L'emblématique quartier des Gratte-Ciel à Villeurbanne fête ses 80 ans
Le quartier des Gratte-Ciel, centre-ville de Villeurbanne, a été inauguré en juin 1934. Reconnu dans le monde entier pour être l’une des rares utopies socialistes jamais réalisées, il revêt des qualités urbaines et architecturales exemplaires. En juin 2014, à l’occasion du 80e anniversaire des Gratte-Ciel, Villeurbanne organise un forum public en plein air qui réunira de grands noms de l’architecture. Durant tout l’été, pour célébrer cet anniversaire une passerelle monumentale, support d’une exposition de 250 mètres de long, prendra place au cœur des Gratte-Ciel, des expositions et des visites guidées seront proposées par le Rize.
Avant-gardistes, emblématiques par leur architecture et leur histoire, les Gratte-Ciel marquent toujours avec force le paysage de l’agglomération. Gratte-Ciel centre-ville est un projet de renouvellement urbain sans équivalent en France (doublement du centre-ville dans un espace urbain déjà contraint). Il est d’autant plus exigeant qu’il s’inscrit dans un quartier historique, au patrimoine architectural remarquable et symbolique. Le projet est pensé comme un ensemble innovant où devra perdurer l’esprit avant-gardiste des Gratte-Ciel de 1934. L’objectif est de renforcer un centre-ville de qualité, attractif pour tous. Le nouveau centre-ville répondra aux exigences contemporaines de développement durable, de mixité sociale et de dynamisme économique. Logements, équipements publics, déplacements, espaces de vie et commerces : l’objectif est de faire de Gratte-Ciel centre-ville un nouveau pôle d’agglomération.
L’une des particularités de l’ensemble urbain des Gratte-Ciel – qui est protégé par une Avap (aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine – l’une des premières de France) est d’être du patrimoine "vivant" et "habité". On est loin de l’image traditionnelle d’un patrimoine "figé" et "vidé" de ses occupants ou réservé à des populations privilégiées. Il est référencé par la Région urbaine de Lyon au titre des Utopies réalisées avec quatre autres sites emblématiques de l’architecture du XXe siècle (dont le couvent de la Tourette par Le Corbusier ou la cité Tony-Garnier à Lyon). C’est ce patrimoine vivant que Villeurbanne célèbre à l’occasion du 80e anniversaire des Gratte-Ciel.
À l’occasion des 80 ans des Gratte-Ciel, les Villeurbannais, et plus largement les habitants du Grand Lyon, sont invités à traverser l’espace-temps, à franchir le seuil de leur avenir ! Pièce majeure de la célébration de cet anniversaire, une passerelle monumentale, (maîtrise d’ouvrage : Ateliers Frappaz) installation éphémère au cœur des Gratte-Ciel, permettra aux Villeurbannais, par un franchissement "en suspension" du cours Emile- Zola, de préfigurer le projet à venir : Gratte-Ciel centre-ville.
Composée d’une structure en échafaudages rappelant la construction d’origine des Gratte-Ciel en poutrelles d’acier, la passerelle, longue de 250 mètres, accueillera une exposition grand format. Elle propose de plonger dans l’histoire de la construction des Gratte-Ciel et d’imaginer, au travers d’exemples de réalisations ou de projets architecturaux, la ville de demain. A l’extérieur, la passerelle offre un point de vue sur les Villeurbannais d’aujourd’hui, à travers des portraits géants d’habitants, photographiés et mis en lumière – dans toute leur diversité et leur spontanéité – par Vincent Muteau.
• Une galerie d’exposition de 250 mètres de long avec 18 tours "porteuses"
• 5 mètres de haut en son point culminant, au franchissement du cours Émile-Zola.
• Un cylindre et un container habillés de miroirs pour refléter la ville actuelle et future (lien à la fois symbolique et physique).
• Une perspective inédite sur les Gratte-Ciel et leur architecture.
