Le photovoltaïque dans le monde, 1ère énergie en termes de capacités installées, un seul pays fait de la résistance : la France
Dans la 5ème édition du baromètre des EnR en France publié par Observ’ER, la filière photovoltaïque bénéficie à travers le marché mondial d’une croissance telle qu’est devenue la première énergie en termes de capacités installées. En 2013 et début 2014, les marchés asiatique, américain et européen sont à nouveau en forte croissance et repartent sur des bases plus saines que celles marquées par des surcapacités de production. Les arguments économiques et énergétiques du photovoltaïque seraient-ils parvenus à convaincre le marché mondial ? Pas tout à fait... Un pays résiste encore et toujours à ce mouvement : la France.
Point de mire sur la filière photovoltaïque française :
Au 30 septembre 2014, le parc français photovoltaïque a atteint une puissance totale de 5 410 MWc répartis sur 340 513 installations (métropole et DOM). La région Provence-Alpes-Côte d’Azur dispose du parc photovoltaïque le plus important avec 758 MWc, suivie par l’Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, qui dépassent les 500 MWc raccordés chacune. L’ensemble de ces régions représente pratiquement 50 % de la puissance totale connectée en métropole. Au cours des trois premiers trimestres de 2014, 703 MWc ont été raccordés en métropole et dans les DOM. Ce résultat marque une inflexion de l’activité puisqu’il est en hausse de plus de 50 % par rapport aux neuf premiers mois de 2013. Ce chiffre constitue certes une éclaircie après des années de fortes baisses, mais il ne doit cependant pas cacher la situation préoccupante du secteur. Toute comparaison avec 2013 sera naturellement flatteuse au vu des résultats particulièrement mauvais enregistrés alors. 2013 avait vu le raccordement de seulement 605 MWc, soit 45 % de moins qu’en 2012 réalisant ainsi l’activité la plus faible depuis 2009.
Le décollage de la filière a commencé à être réellement significatif en 2009, avant d’entamer une progression impressionnante qui a permis au pays de rattraper son retard au niveau européen avant de voir sa progression ralentir nettement. À fin 2013, la France occupait le quatrième rang européen en termes de puissance installée avec 4 697,6 MWc connectés au réseau. Le pays reste loin des deux nations de tête que sont l’Allemagne (36 013 MWc(1)) et l’Italie (17 614 MWc).
Il est intéressant de noter que l’objectif d’une puissance raccordée de 5 400 MWc, initialement fixé à fin 2020, est d’ores et déjà atteint. Le secteur réclame au gouvernement que le travail sur la programmation pluriannuelle énergétique fixe rapidement un nouveau cap à l’horizon de 5 ans qui permettra de mettre en cohérence les volumes d’appels d’offres annoncés avec les objectifs annuels de la PPE.
Et pour l’avenir aucun signe de stabilité et de reprise durable du marché. Depuis le milieu de l’année 2011, le marché photovoltaïque a entamé une chute sévère de ses puissances connectées au réseau électrique (voir graphique n° 2). Sur le segment des installations résidentielles (de moins de 9 kWc), le niveau extrêmement bas du marché se maintient avec néanmoins des niveaux de raccordement qui sont quatre fois inférieurs a ceux de la période prémoratoire. Ce segment était pourtant le seul à ne pas avoir été concerné par le moratoire de fin 2010, puisque des contrats d’obligation d’achat pouvaient être signés sur ces tranches de puissance, au contraire de toutes les autres. Cependant, l’action du gouvernement, associée à la baisse rapide du crédit d’impôt (de 50 % à 22 % entre 2010 et 2011, puis 11 % en 2012 et 2013), a suscité une défiance dans l’esprit du consommateur vis-à-vis de la filière.
Le marché hors résidentiel repose quasi exclusivement sur le dispositif d’appels d’offres organisé par la CRE. Malheureusement, ces derniers ne présentent ni la régularité ni le volume qui seraient nécessaires pour permettre l’émergence d’une filière solide et pérenne. Sur le segment des moyennes toitures (100 à 250 kWc), le relèvement de la courbe des puissances observé correspond aux premiers raccordements des centrales issues des appels d’offres lancés en 2011. En 2014, le ministère de l’Environnement a dévoilé les projets retenus lors du round d’appels d’offres suivant : 587 projets pour une puissance totale de 121,7 MWc. Là encore, il faudra attendre de nombreux mois pour que ces puissances viennent grossir le parc français. Le dernier appel d’offres simplifié a eu lieu le 30 juin 2014, date au-delà de laquelle aucun dispositif n’est prévu ni annoncé.
Sur le segment des grands projets, seuls 2 appels d’offres ont eu lieu en 4 ans, en dépit de l’engagement des pouvoirs publics de mettre en œuvre, a minima, un appel d’offres annuel. Le pic visible sur le graphique n° 2 renvoie aux sites issus de l’appel d’offres ouvert en août 2011. Un nouvel appel a été lancé en novembre 2014 pour un volume global de 400 MWc répartis en trois familles : 150 MWc sur bâtiments, 50 MWc en ombrières de parking et 200 MWc au sol (hors terres agricoles). Le cahier des charges reprend les critères préexistants relatifs aux exigences de certification de qualité pour les fabricants d’onduleurs et de panneaux, et pour les entreprises qui construiront les installations. Le SER estime que les évolutions apportées au cahier des charges vont permettre « la sélection des projets les plus performants du point de vue du contenu carbone, de l’innovation et de la valorisation des sites inutilisables pour d’autres usages, dans des conditions économiques maîtrisées pour la collectivité ». Toutefois, le syndicat demande qu’une nouvelle consultation pour des projets de ce segment de puissance soit d’ores et déjà programmée pour juin 2015.