L’entretien annuel des chaudières… Part II CHAUDIÈRES FIOUL/GAZ
Trois parties pour l’entretien annuel des chaudières de puissance nominale comprise entre 4 et 400 kW. L’entretien annuel des chaudières permet d’optimiser les capacités des systèmes de chauffage tout en vérifiant la sécurité de son fonctionnement. Cela répond à la mobilisation en faveur de la réduction des consommations d’énergie et des émissions dans l’atmosphère, comme le veut le Grenelle de l’environnement. L’occasion est ainsi offerte aux professionnels de conseiller l’utilisateur dans l’usage de sa chaudière, et de valoriser les compétences thermiques et énergétiques de toute la filière de la boucle à eau chaude.
La nouvelle réglementation précise les opérations qui doivent être obligatoirement menées lors de tout entretien de chaudière. Une attestation d’entretien dont le contenu est précisé dans l’arrêté doit obligatoirement être remise au commanditaire. L’attestation doit :
> rendre compte des opérations et mesures effectuées ;
> éclairer le client sur la performance de sa chaudière en terme de rendement ;
> informer le client sur les émissions de polluants de son matériel (NOx pour les chaudières gaz et le fioul, COV et poussières pour les chaudières utilisant les combustibles solides) ;
> comparer ces valeurs à celles des meilleures technologies disponibles en 2009 et faire part en la matière des possibilités d’amélioration de son installation.
Voir page : ECS - CHAUFFAGE - REFROIDISSEMENT
L’arrêté du 15 septembre 2009 rend obligatoire la remise d’une attestation d’entretien. L’annexe 5 de l’arrêté précise les informations qui doivent y figurer et les modalités d’utilisation et de transmission de ce document.
Extrait de l’arrêté :
> L’attestation d’entretien [...] est un document remis au commanditaire de l’entretien au plus tard quinze jours après la visite d’entretien.
> L’attestation doit être rédigée par la personne ayant effectué la visite d’entretien.
> Pour les chaudières situées dans une chaufferie, sous condition d’accord du propriétaire, l’attestation d’entretien peut être jointe au cahier de chaufferie.
> L’original de ce document peut être remis au commanditaire sous forme dématérialisée.
> Le commanditaire doit conserver l’attestation et la tenir à la disposition des agents mentionnés à l’article L.226-2 du code de l’environnement et à l’article L.1312-1 du code de la santé publique pendant une durée minimale de deux ans.
> Une copie de ce document pourra être conservée par la personne ayant effectué l’entretien pendant une période de deux ans.
> La conservation de l’original par le commanditaire et de la copie par l’entreprise ayant effectué l’entretien peut être réalisée sous forme dématérialisée.
> Dans le cas de bâtiment, partie de bâtiment ou local comprenant plusieurs chaudières, une attestation d’entretien doit être fournie pour chacune des chaudières ayant fait l’objet d’un entretien.
L'entretien annuel des chaudières… Part I Conseils et recommandations -
L'entretien annuel des chaudières… Part III CHAUDIERES BOIS -
Entretien des chaudières au fioul et au gaz........
Le commanditaire de l’entretien :
“Lorsque le logement, le local, le bâtiment ou partie de bâtiment est équipé d’une chaudière individuelle, l’entretien est effectué à l’initiative de l’occupant, sauf, le cas échéant, stipulation contraire du bail. L’entretien des chaudières collectives est effectué à l’initiative du propriétaire ou du syndicat des copropriétaires de l’immeuble”.
La prestation doit être effectuée par une personne remplissant les conditions de qualification professionnelle prévues par la loi du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l’artisanat. Les personnes considérées auparavant compétentes pour effectuer l’entretien d’une chaudière le sont toujours aujourd’hui de par leur expérience. Les personnes voulant débuter dans la profession doivent être titulaires soit :
- d’un Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) ;
- d’un Brevet d’Etudes Professionnelles (BEP) ;
- d’un diplôme ou un titre de niveau égal ou supérieur homologué ou enregistré lors de sa délivrance au répertoire national des certifications professionnelles et délivré pour l’exercice du métier concerné ;
- à défaut de diplômes ou de titres homologués, ces personnes doivent justifier d’une expérience
professionnelle de trois années effectives sur le territoire de la Communauté européenne ou d’un Etat partie à l’accord sur l’Espace économique européen acquise en qualité de travailleur indépendant ou de salarié dans l’exercice du métier concerné.
Lors d’un entretien de chaudière de 4 à 400 kW ?
