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Passivité des Pouvoirs Publics et des agences de l’eau face aux atteintes sur la ressource aquatique…

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Passivité des Pouvoirs Publics et des agences de l’eau face aux atteintes sur la ressource aquatique…

Passivité des Pouvoirs Publics et des agences de l’eau face aux atteintes sur la ressource aquatique…

(E)au secours ?

Qualité de l’Eau, WWF a menée son enquête …

Alors que le salon de l’agriculture a fermé ses portes le 02 mars dernier, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a publié une mise à jour de son enquête réalisée en 2012 sur l’état de l’eau potable en France consistant à filtrer les analyses officielles réalisées sur une période de deux ans, pour la totalité des 36 600 communes de France. La première conclusion était que si 97,5 % des Français avaient accès à une eau de bonne qualité, en revanche plus d’un million et demi de consommateurs payaient pour une eau non conforme aux critères règlementaires. Deux causes principales de non-conformité étaient relevées : d’une part, des défauts de traitements de l’eau (critères bactériologiques, aluminium, radioactivité) dus par exemple à des installations vétustes ou insuffisamment surveillées, et d’autre part les pratiques agricoles, causes de dépassements en pesticides, nitrates et sélénium, et représentant 69 % de la totalité des non-conformités relevées.

Deux ans après, l’UFC-Que Choisir met à jour son analyse, ainsi que sa carte interactive qui permet aux consommateurs de connaitre de manière synthétique et immédiate la qualité de l’eau de leur commune au regard des 6 contaminants analysés. Le protocole d’analyse est encore amélioré, puisque c’est désormais pour chaque réseau desservant une commune que s’effectuent l’analyse et l’information des consommateurs.

Mais au-delà de l’information factuelle sur la bonne -ou mauvaise- qualité de l’eau potable, l’UFC-Que Choisir avait alors alerté sur un double scandale : tout d’abord celui d’une aberration écologique consistant à laisser les professions agricoles déverser années après années des pollutions qu’il faut ensuite éliminer au moyen de coûteuses dépollutions, et d’autre part le scandale du « payeur non-pollueur » où le consommateur paye entre 80 et 90 % de la dépollution !

Alors que les lois « Grenelle » I et II ont posé l’ambitieux objectif d’une protection de 500 captages prioritaires par le biais de mesures écologiques, c’est maintenant à différents acteurs locaux qu’échoit la charge de traduire ces principes en mesures concrètes. Parmi ceux-ci, c’est plus particulièrement à deux acteurs essentiels qu’incombent cette charge : d’une part, les échelons départementaux des nombreuses administrations sous l’égide desquelles sont définies les mesures de protection, et d’autre part les agences de l’eau détentrices de moyens de financement conséquents.

Compte tenu de l’objectif calendaire d’un bon état écologique des eaux fixé en 2015, et des résultats très mitigés relevés en 2012, la réactualisation de l’analyse de l’eau potable par l’UFC-Que Choisir se justifie d’autant plus afin de savoir si la protection des captages risque d’aller « à vau l’eau » et le cas échéant d’adopter les mesures permettant la préservation d’un bien essentiel, la ressource aquatique.

Les résultats de l’enquête de l’UFC font ressortir six critères traduisant les principales contaminations de l’eau potable, l’agriculture, premier pollueur de l’eau

Alors qu’une cinquantaine de critères réglementaires définissent la qualité de l’eau potable (plus de 600 si l’on ajoute les critères non obligatoires), nous avons sélectionné pour les besoins de cette étude un nombre limité de critères pertinents au regard de la sécurité sanitaire et des préoccupations des consommateurs, mais aussi représentatifs des contaminations les plus couramment rencontrées. Sur cette base, nous avons retenu six critères qui recouvrent trois types de contaminations.

Des pollutions dues à un mauvais fonctionnement du traitement d’assainissement

- Qualité bactériologique – le critère premier d’une eau potable : Nous avons retenu ici d’une part, les bactéries coliformes qui, sans être nécessairement pathogènes, recouvrent un large spectre de bactéries rencontrées dès l’apparition d’une défaillance. Nous avons également relevé les critères sur les entérocoques et Escherichia coli, dont certains peuvent être pathogènes. Pour l’ensemble de ces bactéries, la référence de qualité est « absence de germes dans 100 ml ».

- Teneur en aluminium : Les sels d’aluminium sont utilisés pour rendre limpides des eaux troubles ou colorées. La limite de qualité pour la teneur résiduelle en aluminium après traitement de l’eau est de 200 μg/l.

Des pollutions naturelles de la ressource

- Radioactivité : Nous avons choisi le paramètre ‘dose totale indicative’ traduisant la radioactivité totale pour l’ensemble des éléments radioactifs susceptibles d’être trouvés dans les différentes eaux potables. La limite de qualité pour ce critère est 0,1 mSv/an.

Des pollutions d’origine agricole

- Pesticides : L’UFC a choisi de vérifier la conformité de l’eau sur deux types de critères : la quantité d’Atrazine et des principales molécules qui résultent de sa dégradation dans l’environnement (métabolites). Bien que cet herbicide soit désormais interdit, il persiste très longtemps dans l’environnement, ce qui explique qu’il soit la molécule la plus fréquemment rencontrée dans les analyses de pesticides. La limite de qualité est 0,1 μg/l. Nous avons également relevé la quantité totale des différents pesticides présents. La limite de qualité pour ce critère est : 0,5 μg/l.

