DEVENIR GRAINE / MAGALI DANIAUX & CEDRIC PIGOT dans l'espace virtuel du Jeu de Paume
08/04/2014 – 09/2014 / ESPACE VIRTUEL - Retrouvez la programmation de l’espace virtuel du Jeu de Paume sur http://espacevirtuel.jeudepaume.org
Intitulée « Devenir Graine », la plateforme interactive des artistes Magali Daniaux & Cédric Pigot propose une lecture atypique des enjeux énergétiques et de la gestion de produits alimentaires (food management), du 8 avril au mois de septembre 2014 sur l’espace virtuel du Jeu de Paume (http://espacevirtuel.jeudepaume.org).
L’une des rubriques de ce projet en ligne est consacrée au Global Seed Vault, bunker souterrain où sont sauvegardées les semences de toutes les plantes utiles à l’alimentation humaine, situé sur l’archipel du Svalbard, à l’intérieur du cercle Arctique. Une autre section permet de se connecter en streaming avec Kirkenes, petite ville du Nord de la Norvège, point stratégique sur la mer de Barents, notamment pour la prospection de gisements de gaz et de pétrole.
Le duo d’artistes français propose de considérer la flore de par son immobilité active, sa plasticité et son adaptabilité, comme un modèle pertinent pour envisager de nouveaux schémas économiques et sociaux. Dans un monde globalisé où il n’est plus possible de fuir, les tactiques végétales apparaissent aux deux artistes comme des modèles ultracontemporains dont ils se sont inspirés pour construire la plateforme « Devenir Graine ».
Photo 1 : Magali Daniaux & Cédric Pigot - Devenir Graine/Action devant le Global Seed Vault de Svalbard, Longyearbyen, mai 2012 © Magali Daniaux & Cédric Pigot
Magali Daniaux & Cédric Pigot Devenir Graine Ponton de la Fish Factory de Kirkenes © Magali Daniaux & Cédric Pigot
Présentant des contenus et des médias très divers, cette œuvre prend comme point de départ Kirkenes, petite ville du nord de la norvège, point stratégique sur la mer de Barents, et les îles de l’archipel du Svalbard, situées à l’intérieur du cercle Arctique, afin d’illustrer de façon métaphorique les relations entre l’homme et la nature.
en associant poésie, fiction, documentaire, interviews et performance, « Devenir Graine » se présente comme une ballade surréaliste dans l’Arctique contemporain tout en abordant des enjeux géopolitiques et géostratégiques de pleine actualité : le réchauffement climatique, le développement urbanistique, la collaboration transfrontalière entre la norvège et la russie, l’ouverture de l’espace Schengen, la gestion des ressources fossiles et nucléaires, ainsi que le développement des oGM (organismes génétiquement modifiés) et la marchandisation du vivant. Ce projet propose d’imaginer l’Arctique comme un « back-up » géant, un espace de sauvegarde massive d’une humanité biocentrée évoluant dans des environnements climatisés et désignés sur commande. « Le monde frigo », une promesse de mort et d’éternité.
« La terre peuplée la plus proche du pôle nord est l’archipel du Svalbard, situé à l’intérieur du cercle Arctique, à plus de mille kilomètres au nord de la péninsule scandinave. Pendant longtemps, le lieu a servi de camp de base aux baleiniers. Aujourd’hui, il est habité par trois mille ours polaires et deux mille six cents être humains, majoritairement norvégiens et russes, qui vivent, concentrés sur l’île Spitzberg, de l’activité minière, du tourisme, et de la recherche scientifique. Le centre universitaire du Svalbard, qui accueille une communauté d’environ cinq cents étudiants et enseignants de vingt-cinq nationalités se situe à Longyearbyen, anciennement Longyear City, agglomération qui tire son nom de john Munroe Longyear, le créateur de la compagnie arctique du charbon. C’est aussi à Longyearbyen que se trouve le Global Seed Vault, un “coffre-fort grainetier” creusé dans une montagne de grès, inauguré en 2008*. »
Une rubrique de ce projet internet sera consacrée à cette banque universelle de graines à travers des entretiens filmés, des photographies et des plans du lieu, des enregistrements sonores, des films et des récits.
Parmi les nombreux spécialistes interviewés : Cary Fowler, ancien directeur exécutif du Global Crop Diversity trust qui est à l’origine de la banque de graine ; roland Von Bothmer, professeur de génétique à la Swedish university of Agricultural Science ; eirik newth, astrophysicien ; Kirill Korbrin, journaliste de radio europe/radio Liberty, Prague ; William engdahl auteur du livre Seeds of Destruction: The Hidden Agenda of Genetic Manipulation ou natalja Kalinina, chercheuse du Knipovich Polar research institute of Marine Fisheries and oceanography (Pinro), russie.
