Terre de schiste, le mardi 13 mai à Paris, au Cinéma Reflet Médicis, Paris 5
Les Amis de la Terre France mènent depuis 2007 une campagne sur la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises, centrée sur le secteur des industries extractives. Dans ce cadre, Les Amis de la Terre mènent un travail de soutien aux communautés affectées, ainsi que des activités de plaidoyer et des campagnes publiques visant à faire pression sur les multinationales françaises pour qu’elles changent leurs pratiques.
Le documentaire Terres de schiste a été réalisé dans le cadre d’une campagne commune entre Les Amis de la Terre France, l’Observatorio Petrolero Sur, Les Amis de la Terre Europe et MilieuDefensie (Les Amis de la Terre Pays-Bas). Elle a pour objectif d’apporter une visibilité et un soutien concret aux demandes des populations mobilisées contre les gaz et huiles de schiste en Argentine, de faire pression sur les entreprises pétrolières pour qu’elles abandonnent ces projets et modifient plus généralement leurs pratiques, et de plaider auprès des décideurs français et argentins pour qu’ils réforment le cadre légal qui permet aujourd’hui aux multinationales d’agir en toute impunité.
France, 2011 : suite à une très forte mobilisation citoyenne, une loi est votée, interdisant la fracturation hydraulique sur le territoire français, avec notamment pour conséquence l’abrogation du permis dit de Montélimar, qui avait initialement été accordé à Total.
Mais rien n’empêche cette entreprise d’aller exploiter les gaz et huiles de schiste ailleurs, en Europe et dans le monde. Second opérateur de gaz en Argentine, Total acquiert avant toutes les autres grandes multinationales du secteur, des permis de gaz non conventionnels dans la province de Neuquén en Patagonie, y compris au sein d’une aire naturelle protégée. Le bassin de Vaca Muerta, qui s’étend sur 30 000 km 2 devient vite aussi le nouvel eldorado des autres compagnies pétrolières telles que Chevron, YPF, Shell, Apache : l’Argentine serait le troisième pays mondial en terme de réserves potentiellement exploitables de gaz et pétrole de schiste.
Accaparement de terres, répression… les populations, notamment les communautés Mapuche et les petits paysans, qui souffrent déjà des impacts de décennies d’exploitation conventionnelle de pétrole et gaz se retrouvent piégées par les majors étrangères et YPF, la compagnie renationalisée. Le gouvernement a donné son accord sans les consulter. La résistance commence.
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La sortie du documentaire Terre de schiste a lieu à l’occasion de la présence à Paris de deux représentants des communautés affectées en Argentine, venus demander des comptes à Total, qui tiendra son assemblée générale d’actionnaires le vendredi 16 mai.
L’occasion aussi d’interpeller le gouvernement français sur la nécessité de reconnaître la responsabilité légale des maisons-mères des multinationales sur les activités de leurs filiales et sous-traitants à l’étranger.
Ils se rendront ensuite aux Pays-Bas (siège de Shell), en République Tchèque, Hongrie et Pologne, puis en Espagne.
Crise » énergétique et sécurisation de l’accès aux matières premières
Les modes de production et de consommation des pays du Nord mènent à une surconsommation de ressources, telles que les hydrocarbures, les métaux, l’eau ou encore le bois. L’accès aux biens naturels et aux ressources énergétiques à un moindre coût semble être devenu la priorité des États et des entreprises multinationales, qui veulent répondre à cette demande croissante, au prix de violations des droits des communautés et d’atteintes à l’environnement toujours plus graves.
Alors que la production de pétrole et de gaz conventionnel est en déclin, peu est fait pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. Ainsi, en l’absence de politiques qui encouragent l’efficacité énergétique et l’utilisation de combustibles plus propres et non fossiles, les investissements dans les sources d’hydrocarbures « non conventionnelles » et plus polluantes – brut lourd, sables bitumineux, gaz et huiles de schiste –ne cessent d’augmenter.
Dans ce contexte, le mythe de l’énergie « bon marché et abondante » issue des gaz et pétrole de schiste, a donné lieu à une course effrénée des entreprises pétrolières pour exploiter ces gisements dans le monde entier, en dépit de lourds impacts sociaux, environnementaux et climatiques. La mobilisation citoyenne contre ces projets a permis le vote en France, en 2011, d’une loi interdisant le recours à la fracturation hydraulique, ce qui a eu notamment comme conséquence l’abrogation du permis de Total à Montélimar. Depuis, les compagnies françaises telles que Total et Perenco, multiplient leurs investissements dans ces hydrocarbures non conventionnels à l’étranger, notamment en Argentine.
