Liberté - Égalité - Accessibilité : Aujourd'hui l’appel des 100 !
L’APF organise ce jour un rassemblement pour l’accessibilité de 11h à 15h Place de la République à Paris en raison d'une : Absence manifeste, tangible et abyssale d’une réelle politique publique stratégique en matière d’accessibilité
100 représentants APF venus de toute la France prendront la parole pour exprimer leur colère et leur refus d’attendre jusqu’à 10 ans de plus pour une France accessible !
Après bientôt 40 ans d’attente et deux lois inappliquées en matière d’accessibilité, l’Association des paralysés de France (APF) déplore les délais proposés par le gouvernement pour la mise en accessibilité de la France : jusqu’à 10 ans de plus !
Ainsi, après avoir lancé une pétition, portée par Philippe Croizon, pour dire OUI à l’accessibilité qui a récolté plus de 188.000 signatures en quelques semaines, l’APF amplifie ce mouvement en organisant un grand rassemblement national, ce mardi 13 mai de 11h à 15h, place de la République à Paris : « Liberté - Égalité - Accessibilité : l’appel des 100 ! »
Ce rassemblement repose sur la prise de parole de 100 représentants de l’APF, venus de toute la France, dans un format court et impactant : 1 minute par intervenant pour témoigner de la colère des personnes en situation de handicap concernant le manque d’accessibilité et les nouveaux délais annoncés.
L’APF attend aujourd’hui du gouvernement des engagements fermes à la hauteur des enjeux : des délais resserrés et des sanctions fortes pour tous les acteurs ne respectant pas l’obligation d’accessibilité !
> Pétition : objectif 200.000 signataires !
Lancée le 11 mars dernier, la pétition de l’APF « Accessibilité : la liberté d'aller et de venir ne peut pas attendre 10 ans de plus ! », portée par Philippe Croizon, a déjà récolté plus 188.000 signatures sur www.change.org/accessibilite.
Avec cette pétition, Philippe Croizon appelle à soutenir le combat de l’APF pour une
société accessible à tous : « Mon rêve, c'est une société où la personne en situation de handicap ne se posera plus ces questions : Est-ce que je peux aller au cinéma ? Est-ce que je peux aller faire mes courses ? Est-ce que je peux prendre le métro ? Est-ce que je peux trouver un travail ? Et la liste est longue.... Je rêve que la personne en situation de handicap dise : Je vais au cinéma, je vais faire mes courses, je vais prendre le métro, je travaille grâce aux compétences acquises pendant toute ma formation scolaire sans aucune crainte puisqu'égale de tous ! »
Aujourd’hui, l’APF souhaite atteindre les 200.000 signataires qui disent OUI à l’accessibilité !
> Des mobilisations dans toute la France !
Plusieurs délégations départementales de l’APF ont organisés des rassemblements pour protester contre les délais de mise en accessibilité de la France.
Ainsi, une dizaine de manifestations ont eu lieu à Toulouse, Mont-de-Marsan,
Orléans, Marseille, Vannes, Vesoul et Belfort. La Roche-sur-Yon, Nice, Limoges et Nantes organisent un rassemblement le 13 mai pour amplifier la mobilisation nationale du même jour. Le 20 mai, une manifestation est prévue à Montpellier.
Les 100 raisons de la colère !
