330 000 logements neufs en 2013, un seul principe celui de la rareté …
A l’occasion d’un entretien télévisuel le mercredi 8 janvier, Cécile Duflot, Ministre du logement et de l'égalité des territoires, a commenté les chiffres relatifs à la construction de logements neufs qui ne devraient pas selon toute vraisemblance dépasser les 330 000 unités, très loin donc de l’objectif gouvernemental de 500.000 unités par an. Un résultat peu probant puisqu’il correspond à un niveau au plus bas depuis dix ans dont la moyenne oscille à 346 000 logements.
Pour expliquer ce bilan désastreux de 2013, la ministre a prétexté la période de crise que traverse la France depuis 5 ans maintenant, …, sachant que la crise du logement, elle date depuis plus de 20 ans dont les facteurs sont tous connus et malheureusement chroniques. Réduction de la demande et hausse de l’offre de loyers ou rendement locatif… Une réalité économique dans laquelle le jeu de l’offre et la demande a subtilement recadré les structures urbaines en déplaçant certaines catégories sociales hors des centres-urbains. « Plutôt la campagne que la ville » avec les conséquences que cela entraine, étalement urbain, fracture sociale, consommations énergétiques…. En clair, le principe de rareté concoure depuis plus de vingt ans à la bulle immobilière qui a explosé au profit du capital patrimonial et de son revenu.
L’objectif espéré des 500 000 logements sera, dans la pratique, inaccessible car les chiffres montrent que le repli de la construction de logements neufs s'accentue de mois en mois, avec notamment une chute des permis de construire, sur douze mois (octobre 2012 à septembre 2013), la construction de 447 000 logements a été autorisée, soit une baisse de 16,0 % par rapport aux douze mois précédents. Sur cette même période, la construction neuve, qui représente près de 87 % de l’offre de logements, diminue de 16,2 % par rapport aux douze mois précédents.
La baisse est observée dans tous les secteurs du logement : - 27,0 % pour les logements en résidence, - 21,1 % pour les logements collectifs, - 8,4 % pour les logements individuels. La diminution est un peu plus prononcée pour les logements individuels groupés (- 11,1 %) que pour les logements individuels purs (- 7,1 %).
Cécile Duflot a tenté d’expliquer que "ces dernières années, on a artificiellement, avec de l'argent public - des milliards d'euros -, fait augmenter les prix de l'immobilier", dénonçant "des loyers très chers, sans commune mesure avec l'augmentation des revenus des Français".
"On stérilise une partie de l'épargne, c'est-à-dire qu'on consacre trop d'argent à l'immobilier", s'est-elle défendu, en rejetant les critiques qui accusent sa politique de peser sur la construction.
Pourtant l’explication fournie par la ministre ne suffit pas à résumer la situation. Ainsi, Cécile Duflot a fixé comme cap une ‘’relance qualitative’’ en favorisant la construction dans les zones tendues tout en limitant les prix de l’immobilier, tout en évitant un effet d’aubaine, le tout dans une rigueur budgétaire. Difficile donc dans ce cadre de remplir les objectifs de 500 000 logements. En effet, le prêt à taux zéro qui a permis à près de 80 000 bénéficiaires d’acquérir un bien en 2012, n’a touché que 40 000 primo-accédants. Le PTZ ayant été corrigé, il est réservé aux biens neufs, et vise les primo-accédants les plus modestes dans les zones urbaines pauvres en logements. Mais aussi le Duflot qui se concentre dans les zones qui manquent de logements en plafonnant le m2 avec un revenu locatif maîtrisé, n’aura touché que 30 000 bénéficiaires contre 70 000 pour le scellier.
Certes, rigueur budgétaire oblige, la mesure sera beaucoup moins prégnante que le scellier mais la production de logements neufs chute. Ainsi, les accédants modestes à la propriété sont pénalisés à double titre par la cherté des terrains et l'envolée des coûts de construction. Même si il est incontestable que la montée des prix de l’immobilier s’est alimentée par de complaisants crédits immobiliers, favorisée par une baisse des taux et, d’un allongement de la durée des prêts, la dette immobilière pèse considérablement et a fortement progressée en dix ans, de 33 % à 66 % du revenu disponible des ménages. La mesure phare de Mme Duflot, l'encadrement des loyers, vivement discuté par les professionnels de l'immobilier redoutant la fuite des investisseurs, concourra-t-elle a grevé les finances publiques afin de les attirer de nouveau ?
Pour lever les freins à la construction, la ministre a lancé une série de mesures comme limiter les recours abusifs contre les permis de construire, alléger certaines contraintes comme la création des places de stationnement, faciliter la transformation de bureaux en logements - une piste pour Paris et l'Ile-de-France, où 800 000 mètres carrés de bureaux sont vacants -, autoriser les maires à densifier leur territoire…
Le vaste programme du Choc de simplification visant à alléger des normes pesant sur les bâtiments neufs et qui renchérissent leur construction devrait apporter un levier favorable.
Par ailleurs, une concertation a été engagée avec les acteurs du secteur en novembre dernier pour tenir les objectifs gouvernementaux en matière de construction de nouveaux logements. Cette concertation doit aboutir d'ici février à des propositions concrètes a promis la ministre. « C'est un chantier majeur qui [porte notamment] sur les coûts de construction et les normes », a rappelé Cécile Duflot.
La ministre du Logement a enfin rappelé que le président de la République avait érigé "au rang de troisième priorité de l'année 2014 la transition énergétique". Un chantier qui représente des « dizaines de milliers d'emplois dans la rénovation énergétique ». « Tous les habitants de notre pays doivent pouvoir vivre dans des logements isolés pour faire baisser le prix des charges ». La loi sur la transition énergétique va être « un grand rendez-vous », a assuré la ministre.