Des modélisations 3D des plans de la banque de graine conçues par les artistes permettront de parcourir les couloirs de cet espace de manière interactive. à travers des nouvelles, où la science-fiction cohabite avec des récits issus des recherches scientifiques à l’Arctique, les artistes nous proposent d’imaginer l’ambiance de ce glacial bunker souterrain. D’autres propositions artistiques en ligne viendront enrichir régulièrement cette œuvre multiforme.
Le botaniste Francis hallé, dans un entretien avec le philosophe raphaël Bessis, explique que : « la plante, étant fixe, doit subir là où elle est les vicissitudes de son environnement, elle ne peut pas se sauver et, si elle n’est pas capable de plasticité, elle meurt. on peut comprendre alors que des systèmes extraordinairement plastiques, voire labiles ou fluides, se mettent en place, et cela est vrai aussi bien pour la forme externe que pour les comportements ou le génome. La plante doit être capable, dans une certaine mesure, de se changer elle-même, faute de quoi, elle disparaît, car elle n’est plus adaptée à un nouvel environnement. Si les conditions lui déplaisent, l’animal a comme solution de se déplacer jusqu’à ce qu’il retrouve des conditions satisfaisantes. Selon cette perspective, il n’a pas besoin de se changer beaucoup lui-même. La plasticité animale dans sa forme extérieure est faible, et il en va de même concernant son génome, il n’a aucune raison de se changer lui-même intérieurement, un seul génome lui convient. »
Magali Daniaux & Cédric Pigot Devenir Graine Pyramides de Svalbard © Magali Daniaux & Cédric Pigot
Artistes
❙ MAGALI DANIAUX & CEDRIC PIGOT
Nés respectivement en 1976 et 1966. Résident et travaillent à Paris.
Depuis leur rencontre, il y a dix ans, l’œuvre conjointe de Magali Daniaux & Cédric Pigot est marquée du double sceau de l’expérimentation et de la performance. Leurs pièces mêlent des médias divers et associent des registres opposés, avec une prédilection pour les correspondances entre science-fiction et documentaire, ingénierie de pointe et contes fantastiques. Aux installations et objets plastiques de leurs débuts se sont progressivement substitués des expérimentations et gestes artistiques plus immatériels. Vidéos, créations sonores, pièces musicales, poésie, recherches olfactives et projets virtuels ont formé, ces trois dernières années, un cycle d’œuvres qui aborde le changement climatique, les questions économiques, politiques et géostratégiques, le développement urbain et enfin des problématiques liées au food management, à la marchandisation du vivant.
http://daniauxpigot.com/
Autour de ce projet :
Mardi 8 avril à 19 h, auditorium du Jeu de Paume
Rencontre avec les artistes Magali Daniaux & Cédric Pigot autour de leur projet « Devenir Graine », produit pour l’espace virtuel du jeu de Paume. Cette rencontre sera animée par Véronique Godé, journaliste, et Maria Ptqk, commissaire d’expositions
Mercredi 19 mars à 19 h 19, plateau média de la Gaîté lyrique
Table ronde en présence de Magali Daniaux & Cédric Pigot à l’occasion du lancement de l’édition web consacrée à la thématique du « Vivant », sous la direction de Maria Ptqk, commissaire d’exposition
à partir du 9 avril, le projet « Devenir Graine » sera accessible au centre de ressources, situé au premier étage de la Gaîté lyrique.
Le Jeu de Paume soutient la création Internet en présentant sur l’espace virtuel de son site des projets d’artistes créés spécialement pour le web. Tous les projets, présentés depuis octobre 2007, sont consultables en ligne :
– « L’Île de Paradis » d’ultralabTM
– « Local time » d’Angela Detanico et rafael Lain
– « Le Dadamètre » de Christophe Bruno
– « the Angelo Foundation : the headquarters » d’Angelo Plessas et Andreas Angeladakis
– « All over » de Samuel Bianchini
– « Alissa, discussion avec Miladus, elon/120/211/501 » d’Agnès de Cayeux
– « Les trucs » du collectif Microtruc
– « identités précaires », commissaire : Christophe Bruno
– « Blow-up », commissaires : Christophe Bruno et Daniele Balit
– « Form@ts », commissaire : Christophe Bruno
– « erreur d’impression. Publier à l’ère du numérique », commissaire : Alessandro Ludovico