Les 100 représentants départementaux de l’APF viennent de toute la France pour exprimer leur colère concernant le retard pris en matière d’accessibilité et la perspective de nouveaux délais. Extraits de prises de parole :
Mireille AZZARO, Alpes Maritimes (06) :
« A Cannes, capitale mondiale du cinéma, toutes les salles sont inaccessibles !!! Cherchez l'erreur ! »
Noëlle MARY LLOPIS, Hérault (34)
« On parle du coût de l'accessibilité, mais on oublie de chiffrer les coûts et les conséquences de l'inaccessibilité de la cité, la désertification des centres ville due à l'impossibilité des familles de se déplacer ensemble. L'accessibilité, c'est pour tout le monde, la reporter c'est accepter l'échec, le blocage de la société, l'impuissance de nos politiques, la discrimination et l'exclusion. »
Gwenaëlle CHEVALIER, Ille et Vilaine (35)
« Quand on est en fauteuil, il n’y a pas de place pour l’improvisation. Aller au cinéma, sortir au restaurant, tous ces actes ordinaires exigent anticipation et organisation. [...] Ma vie doit se dérouler sur des rails que je n’ai pas choisis. »
Daniel DUPUIS, Indre (36)
« A l'heure actuelle, le seul critère qui nous guide dans le choix d'un médecin ou d'un kinésithérapeute est le niveau d'accessibilité de leur cabinet médical. Alors même qu'il s'agit de professionnels s'adressant à des personnes qui rencontrent des problèmes de santé... »
Jacques GRESSIER, Loir et Cher (41)
« Dans nos petites communes en zone rurale, l’absence de transport en commun et de toute volonté politique, écarte et isole d’autant plus les personnes en situation de handicap, les éloignant des zones urbaines, les empêchant d’avoir une vie sociale et citoyenne ! »
Erik LIGER, Loiret (45)
« En 1969 des hommes ont marché sur la lune, en 2014, d'autres hommes ne peuvent même pas accéder aux moyens de transport locaux ! »
Katherine FREMY LEFEUVRE, Maine et Loire (49)
« 11 février 2005, j’ai osé y croire enfin...une loi qui revendiquait ACCES A TOUT POUR TOUS, quand courageusement nous approchions de l’échéance du 1er janvier 2015 ...STUPEURS ET TREMBLEMENTS : 26 février 2014, nous voilà renvoyés vers des années de lutte et de mendicité...Moi qui n’avais déjà pas trop de jambes ... les bras m’en tombent... »
Asim YAMAN, Oise (60)
« 17 ans, c’est l’âge que j’avais au moment de la loi du 11 février 2005 et enfin, on nous promettait «l'égalité des droits et des chances». 17 ans, c’est l’âge où je voulais croquer la vie mais hélas, je me suis cassé les dents dans des transports pas adaptés, dans des magasins inaccessibles, sur des trottoirs impraticables, chez des médecins, des pharmaciens ou des kinés où j’avais l’impression de gêner ...
Aujourd’hui, j’ai 25 ans et même si ma dentition s’est améliorée, il reste toujours autant d’obstacles à surmonter ! »
Delphine ALBAUT, Pas de Calais (62)
« J’ai de la chance, je conduis une voiture bien équipée Mais pas de chance, je ne peux pas toujours descendre de mon véhicule et si je me gare mal je peux avoir un procès. J’ai de la chance, je vais faire des courses Mais pas de chance, trop de magasins sont encore inaccessibles, comme les restos, les hôtels et les cabinets médicaux. »
Nadine DELORS, Puy de Dôme (63)
« Martin est un petit garçon de 6 ans qui fait son entrée au CP dans une école du milieu ordinaire dans son village qui juxtapose Clermont-Ferrand. Le Maire de la commune considère avoir déjà fait beaucoup en délocalisant la classe de CP au rez-de-chaussée et ne veut faire aucuns travaux, aucunes adaptations supplémentaire. Mais quid de la cantine, des toilettes, de la bibliothèque, des cours d'informatique, quid des activités périscolaires...