- Des opérations obligatoires : listées dans la norme NF X50-011 étendue à 400 kW pour le fioul, listées dans la norme NF X50-010 étendue à 400 kW pour le gaz et explicitement listées pour le bois dans l’annexe 1 de l’arrêté.
- Des opérations recommandées et non stipulées par l’arrêté mais jugées cependant primordiales au bon entretien d’une chaudière.
Codifications des technologies de chaudières :
La classification des appareils gaz (selon le rapport technique CEN TR 1749) décrite ci-dessous permet de faire la distinction entre les différents types d’évacuation de produits de combustion selon la dénomination Xxyz lue sur la plaque signalétique :
Type B : appareil raccordé sur un conduit de fumée (avec circuit de combustion non étanche)
Type C : appareil avec circuit de combustion étanche (communément appelé appareil à “ventouse”)
Si de type C : la numérotation indique le mode d’arrivée d’air et d’évacuation des produits de
Si de type B : 1 signifie “présence d’un coupe-tirage” et 2 signifie “absence de coupe-tirage” combustion (voir CEN TR 1749)
1 : appareil sans ventilateur
2 : appareil avec ventilateur placé en aval de la chambre de combustion/échangeur de chaleur
3 : appareil avec ventilateur placé en amont de la chambre de combustion/échangeur de chaleur
BS : appareils munis d’un dispositif de contrôle de débordement des produits de combustion
AS : appareils munis d’un dispositif de contrôle atmosphérique
P : raccordement sur conduits en pression
Les brûleurs gaz présents sur les chaudières murales sont du type atmosphérique avec assistance éventuelle par un ventilateur. Les chaudières au sol avec brûleur à air soufflé les plus courantes sont de type B23. Enfin, les chaudières au sol de type atmosphériques sont le plus souvent de type B21 ou B22.
Par extension du rapport technique CEN TR 1749, on parlera aussi de type B et C pour les appareils à combustible fioul et bois.
ENTRETIEN CHAUDIÈRES FIOUL/GAZ
Le corps de chauffe :
Opérations obligatoires à effectuer sur tous les types de chaudières :
> Nettoyer le corps de chauffe ; un nettoyage manuel est toujours nécessaire même après un pré-nettoyage chimique (voir ci-dessous).
> Vérifier et remplacer, si besoin, les joints des raccords mécaniques.
Remarque : sur chaudière murale à chambre sèche, on nettoiera l’échangeur à ailettes placé au dessus de la chambre de combustion. Sur chaudière sol on retirera les éventuels turbulateurs et on nettoiera le collecteur des fumées.
Opérations recommandées à effectuer sur les chaudières à condensation :
> Nettoyer le siphon d’évacuation des condensats et l’échangeur avec de l’eau en veillant à remplir le siphon en fin d’intervention. On utilisera des brosses synthétiques pour éviter des éraflures provoquées par des brosses métalliques (source de corrosion).
> Vérifier l’efficacité de l’équipement de neutralisation par mesure du pH et le bon fonctionnement de la pompe de relevage (si présents).
Les éléments intégrés :
Opérations obligatoires à effectuer sur tous les types de chaudières si le composant y est intégré :
> Vérifier et régler les organes de régulation. En particulier la régulation des allures par l’aquastat et la température d’eau de sortie chaudière par une courbe de chauffe.
> Vérifier le bon fonctionnement du circulateur d’eau (marche/arrêt).
> Vérifier et nettoyer l’extracteur de fumées.
> Vérifier la pression du vase d’expansion si nécessaire et le “regonfler” si nécessaire.
> Pour les chaudières avec ballon à accumulation, vérifier les anodes ainsi que les accessoires fournis par le constructeur en suivant les prescriptions de celui-ci (pour les anodes au magnésium : on peut soit vidanger le ballon et vérifier le diamètre de l’anode, soit mesurer un courant en sortie de l’anode si elle est montée avec isolation uniquement - voir documentation et garantie du constructeur).
Remarque : lors de l’entretien, il est également recommandé de vérifier les éléments non intégrés à la chaudière (circulateur, vase d’expansion...).
Le ramonage des conduits d’évacuation des produits de combustion :
Opérations obligatoires à effectuer sur tous les types de chaudières :
> Vérifier que le ramonage des conduits de fumée a été effectué récemment (demander à consulter le certificat de ramonage).
Rappel des fréquences réglementaires de ramonage des conduits sur chaudière de type B (d’après le règlement sanitaire départemental type) : - 2 fois par an pour le fioul ; - 1 fois par an pour le gaz si le conduit utilisé n’a jamais servi à l’évacuation de produits de combustion solide ou liquide auparavant.