- Nitrates : issus des apports d’engrais et de fumure animale sur les cultures, ils sont entrainés par les pluies et se retrouvent ensuite dans les rivières ou les nappes phréatiques. La limite de qualité est 50 mg/l.

- Sélénium : c’est un composant naturel de la croûte terrestre présent dans les couches profondes du sol. Il est toxique à faible dose et il est rencontré de plus en plus fréquemment dans les analyses d’eau. Sa limite de qualité est de 10 μg/l.

Résultats globaux :une amélioration... dans la gestion des pollutions

Les premiers résultats font observer une eau de bonne qualité délivrée à 280 000 consommateurs supplémentaires

Le relevé d’UFC de 2014 confirme la bonne appréciation globale de l’étude précédente : près de 98 % des Français ont accès tout au long de l’année à une eau de bonne qualité. Par rapport à 2012, on dénombre d’ailleurs 280.000 consommateurs supplémentaires recevant une eau conforme aux 6 critères suivis. Si l’on ne peut que se réjouir de cette baisse très significative des contaminations relevées (16 % sur l’ensemble des critères), on doit malgré tout constater que durant ces deux années écoulées, 1 480 000 consommateurs français n’ont toujours pas eu accès à une eau de qualité.

Par ailleurs, l’enquête relève qu’il n’y a pas d’évolution notable sur la répartition des pollutions. Le classement des pollutions en fonction de leur importance sur le total des non conformités ne change pas : les pollutions d’origine agricole sont de loin la première cause de non conformités subies par les consommateurs, suivies par les défauts de traitements de l’eau et la radioactivité.

- 63 % de pollutions d’origine agricole (pesticides, nitrates, sélénium)

- 33 % de pollutions dues à des défauts de traitement de l’eau (dosage en chlore insuffisant, dépassement des teneurs en aluminium)

- 4 % de pollutions due à la radioactivité naturelle

En termes d’évolution, on voit une progression significative des pollutions bactériennes qui augmentent de 12 points par rapport au précédent relevé, à l’inverse les contaminations pesticides et nitrates baissent de 6 points et les surdosages en aluminium de 1 point, alors que les contaminations en composés radioactifs et en sélénium sont stationnaires.

Ensuite l’étude montre une évolution positive réservée aux villes et zones périurbaines

Lorsque l’on analyse les résultats au regard de la taille des communes, le relevé de 2014 confirme à nouveau la très bonne qualité de l’eau distribuée dans les zones urbaines. Les pollutions sont toujours majoritairement retrouvées dans des petites communes situées en zone rurale (en moyenne 500 habitants, soit des communes de la taille d’un village). En outre, l’écart entre les villes et les zones rurales s’est encore creusé entre les deux relevés (voir tableau ci-après). Ainsi l’évolution des contaminations est proportionnelle à la taille des communes. Alors qu’en deux ans et demi, le niveau de contamination a baissé considérablement (de 35 %) pour les villes de plus de 5 000 habitants, il a augmenté de 8 % pour les petits villages de moins de 500 ! En effet, le coût de la dépollution est particulièrement important pour les petites collectivités qui sont de ce fait moins en mesure d’assurer les investissements pour la remise à niveau des installations ou même, s’agissant des plus petites d’entre elles, pour en assurer correctement le suivi. La capacité des collectivités à mobiliser des ressources financières pour le traitement de l’eau est donc capitale.

Population

Evolution 2012-2014

Supérieure à 5 000 habitants

Baisse -35 %

Entre 5 000 et 1 000 habitants

Baisse -13 %

Entre 500 et 1 000 habitants

Baisse - 8 %

Inférieure à 500 habitants

Hausse + 8 %

Pour l’UFC, ce constat global d’une bonne qualité de l’eau du robinet ne saurait masquer une triste réalité : une eau polluée à la source qu’il faut dépolluer faute d’une réelle politique de prévention. Pourtant tenues par la loi de financer la prévention des pollutions agricoles à leur source, les agences de l’eau ne consacraient à cette mission que 6,5 % de leur budget et ne lui accordent pour leur nouveau budget que 0,5 % de plus, continuant ainsi à privilégier une trop coûteuse et malsaine dépollution des eaux. Véritable aberration écologique, cette prime à la dépollution est en outre une aberration économique puisque ce sont les consommateurs - et non les agriculteurs pollueurs - qui paient l’essentiel des taxes de dépollution : 80% de celles-ci reposent sur eux! C’est toujours la scandaleuse règle du pollué payeur !

Plus de six ans après le lancement du « Grenelle de l’environnement » et alors que l’objectif calendaire européen d’un bon état écologique des eaux se rapproche - 2015 - l’UFC-Que Choisir dénonce de nouveau l’inadmissible passivité des Pouvoirs Publics et des agences de l’eau face aux atteintes sur la ressource aquatique. Dès lors, l’UFC-Que Choisir, qui invite les consommateurs à vérifier la qualité de leur eau potable grâce à la carte interactive mise à leur disposition, presse :

- le Gouvernement de faire respecter les objectifs des lois « Grenelle » s’agissant de la protection des captages prioritaires,

- les agences de l’eau de changer de braquet s’agissant de la pollution de l’eau, et de concentrer les moyens sur la prévention des pollutions, essentiellement agricoles, de l’eau.

Passivité des Pouvoirs Publics et des agences de l’eau face aux atteintes sur la ressource aquatique…
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