La création des Gratte-Ciel
En 1924, le Dr Lazare Goujon est le maire de Villeurbanne, une ville qui a grandi très vite (63 000 habitants contre 21 000 en 1897) et sans plan préconçu, faite de hameaux et de quartiers éloignés les uns des autres, séparés par des terrains nus ou cultivés, où les usines se sont multipliées. L’augmentation de la population s’accompagne d’une crise du logement favorisant le développement des taudis et de leur corollaire, la tuberculose. C’est dans ce contexte que Lazare Goujon prépare son plan d’aménagement et d’embellissement de Villeurbanne en 1926, dans lequel figurera la création d’un quartier central d’habitation réunissant les différents équipements municipaux. Cette opération qui prévoit près de 1 500 logements reste encore exceptionnelle en France à cette époque. Pour la première fois dans l’histoire des villes françaises, le centre-ville est dédié à des logements destinés aux populations ouvrières.
Il y a quatre-vingts ans, en juin 1934, émergeait un ensemble architectural unique, nourri de cette utopie moderniste et hygiéniste de Lazare Goujon, mais aussi du rêve américain de son architecte Morice Leroux. Reconnus dans le monde entier pour être l’une des rares utopies socialistes réalisées, les Gratte-Ciel furent, en leur temps, le symbole d’affirmation de Villeurbanne et constituent aujourd’hui le fondement de son identité. Pensés à la manière d’une cité idéale, ils se composent de logements sociaux exclusivement dotés avant l’heure de tout le confort moderne (eau courante, chauffage central incinérant les déchets, coursives lumineuses...), de commerces et d’équipements publics (l’hôtel de ville – classé monument historique, et le Palais du travail qui accueille théâtre municipal, salles de conférences, brasserie-restaurant et piscine).
L’hôtel de ville
Architecte : Robert Giroud (Grand prix de Rome) L’hôtel de ville, avec sa monumentalité néoclassique, rompt avec le style architectural, très sobre, de l’ensemble du centre urbain. Il lance à 60 mètres de haut un beffroi qui forme la pointe d’un triangle dont la base serait les deux tours d’entrée de l’avenue. Le bâtiment présente deux façades similaires. Elles se distinguent par la présence du beffroi sur celle située au nord. Avec, à son pied et au-dessus de l’entrée : un balcon d’honneur donnant sur le bureau du maire. Un hall traversant permet de relier l’avenue et la place. À l’intérieur, les colonnes en stuc font écho aux colonnes cannelées extérieures. La salle des mariages est dotée d’un orgue.
Le palais du travail
Architecte : Morice Leroux Le corps central du bâtiment comprend une grande brasserie/salle de réunion, un cercle coopératif, le cinéma et une salle de spectacles de 1 500 places. Le pavillon est accueille le dispensaire d’hygiène sociale, le pavillon ouest les bureaux pour les associations, ainsi que des salles de réunions et de conférences pour les syndicats et les associations. Sous le Palais du travail est aménagée la piscine d’hiver, inaugurée en 1933.
Le central téléphonique
Architecte : inconnu C’est la première réalisation, achevée le 29 décembre 1929.
La centrale thermique
Architecte : Morice Leroux Installée à côté de l’usine d’incinération, elle distribue le chauffage central et l’eau chaude dans tout le quartier grâce à un vaste réseau de canalisations souterraines.
Les immeubles des Gratte-Ciel
Architecte : Morice Leroux Immeubles à loyer modéré de 9 à 11 étages, élevés grâce à une structure métallique et remplies de briques creuses, enduite de ciment vibré. Ils se terminent par des terrasses superposées, en retrait les unes par rapport aux autres.
Les tours
Architecte : Morice Leroux Monuments Arts déco de 19 étages et d’environ 60 mètres de haut, il s’agit alors des tours les plus hautes de France. Tous les logements du nouveau centre urbain bénéficient d’ascenseurs, du chauffage urbain et de l’eau chaude, ainsi que de vidoirs automatiques à tous les étages.
La place
Architecte : Morice Leroux Situé entre le Palais du travail et l’hôtel de ville, cet espace de 10000 m2 est alors baptisé place Albert-Thomas. Rectangulaire, elle est bordée de pergolas et ornée de bouquets d’arbres, de bancs de repos et de deux bassins.