Remarque : chaque département possède son règlement sanitaire qui peut être plus restrictif vis-à-vis du ramonage. Le ramonage doit être effectué par une entreprise en possession d'un titre reconnu de qualification professionnelle.
> Vérifier l’état, la nature et la géométrie du conduit de raccordement (voir aussi les dispositions de la norme XP P 45 500 pour les chaudières au gaz et de la norme NF DTU 24.1). On vérifiera la présence d’un moyen de réglage du tirage (modérateur de tirage) et son réglage éventuel. On vérifiera qu’il n’y ait pas d’étranglement apparent, de détériorations apparentes, de mauvais tracé (plus de deux coudes à 90°), de matériaux inadaptés (aluminium à la place d’inox ou présence d’adhésif) et qu’il y ait un bouchon sur le perçage prévu pour l’analyse de combustion sur chaudière avec brûleur à air soufflé nécessitant des mesures dans le conduits d’évacuation des produits de combustion (voir p.15).
> Conduit de raccordement vers le collecteur à nettoyer annuellement. Il est recommandé de le faire nettoyer pendant l’entretien. Dans le cas des VMC-Gaz, cette opération est obligatoirement à faire pendant l’entretien de la chaudière.
Remarque : le nettoyage du conduit d’évacuation des produits de combustion n’est pas une opération comprise dans l’entretien de la chaudière. Toutefois dans le cas des VMC-Gaz, l’opérateur est tenu de nettoyer le conduit de raccordement lors de l’entretien de la chaudière et de vérifier la sécurité individuelle de la chaudière (voir NF X 50-010 et arrêté du 25 avril 1985).
> Pour les conduits des chaudières gaz à “ventouse” et donc de type C, un simple contrôle de vacuité permet de s’assurer de la bonne évacuation des produits de combustion.
Les éléments de sécurité :
IMPORTANT : dès lors que des tests de fonctionnement sont effectués sur des éléments de sécurité par démontage de composants, il est primordial de remettre les différents composants dans leur configuration d’origine et en état de marche.
Remarque : il est demandé dans l’arrêté d’effectuer des vérifications fonctionnelles des différents composants de sécurité. Ces tests sont à réaliser selon les préconisations du constructeur et quand cela est possible.
Sécurités communes aux chaudières :
> Aquastat limiteur.
> Contrôleur de débit ou “flowswitch” (opération de vérification possible : éteindre le circulateur ou débrancher le “flowswitch” et vérifier que le brûleur ne s’allume pas). Pour le fonctionnement en mode de production d’eau chaude sanitaire, la vérification pourra s’effectuer par la fermeture du robinet de puisage d’eau chaude.
> Contrôleur de pression
> Soupape de sécurité (opération de vérification possible : effectuer une chasse très rapide pour limiter l’introduction d’air puis remettre la pression d’eau du réseau à un niveau nominal).
Sécurités spécifiques à la détection de flamme sur brûleur gaz :
> Sonde d’ionisation brûleur atmosphérique ou à air soufflé (opération de vérification possible : mesurer le courant (en μA) lorsque la combustion est enclenchée).
> Thermocouple sur brûleur atmosphérique (opération de vérification possible : souffler la veilleuse et vérifier l’extinction du brûleur).
Sécurités spécifiques aux brûleurs gaz sur chaudière au sol :
> Pression d’alimentation spécifiée par le constructeur du bloc-gaz.
> Pressostat de gaz mini (le régler à environ 80% de la pression d’arrivée de gaz après mesure avec un manomètre).
> Pressostat de gaz maxi (le régler à environ 120% de la pression de sortie du bloc gaz en grande allure après mesure avec un manomètre).
> Contrôleur d’étanchéité automatique (éventuellement présent sur les chaudières sol de moyenne puissance).
Gaz naturel standard : Pression de fonctionnement normale à vérifier : 300mbar Pressostat mini à régler à environ : 240mbar
Gaz propane : Pression de fonctionnement normale à vérifier : 148mbar Pressostat mini à régler à environ : 120mbar
Remarque : le test de la soupape de sécurité peut induire des blocages de la tête par des éléments solides présents dans le réseau (en particulier lorsqu’elle est placée sur un point bas ou un bras mort). A minima, on vérifiera que la soupape possède un marquage NF, gage de sécurité du constructeur, garantissant son fonctionnement en cas de surpression.
Sécurités des brûleurs à air soufflé :
> Câblage (opération de vérification possible : vérifier la phase, le neutre, et la terre sur le connecteur 7 broches).