Martin devra-t-il porter des couches et sentir l'urine toute la journée ? Devra-t-il attendre 10 ans de plus pour aller choisir un livre à la bibliothèque ? Sera-t-il encore le seul enfant de sa commune exclu de cantine ? »
Christian MEISTERMANN, Haut-Rhin (68)
« 40 ans d’immobilisme et l’on nous demande à nouveau de nous Ad’Apter ! »
Pierre PLASSE, Savoie (73)
« La délégation départementale de Savoie a étudié récemment l’accessibilité des lieux de santé. [...] Sur les 1028 cabinets visités, 535 sont totalement inaccessibles. Trois généralistes sur 5 ont un cabinet inaccessible. »
Patrice PAIN-MERLIERE, Deux-Sèvres (79) « C'est un vrai plaisir de vivre une rencontre de foot, sauf, que comme nous sommes placés derrière les bancs des remplaçants, et les panneaux publicitaires, nous ne voyons qu'une moitié du terrain, une partie de la rencontre nous est cachée. [...] Et cette moitié du match que nous ne voyons pas, c'est comme cette partie de la France qui nous est caché, cette partie de la France qui n'est pas accessible, cette partie de la France qui ne nous est pas donné. »
Léliane VALAT, Vaucluse (84)
« Nous voulons circuler librement. Aller comme bon nous semble ou bon nous semble. C’est pourquoi nous crions, notre colère, nous affirmons aujourd’hui que notre indulgence et notre tolérance est au point Zéro. FIN DE la ségrégation SPATIALE. »
Marc GUILLEMAIN, Yonne (89)
« Nous ne voulons plus de cette société qui rejette sa part la plus vulnérable : les bébés, leurs poussettes et leurs mamans, les personnes âgées, malades ou en situation de handicap. »
Alexandre CLEMENT, Val de Marne (94) « Vous vous rendez compte, j’ai 30 ans, et on veut reporter mon droit à vivre un quotidien normal ? [...] Moi Alexandre, APF du Val de Marne, je vous le demande Monsieur le président : C’est quoi une vie normale ? »
Presque 40 ans après la loi de 1975 faisant de l’accessibilité une obligation nationale, le retard pris en la matière est particulièrement préoccupant !
À peine plus de la moitié des écoles et seulement 42% des réseaux de bus sont accessibles aux personnes en situation de handicap ! Même constat pour les cabinets médicaux et paramédicaux puisque la moitié des personnes en situation de handicap ont des difficultés à en trouver un accessible1. Pourtant, depuis cette première loi de 1975, et plus encore depuis la loi handicap du 11 février 2005, les associations n’ont cessé de demander un accompagnement fort, une impulsion politique claire et des dispositifs financiers adaptés.
Aujourd’hui, le gouvernement envisage une programmation pluriannuelle des actions de mise en accessibilité, c'est-à-dire un dispositif avec des effets concrets, visibles, tangibles, année après année, constatables par un premier bilan au bout de 12 mois.
Mais, concernant les délais envisagés qui peuvent aller jusqu’à 10 années supplémentaires, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) a manifesté sa réprobation la plus totale.
Pour l’APF, après 40 ans d’immobilisme (la 1ère loi date de 1975 !), il est inacceptable de devoir attendre jusqu’à 10 ans de plus pour voir se concrétiser une réelle liberté d’aller et de venir.
L’APF réitère avec force que l’accessibilité est un droit fondamental, qui ne peut devenir effectif qu’avec la continuité complète de la chaîne de déplacement et d’activité.
L’APF demande donc fermement que les délais soient resserrés, conformément à l’engagement pris par le Premier ministre lors du Comité interministériel du handicap du
25 septembre 2013.
Car l’accessibilité concerne l’ensemble de la population :
- les personnes en situation de handicap, qui représentent 10 à 15 % de la population ;
Mais aussi :
- les personnes âgées, à l’heure où le gouvernement prépare une loi sur l’adaptation de la société française au vieillissement ;
- les blessés temporaires ;
- les voyageurs avec bagages ;
- les femmes enceintes ;
- les parents avec poussettes, ainsi que les familles nombreuses ;
- les cyclistes, qui ont besoin d’une voirie sans obstacles ;
- les 80 millions de touristes étrangers accueillis chaque année, et en quête de signalétique ;
- et toutes les personnes valides pour le confort que cela procure.
La liberté et l’égalité passent aussi par l’accessibilité.