Le stadium
Architectes: Morice Leroux, Robert Giroud et Henri Chambon Le Stadium devait accueillir une patinoire, un vélodrome d’hiver, un ring de boxe et un restaurant brasserie. « Un cirque immense, climatisé, de 100 mètres de longueur sur 80 mètres de largeur et de 30 mètres de hauteur, sous verrière, avec des gradins, en ciment armé pouvant recevoir dix mille spectateurs », écrit le Dr Lazare Goujon dans Le crime que j’ai commis (Publié par Lazare Goujon après avoir perdu son fauteuil de maire en 1935, en réponse aux attaques virulentes dont lui et le nouveau centre urbain furent l’objet pendant la campagne pour les municipales.). Il sera édifié à quelque 500 mètres du nouveau centre urbain, le long du cours Émile- Zola. Dans le Progrès du 30 juin 1933, l’on pouvait lire alors que commençaient les travaux: «Huit portes monumentales s’ouvriront sur le Stadium, que quarante-cinq vomitoires et vingt escaliers rendront d’un accès et d’une évacuation rapides ». Mais il ne fut jamais achevé. En 1935, Camille Joly succédant à Lazare Goujon arrête le chantier. À moitié réalisé, il a accueilli longtemps des spectacles à ciel ouvert, dont des corridas, et fut démoli en 1966.
Une grande fête...autour d’un grand forum urbain
Un grand forum urbain prendra place les 27 et 28 juin, dans l’espace public devant l’Hôtel de Ville et le Théâtre National Populaire, sous forme de courts débats successifs. Le forum est organisé en partenariat avec Archipel Centre De Culture Urbaine (Lyon) et consacré au thème « Le centre : la ville ; les centres : la métropole ».
Les Gratte-Ciel dans les « Fundamentals » de la Biennale d’Architecture de Venise En tant que commissaire du pavillon France de la 14e Biennale d’architecture de Venise, Jean-Louis Cohen, historien de l’architecture et de l’urbanisme, a choisi de mettre en exergue le quartier des Gratte-Ciel parmi cent réalisations illustrant cent ans d’architecture. Pour lui, l’ensemble villeurbannais reste radical par son programme, ses formes et son mode de réalisation.
Vendredi 27 juin 2014
19h30 – 20h30/le centre de la ville en Europe
La ville millénaire que nous imaginons communément est un lieu qui se déploie autour de l’agora, du forum, de la cathédrale, du palais ou du beffroi : c’est autour de ce point de commandement, que les hommes et leurs activités s’organisent...
Michel Lussault
Géographe et professeur, il dirige depuis 2008 un institut d’urbanisme à l’ENS Lyon. Parallèlement, il a mené de 1995 à 2003 une activité de conseil en aménagement et urbanisme auprès de collectivités locales françaises, notamment l’agglomération de Tours. Il est également responsable scientifique du groupe «Métropoles françaises et mondialisation » de la procédure Territoires2040 de la DATAR. Auteur depuis 1991 de très nombreux ouvrages et articles, il a publié en 2013 « L’Avènement du Monde. Essai sur l’habitation humaine de la terre ».
Monique Ruzicka-Rossier
Architecte urbaniste, elle a développé une pratique professionnelle à Paris, Chicago, Kuala-Lumpur, Islamabad et Lausanne. Depuis, elle est responsable de recherche et chargée de cours en urbanisme et développement territorial à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Ses thèmes de recherche sont les densités humaines et du bâti, les diversités fonctionnelles et sociales, les systèmes urbains, la fabrication de la ville et les affectations du sol, selon une approche multiculturelle, Europe et Asie.
20h45 – 21h45/le centre de Villeurbanne en 1934 et 2014
Le quartier des Gratte-Ciel, centre-ville de Villeurbanne, est né en 1934. Aujourd’hui la réflexion sur son extension est en cours, afin de répondre aux besoins des habitants devenus plus nombreux tout en intégrant les préoccupations de notre époque comme la conscience de la fragilité de notre monde ou l’émergence de l’échelle métropolitaine.
Anne-Sophie Clemençon
Historienne de l’architecture et des formes urbaines, elle est chargée de recherche au CNRS à l’Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines. Ses principaux travaux portent sur la fabrication de la ville ordinaire du XIXe au XXIe siècle et sur l’action qu’exercent sur elle les modèles dominants, architecturaux ou urbains. Elle a dirigé le livre « Les Gratte-ciel de Villeurbanne » publié en 2004. Elle travaille actuellement sur un livre à paraître en 2014 consacré à la fabrication de la ville ordinaire.