> Pressostat d'air mini (réglage à environ 50% du minimum des deux pressions d’air mesurées en grande et en petite allure).
> Boîtier de contrôle (test éventuel avec une valise de contrôle).
Sécurités spécifiques aux brûleurs à air soufflé au fioul :
> Accouplement mécanique entre la pompe et le moteur (vérification visuelle).
> Cellule photo réactive de détection de flamme (opération de vérification possible : mesurer la résistance de la cellule photorésistante avec et sans lumière voir ci-dessous ; sur une cellule infrarouge il faut faire une mesure d’intensité).
Sécurités spécifiques aux conduits des chaudières avec dispositif de coupe-tirage anti-refouleur et définies comme étant du type B11BS :
> Vérifier le dispositif anti-refoulement des fumées (exemple : détecteur thermique SPOTT sur
B11BS ; vérification possible : boucher le conduit à la buse pour faire refouler les fumées vers le thermostat et vérifier la mise à l’arrêt ou en sécurité de la chaudière).
Sécurités spécifiques aux conduits des chaudières à “ventouse” :
> Vérifier le bon fonctionnement du pressostat différentiel (opération de vérification possible : débrancher un des tuyaux de prise de mesure de pression sur le conduit et vérifier la mise à l’arrêt ou en sécurité de la chaudière).
IMPORTANT : sur les conduits collectifs sous pression (de type 3CE P avec appareil nommé Xxx “P”), il faut veiller à obstruer le conduit d’évacuation des fumées correspondant à l’appareil en entretien avec un bouchon approprié et ce dès qu’il y a des opérations de nettoyage à effectuer dans la chambre de combustion ou au niveau du conduit de raccordement pour éviter tout refoulement en provenance du conduit collectif.
Sécurités spécifiques aux chaudières reliées à une VMC-Gaz :
> Pour le dispositif individuel de sécurité de la chaudière (exemple : détecteur thermique, vérifier son bon fonctionnement par simulation d’un défaut d’extraction.
> Pour le dispositif de sécurité collective (DSC), vérifier que le brûleur de la chaudière se ‘coupe’ lorsque l’on simule l’arrêt du ventilateur de la VMC-Gaz au niveau du relais de sécurité de commande situé dans le logement et ‘piloté’ par le DSC.
Remarque : l’entretien de la VMC est pris à l’initiative du syndic ou du propriétaire de l’immeuble. Il est effectué tous les ans selon les opérations décrites dans l’arrêté du 25 avril 1985 avec des contrôles supplémentaires à réaliser tous les 5 ans.
Le brûleur fioul à pulvérisation à air soufflé :
Opérations à effectuer sur toutes les chaudières fioul avec brûleur à pulvérisation
> Démonter et nettoyer complètement le brûleur.
> Nettoyer le pré-filtre fioul lorsque l’installation en est munie et nettoyer le filtre de la pompe fioul.
> Remplacer le gicleur selon la fréquence d’utilisation de la chaudière.
> Vérifier le réchauffeur de la ligne fioul.
> Prérégler la tête de combustion selon les préconisations du constructeur.
> Vérifier le placement des électrodes et leur état et les nettoyer si nécessaire.
> Graisser le moteur si possible.
> Vérifier le jeu des roulements du moteur et vérifier l’état de l’accouplement.
> Prérégler les cames du servomoteur sur un brûleur à plusieurs allures.
Remarque : le réglage de l’excès d’air s’effectue avec les tests de combustion
Comment choisir un gicleur ?
Selon les allures du brûleur, il faudra choisir un ou plusieurs gicleurs ainsi qu’une ou plusieurs pressions de fonctionnement (voir documentation constructeur). Un gicleur ne se nettoie pas, il se remplace. Pour connaître les caractéristiques du gicleur, il faut connaître la puissance calorifique voulue Q de l’allure et en déduire le calibre normalisé Dmarquage du gicleur (voir schéma ci-dessous). L’angle et le type de cône sont à définir selon la puissance du brûleur et les spécifications du constructeur de la chaudière et du brûleur.
La puissance nominale de fonctionnement du brûleur en grande allure (notée Qn) peut être lue sur la plaque signalétique de la chaudière.
Dmarquage s’obtient par le calcul ou avec des abaques fournis par les constructeurs (règles graduées de calcul et p.13). La pression de la pompe est à fixer selon les recommandations du constructeur. Le plus souvent cette valeur est d’environ 12 bar pour des petites puissances.
Si le brûleur possède deux allures, on calculera le calibre du gicleur avec une puissance calorifique de 60% de Qn par défaut si le constructeur ne le spécifie pas pour la petite allure.
