaires de l’industriel américain, détenu par le groupe pétrolier français Total, est resté stable en 2013 à 2 507 millions de dollars (2 417 millions de dollars en 2012). Mais après avoir perdu un peu plus de 800 millions de dollars en deux ans, l’Américain est parvenu en 2013 à renouer avec les bénéfices, en publiant un résultat opérationnel positif de 159 millions de dollars (- 288 millions en 2012 et - 534 millions en 2011). Selon SunPower, la survie de l’entreprise est passée par la solidité financière du groupe pétrolier auquel elle est adossée et par sa capacité à réduire ses coûts. L’industriel américain, spécialisé dans les modules monocristallins de très hauts rendements explique son succès par son positionnement sur le marché. La stratégie de SunPower est de proposer des systèmes un peu plus cher à l’achat, mais de plus grande qualité (avec un taux de rendement de 24 %) et de plus grande résistance sur la durée, accompagnés de garanties sur les performances (avec, selon SunPower, des mesures de 105 % par rapport aux performances attendues). Cette stratégie est globalement la même que celle adoptée par l’industrie européenne. SolarWorld, qui vient d’acquérir la plus grande part des capacités de Bosch Solar, garantit la linéarité de la puissance de ses panneaux sur 25 ans, et même sur 30 ans sur certains modèles, permettant ainsi aux développeurs d’amortir leurs investissements sur une plus longue durée.