Christian Devillers
Architecte et professeur d’architecture, en 1990 il ouvre son agence et exerce son activité dans trois domaines: le projet urbain, l’espace public et les infrastructures urbaines et l’architecture. Il reçoit le Grand Prix de l’urbanisme et de l’art urbain en 1998. Il anime l’Atelier national Projet Urbain avec Ariella Masboungi au ministère de l’Équipement jusqu’en 2000. Pendant ces années de pratique, il a écrit de très nombreux articles dont une grande partie développe et approfondit sa réflexion sur la notion de projet urbain. Actuellement, parmi ses projets phares, il conduit la réflexion sur l’extension du quartier des Gratte-Ciel de Villeurbanne.
Samedi 28 juin 2014
19h30 – 20h30/la ville européenne
Quand on parle de ville européenne, on fait référence à la ville compacte. En comparaison avec les formes identifiées sur d’autres continents, ce modèle reconnaît dans la plupart des villes européennes l’importance du centre autour duquel se déploie une organisation concentrique...
Paolo Amaldi
Architecte et docteur en architecture. Il a publié de nombreux articles et livres, et a été pendant deux ans membre du jury du prix de l’Equerre d’Argent. Il fut chef de projet dans l’agence Chemetov + Huidobro de Paris, avant de créer en 2002 le bureau d’architecture Amaldi-Neder à Genève. Actuellement, il est également professeur et chercheur à l’École d’architecture de Versailles, et rédacteur en chef de la revue d’architecture Faces.
Laurent Devisme
Enseigne les sciences sociales à l’École Nationale supérieure d’architecture de Nantes, où il dirige le laboratoire LAUA. Ses travaux concernent principalement l’action urbanistique, les enjeux des sciences territoriales mais aussi l’expressivité de l’urbain contemporain. Il a notamment publié « La ville décentrée. Figures centrales à l’épreuve des dynamiques urbaines » et dirigé « Nantes, petite et grande fabrique urbaine ». Il est, début 2013, chercheur invité à L’INRS-UCS de Montréal. Sa thèse est consacrée au phénomène de la reconquête partout en France des centres villes à partir des années 60.
20h45 – 21h45/ville et métropole
La métropole – «ville mère» – est une aire urbaine importante, qui présente des caractéristiques morphologiques et fonctionnelles d’étalement, de discontinuité, d’hétérogénéité et de multipolarité. La métropolisation dissout-elle les villes, ou donne-t-elle au contraire forme à un territoire qui va au-delà de la ville dont nous avons hérité, mais qui l’intègre en la dépassant ?
Jean Petaux
Politologue et enseignant chercheur à Sciences Po Bordeaux. Coordinateur de l’École internationale des sciences politiques de Katowice (Pologne) et expert auprès du Conseil de l’Europe depuis 1995, il est l’un des auteurs de l’ouvrage « Métropoles... quel devenir pour nos villes ? » publié chez Bastingage en mars 2014.
François Decoster
Architecte urbaniste, il exerce son activité en association avec Djamel Klouche et Caroline Poulin au sein de l’AUC créée en 1996. L’agence prône, en matière d’urbanisme, une position mêlant observation, médiation et production. Le projet urbain doit en effet permettre de révéler l’ensemble des qualités présentes. Lauréate en 1999 du projet Europan, elle travaille aujourd’hui à toutes les échelles du Grand Paris au quartier de la Part-Dieu à Lyon en passant par Moscou.
Les deux soirées s’achèveront par la projection de films de fiction, où la ville joue un rôle central.
Le vendredi 27 juin de 22h > 23h30
«the amazing spiderman» de marc Webb (2012)
Peter Parker est un adolescent combattant le crime sous le nom de Spider-Man après avoir été mordu par une araignée transgénique dans les laboratoires Oscorp. Chassé par les autorités sous les ordres du capitaine Stacy, le père de sa petite amie Gwen, Peter tente de sauver New York du Docteur Connors, l’ex-associé de son père métamorphosé en créature reptilienne, le Lézard.
le samedi 28 juin de 22h > 23h30
«monte là-dessus» de sam taylor et Fred newmeyer (1923)
Harold est venu à Los Angeles pour faire fortune. N’évoluant pas dans son job de petit vendeur, il propose à son patron de faire la promotion du magasin en faisant escalader la façade par un ami acrobate. Mais au final, c’est lui qui doit l’escalader! La scène, demeurée mythique, est précisément celle où Harold Lloyd est suspendu aux aiguilles de l’horloge. La vue depuis la façade de l’immeuble montre bien la rue et les immeubles alentour.