Le brûleur gaz :
Opérations communes aux brûleurs atmosphériques et à air soufflé
> Démonter et nettoyer complètement le brûleur. Un nettoyage avec une soufflette et sans démontage est suffisant pour des brûleurs atmosphériques.
> Vérifier le bon placement des électrodes (voir la documentation constructeur) et les nettoyer.
> Vérifier le débit de gaz Dcompteur et le régler éventuellement, si cette procédure est prévue par le fabricant.
Opérations supplémentaires spécifiques
• au brûleur atmosphérique :
> Nettoyer la veilleuse (si présente).
> Nettoyer et tester le thermocouple (si présent).
• au brûleur à air soufflé :
> Prérégler la tête de combustion (si présente) selon les préconisations du constructeur.
> Prérégler les cames du servomoteur sur un brûleur plusieurs allures ou directement l’ouverture du registre d’air.
Remarque : le réglage de l’excès d’air s’effectue avec les tests de combustion (p.15 à p.18)
Comment choisir le débit de gaz ?
Selon les allures du brûleur, il faudra choisir un ou plusieurs débits de gaz. Le débit de gaz Dcompteur se détermine à partir de la puissance calorifique recherchée Q de l’allure. La puissance nominale de fonctionnement du brûleur (notée Qn) se lit sur la plaque signalétique de la chaudière. C’est la puissance de fonctionnement en grande allure du brûleur.
Le débit ou les débits recherchés au compteur Dcompteur se déduisent alors à partir des abaques constructeurs ou se calculent selon les puissances voulues et les conditions d’exploitation du brûleur.
Comment mesurer le débit de gaz ?
> Par mesure au compteur : Pour mesurer la valeur de Dcompteur en (m3/h), mesurer la quantité de gaz consommée en m3 pendant 36 secondes et multiplier le résultat par 100 (méthode “top gaz”).
> Par mesure de la “DP” : Mesurer la perte de charge ou différence de pression (DP) du bloc gaz et déduire le débit à l’aide des abaques du constructeur du bloc-gaz.
> Par mesure de la pression en amont des injecteurs sur chaudière atmosphérique (mesure à la nourrice) : Mesurer la pression après le bloc gaz, en amont des injecteurs. Les abaques du constructeur de l’injecteur fournissent alors la puissance ou le débit obtenu pour une pression donnée.
Remarque : si il n’y a aucun moyen de mesure, il faudra régler la puissance pour chaque allure à partir de la température minimale des fumées.
Le brûleur à air soufflé :
Réglages spécifiques des allures pour chaudières au sol
Réglages des servomoteurs à plusieurs allures :
Le ou les servomoteurs agissent sur la position angulaire du registre d’air et parfois sur la position du papillon des gaz. Ces positions sont fixées pour chaque allure de fonctionnement. Les cames actionnent les électrovannes fioul ou gaz entraînant une modification du débit de combustible. On retrouve généralement les 4 cames illustrées ci-dessous sur un brûleur 2 allures qui sont à régler lors de l’entretien du brûleur.
Le réglage des servomoteurs les plus récents s’effectue électroniquement sans l’usage de cames mécaniques. Il suffit alors de rentrer à partir d’un panneau de contrôle les positions angulaires du volet d’air et du volet gaz pour chaque allure de fonctionnement du brûleur.
Remarque : le réglage final des cames s’effectue avec les tests de combustion
Réglage de la progressivité :
Il y a progressivité entre les allures lorsque le mélange air/combustible reste stable lors du passage entre les allures. Cette fonction diminue fortement la production de polluants lors du passage entre les allures ainsi qu’au démarrage. Le réglage de la progressivité s’effectue sur la bloc-gaz.
Réglage sur brûleurs modulants avec régulation du mélange :
Ces brûleurs permettent de moduler la puissance de combustion de façon continue (plage de 30 à 100% de Pn pour le gaz). Le ou les servomoteurs sont pilotés par un régulateur (souvent PID) qui ajuste l’ouverture du volet d’air ou la vitesse du ventilateur et le débit de combustible en fonction de la charge demandée.
La régulation du mélange air/combustible peut être effectuée électroniquement (par exemple avec une sonde lambda mesurant la teneur en O2 des produits de combustion) ou pneumatiquement (système air-gaz proportionnel). Ce type de régulation pneumatique est majoritairement présent pour les technologies gaz. Son principe est de mesurer une pression et de faire varier proportionnellement la pression du gaz par rapport à cette mesure (mesure de la pression du foyer de combustion ou mesure de la pression d’admission de l’air sur les brûleurs à pré mélange total). Deux réglages sont à effectuer : celui du rapport air/gaz et celui de décalage parallèle ou “offset”. A cela se rajoute le réglage des quantités minimales et maximales d’air qui dépendent des puissances calorifiques limites souhaitées (voir Qmin et Qmax, documentation constructeur). Il peut s’agir d’un réglage des cames d’air ou des vitesses minimales et maximales du ventilateur d’amenée d’air.