L’Argentine, nouvel eldorado des multinationales pétrolières
Troisième pays mondial en termes de réserves potentiellement exploitables d’hydrocarbures non conventionnels, l’Argentine est devenue la destination rêvée des compagnies pétrolières. Suite à la découverte de larges réserves de gaz et huiles de schiste fin 2010, le gouvernement argentin a partiellement renationalisé la compagnie pétrolière YPF, et ouvert en parallèle les portes à des géants mondiaux du secteur : Total, Chevron, Shell, etc. Tant le gouvernement national que les gouvernements provinciaux soutiennent l’exploitation de ces hydrocarbures, qu’ils voient comme une nouvelle source de rente. Un décret national a ainsi été pris en juillet 2013, et un programme spécifique a été lancé par le gouvernement national pour encourager les investissements dans le secteur, accordant des concessions d’une durée de 35 ans, accompagnées d’un certain nombre d’avantages fiscaux, d’aides à l’exportation et de garantie des prix aux compagnies étrangères. Des accords spécifiques ont été signés avec certaines entreprises, dont Chevron et Total en 2013.
Ces dernières années, la mobilisation de la société civile n’a fait que croître, avec intimidations et répression comme unique réponse. À aucun moment, les populations n’ont été consultées, ni même les communautés indigènes mapuche sur les terres desquelles se trouvent plusieurs projets. Plusieurs de ces communautés subissent déjà les impacts sociaux et environnementaux de dizaines d’années d’exploitation pétrolière conventionnelle, et sont donc d’autant plus mobilisées face à cette expansion sur de nouveaux territoires jusqu’ici protégés, et avec des techniques de plus en plus invasives et destructrices. Une coalition « Multisectorial contre le fracking » s’est créée, rassemblant des communautés affectées, organisations sociales et syndicats. Par ailleurs, quinze gouvernements locaux dans cinq provinces différentes ont voté des ordonnances interdisant le recours à la fracturation hydraulique.
Total, acteur de poids en Argentine
Deuxième opérateur gazier du pays, Total a extrait à lui seul 30% du gaz produit à Neuquén en 2013. Dès 2010, avant toutes les autres compagnies, Total acquiert des permis d’exploration de gaz de schiste, dans la province de Neuquén en Patagonie. Il en détient aujourd’hui 11. Rien ne semble freiner ses ambitions dans ce pays convoité : l’entreprise a annoncé, en octobre 2013, un investissement de 400 millions de dollars pour lancer deux projets pilotes de gaz de schiste sur son permis Aguada Pichana, dans la célèbre formation schisteuse de Vaca Muerta. Début 2014, après une rencontre avec la présidente argentine, en visite officielle à Paris, le PDG de Total a indiqué qu’ils allaient accélérer leurs investissements dans ce pays : « L’exploitation du gaz non conventionnel, c’est le pari de la prochaine décennie ! ».
Total détient aussi le permis très controversé de Pampa las Yeguas II, dans la réserve provinciale Auca Mahuida, site pourtant protégé pour sa faune (plus de 100 espèces, telles que le guanaco, le ñandu et le puma) et sa flore (dont 14 espèces endémiques). Les travailleurs de la réserve se sont prononcés contre l’adjudication de ce permis et l’utilisation de la fracturation hydraulique. Non seulement leur avis n’a pas été entendu, mais ils se retrouvent aujourd’hui menacés de sanction pour faute grave, pour avoir osé critiquer ce permis pétrolier, et demander des compléments d’informations à l’entreprise.
Les Amis de la Terre France ont le plaisir de vous inviter à la présentation de leur documentaire Terres de schiste, réalisé par Grégory Lassalle, et de leur nouveau rapport sur les gaz et huiles de schiste en Argentine :
Le mardi 13 mai 2014 à 20h au Cinéma Reflet Médicis
3 Rue Champollion, 75005 Paris, France
La projection du documentaire sera suivie d’un débat animé par le journaliste Hervé Kempf (Reporterre),
en présence de :
- Grégory Lassalle, réalisateur du documentaire.
- Diego di Risio, de l’Observatorio Petrolero Sur (OPSur), un des rédacteurs du rapport. Partenaire des Amis de la Terre et membre d’Oilwatch international, OPSur est une organisation argentine qui, au travers d’un travail de terrain et d’activités de formation et de diffusion, apporte un accompagnement aux communautés affectées qui résistent à l’expansion pétrolière et gazière.
- Une représentante de la Multisectorielle contre le fracking, réseau qui rassemble les militants et communautés mobilisés contre les gaz et huiles de schiste dans la province de Neuquén en Patagonie.
- Juliette Renaud, des Amis de la Terre France, chargée de campagne sur les Industries extractives.
Entrée libre et gratuite, accueil à partir de 19h30. Le débat sera suivi d’un cocktail.
Métro : Cluny la Sorbonne (ligne 10) / Odéon ou Saint Michel (ligne 4)