Le brûleur gaz
Exemples de réglage de débit sur des chaudières sol au gaz :
Ces exemples s’appliquent aux chaudières au sol gaz à air soufflé et atmosphérique de moyenne puissance.
Remarque :
> Pour les chaudières murales et au sol atmosphériques “classiques” : le réglage du débit gaz s’effectue également à partir du bloc gaz selon les préconisations du constructeur. Si la mesure de débit n’est pas possible, le réglage de puissance se fait alors à partir des mesures des températures de fumées.
> Pour les chaudières murales équipées d’un brûleur pré-mélange total assistée par ventilateur : on retrouve une régulation du débit proche de la régulation air-gaz proportionnel présentée ci-dessous mais pré-réglée d’usine. On peut régler le débit de gaz uniquement si possible.
Réglage du débit sur un bloc air-gaz proportionnel :
Prérégler la vis de proportion de mélange (avec la vis de décalage N fixe). Il faut se référer à la documentation constructeur pour le préréglage de cette vis selon la pression du gaz et le type de gaz. On règle “grossièrement” le débit de gaz en agissant sur la came air grande allure qui entraîne une modification proportionnelle du débit de gaz avec l’augmentation d’ouverture du volet d’air. Le réglage “fin” du débit se fait après analyse de combustion.
Réglage du débit sur un bloc deux allures :
On ouvre V2 en grand puis on règle la vis de réglage fine Vf du régulateur qui comporte 78 tours pour faire le réglage de puissance en grande allure. Le réglage de la petite allure se fait ultérieurement avec la vis V1.
Le réglage de la combustion
Vérifications :
Cette partie ne s’applique qu’aux chaudières à air soufflé
Pour les chaudières au fioul : opérations préliminaires recommandées
Recommandations avant l’allumage
> Contrôler les auxiliaires (pompe de gavage de la cuve fioul en fonctionnement, présence de fioul dans la cuve, robinets d’arrivée et de retour fioul ouverts, pompe de charge ou de recyclage en fonctionnement, pression du circuit d’eau adéquate...).
> Fermer les portes du local chaudière pour éviter de fausser les réglages d’excès d’air.
> Installer le manomètre (et si besoin le vacuomètre).
> Vérifier que les cames sont correctement préréglées (came de fermeture du volet en 0% et came d’ouverture électrovanne 2e allure comprise entre la came air 1e allure et la came air 2e allure).
> Vérifier que l’orifice permettant l’introduction de la canne de l’analyseur est percé dans le conduit de raccordement à une distance de la buse égale à au moins deux fois le diamètre du conduit, ou à au moins une fois son diamètre après un coude.
> Choisir l’allure du brûleur (commencer par la grande allure).
Recommandations après l’allumage
> Régler la pression d’injection dans le gicleur en grande allure et la noter sur l’attestation.
> Laisser la chaudière monter à la température d’eau d’utilisation.
Pour les chaudières au gaz : opérations préliminaires recommandées
Recommandations avant l’allumage
> Contrôler les auxiliaires (vannes gaz ouvertes, pompe de charge ou de recyclage en fonctionnement, pression du circuit d’eau adéquate).
> Fermer les portes du local chaudière pour éviter de fausser les réglages d’excès d’air.
> Vérifier que les cames sont correctement préréglées.
> Vérifier que l’orifice permettant l’introduction de la canne de l’analyseur est percé dans le conduit de raccordement à une distance de la buse de la chaudière égale à 2 fois le diamètre de ce conduit, ou à 1 fois son diamètre après un coude.
> Vérifier la pression de gaz de distribution (300 ou 20 mbar pour le gaz naturel et 37 ou
148 mbar pour le propane - voir documentation technique du bloc).
> Choisir l’allure du brûleur (commencer par la grande allure).
Recommandations après l’allumage
> Régler le débit de la grande allure à partir du compteur de gaz.
> Laisser la chaudière monter à la température d’eau d’utilisation.
Mesures :
Cette partie ne s’applique qu’aux chaudières à air souffle
Mesure d’opacimétrie ou “Smoke-test”
Mesures obligatoires pour les brûleurs au fioul et recommandées pour les brûleurs au propane : Mesure de l’indice de noircissement.
Remarque : pour éviter un encrassement des filtres de l’analyseur de combustion, on veillera à ce que l’indice de noircissement soit inférieur à 2 sur l’échelle de Bacharach (échelle de 1 à 10).
Appareils de mesure : Opacimètre électronique ou opacimètre à pompe (10 pompages requis pour la mesure).
Analyse de combustion
IMPORTANT : pour le fioul, il faut effectuer un smoke-test avant toute analyse de combustion.
Remarque : l’opérateur peut s’abstenir de remplir la partie mesure de la fiche d’attestation s’il agrafe le ticket de mesure de combustion sur l’attestation. Attention, certains imprimés ont tendance à s’effacer avec le temps.
Mesures obligatoires :
> Mesure de la teneur O2 (ou CO2)
> Mesure de la température des fumées
Mesures recommandées :
> Mesure de la teneur CO
> Mesure de la température ambiante et calcul du rendement
de combustion > Mesure du tirage (sauf sur conduit pression)
Mesure facultative :
> Mesure des oxydes d’azote (NOx)
Appareil de mesure :
> Analyseur de combustion électronique
Remarque : pour assurer des résultats fiables, vérifier que l’appareil est conforme à la norme NF EN 50379 et qu’il dispose d’un certificat d’étalonnage à jour.
Remarque : pour les chaudières à condensation, on pourra utiliser un appareil qui possède une mesure du rendement sur PCI en tenant compte de la température de condensation des fumées.
Valeurs recommandées :
Analyse des résultats et réglage de la bonne combustion pour une chaudière à air soufflé
Opérations recommandées pour obtenir un bon réglage de brûleur à air soufflé gaz ou fioul :
> Opacimétrie : obtenir un indice de noircissement inférieur à 2 pour le fioul.
> Excès d’air : pour des chaudières de petites puissances, régler le volet d’admission d’air pour être en excès d’air de 20 à 40% soit λ entre 1,2 et 1,4. On pourra faire la conversion à partir du tableau ci-dessous. Pour des puissances supérieures à 70kW, cet excès d’air peut être abaissé en particulier pour le gaz (voir documentation constructeur).
> Teneur en CO des fumées : vérifier que la teneur en CO est inférieure à environ 100ppm (référentiel normatif en vigueur) et régler l’avance de la tête en conséquence.
> Température des fumées : vérifier que la température des fumées est comprise entre les températures minimales de condensation et maximum de tenue des parois du conduit de cheminée (T > 160°C pour les chaudières sans condensation).
> Tirage : vérifier que le tirage est compris entre -3 Pa et -20 Pa (si le conduit n’est pas de type “P” pression).
Tableau de conversion O2, CO2 et excès d’air dans les fumées pour le fioul, le propane et le gaz naturel H
|
Fioul domestique |
Gaz naturel H |
Propane |
|||
% O2 |
% CO2 |
Excès d’air en % |
% CO2 |
Excès d’air en % |
% CO2 |
Excès d’air en % |
3,5 |
12,8 |
18,5 |
9,9 |
18,1 |
11,4 |
18,8 |
4 |
12,5 |
21,8 |
9,6 |
21,3 |
11,1 |
22,2 |
4,5 |
12,1 |
25,2 |
9,3 |
24,7 |
10,8 |
25,7 |
5 |
11,7 |
28,9 |
9,1 |
28,3 |
10,4 |
29,4 |
5,5 |
11,3 |
32,8 |
8,8 |
32,1 |
10,1 |
33,4 |
6,5 |
10,6 |
41,5 |
8,2 |
40,6 |
9,4 |
42,2 |
7 |
10,2 |
46,3 |
7,9 |
45,3 |
9,1 |
47,1 |
Remarque : un diagramme d’Ostwald ou une règle de conversion peuvent aussi être utilisés pour faire ces conversions.
Réglage de la bonne combustion pour une chaudière à brûleur atmosphérique
Opérations recommandées pour obtenir un bon réglage de brûleur atmosphérique :
> Régler la puissance à partir du débit de combustible au compteur ou régler la puissance à partir des températures minimales de fumées pour éviter la condensation sur les technologies plus anciennes (si absence de compteur individuel).
> Vérifier que le tirage est compris entre -3 Pa et -20 Pa (si le conduit n’est pas de type “P” pression ; 100 Pa = 1 mbar).
Remarque : sur certaines chaudières murales, ces réglages ne sont pas toujours possibles car le brûleur est préréglé.
Réglages finaux :
Le réglage de la tête permet de régler le ratio air primaire sur air secondaire sur les technologies gaz et fioul à air soufflé (voir image ci-contre). La documentation du constructeur donne habituellement une valeur optimale du placement de la tête. Sinon, il faut faire varier l’avance jusqu’à avoir une teneur en CO minimale après analyse des fumées.
Réglage des cames et du servomoteur sur les chaudières sol équipées de brûleurs gaz ou fioul à air soufflé
Cas “standard” 2 allures (ou plus) pour fioul ou gaz :
> Régler la puissance du brûleur en 2e allure selon le débit calculé pour le fioul ou le gaz.
> Régler la bonne combustion en 2e allure. Fioul et Gaz : agir sur la came air de deuxième allure pour obtenir une bonne combustion.
> Régler la puissance du brûleur en 1e allure selon le débit calculé pour le fioul ou le gaz.
> Régler la bonne combustion en 1e allure. Fioul et Gaz : agir sur la came de première allure pour obtenir une bonne combustion.
Cas d’une régulation pneumatique du mélange gaz (AGP), réglage itératif :
> Le bloc gaz comporte 2 vis de réglage : N (décalage parallèle ou “offset”) et V (réglage de la proportion du mélange).
> Le réglage initial se fait en grande allure en jouant sur la vis V pour obtenir une bonne combustion après analyse des produits de combustion. La puissance est réglée finement à la suite de cette mesure par action sur la came d’air grande allure. Le mélange étant régulé, lorsque l’on augmente la quantité d’air admis, on augmente proportionnellement la quantité de gaz.
> Le réglage de la petite allure n’est donc en théorie pas à faire. Si toutefois, en petite allure, lors du test de combustion le résultat n’est pas bon, jouer sur la vis N. Refaire ensuite des mesures et un réglage avec la vis V pour la grande allure.
Réglage final de la régulation de la chaudière :
Une fois le réglage de combustion terminé, vérifier que la régulation assure le passage entre les allures, que l’aquastat coupe le brûleur à la consigne de température nominale et que la cellule de détection de flamme est opérationnelle.
Mesure du CO ambiant :
Obligatoire pour les chaudières non étanches de type B (gaz, fioul et bois)
Mise en œuvre de la mesure (Extrait de l’annexe 1 de l’arrêté publié le 31 octobre 2009)
> Vérifier l’étalonnage de l’appareil dans une pièce annexe.
> Ventiler, si possible, le local puis fermer toutes les portes et fenêtres et éteindre les autres appareils de combustion de la pièce.
> S’assurer qu’aucun fumeur ne se trouve dans la pièce au moment de la mesure
> Mettre la chaudière à puissance nominale de fonctionnement après avoir effectué les réglages de combustion.
> Attendre 3 minutes de fonctionnement.
> Effectuer la mesure en déplaçant la sonde sur la largeur de la face avant de la chaudière à
50 cm de celle-ci pendant au moins 30s et noter la valeur dans l’attestation d’entretien en vérifiant la nature de la situation (voir tableau ci-dessous).
Teneur en CO |
Situation |
Que faire ? |
% CO ≤ 20ppm |
Normale |
- |
20ppm < % CO < 50ppm |
Anormale |
Engager des investigations complémentaires au cours de la visite ou ultérieurement (conduits de cheminée, ventilation du local, réglage du brûleur). |
% CO ≥ 50ppm |
Dangereuse |
Engager des investigations complémentaires au cours de la visite et faire injonction à l’usager de maintenir la chaudière à l’arrêt tant qu’elle ne fonctionne pas avec une teneur CO acceptable, soit inférieure à 20 ppm. |
Concernant la ventilation des lieux et les risques d’intoxication au CO pour les chaudières à circuit de combustion non étanche (de type B)
Pour assurer une combustion propre et en léger excès d’air, il est nécessaire que les orifices de ventilation de la pièce dans laquelle se trouve la chaudière soient bien dimensionnés et non obstrués. Un local sous alimenté en air présente des risques mortels d’intoxication au CO. Dans le cas d’une chaudière murale gaz de type B11(BS) la ventilation haute est assurée par le coupe- tirage de la chaudière si la hauteur du coupe tirage par rapport au sol est supérieure à 1,80 m.
Dans le cas d’une chaufferie, il est important que la température ambiante ne dépasse pas 30°C lorsque la température extérieure est inférieure à 15°C, pour éviter une sous-oxygénation du brûleur. Cette température est signe également d’un mauvais calorifugeage de l’installation et/ou d’une mauvaise ventilation de la chaufferie.