L’Umana Ambizione + Notre Siècle, des perles d'histoires insulaires et universelles du XXème siècle... jusqu'au 28 mars 2015 au Musée de la Corse...
Pour ne pas oublier les affres du siècle passé, ou autant d'histoires ont sillonné des années teintées de douleurs guerrières mais aussi irisées de quelques détroits plus heureux, Umana Ambizione renaît depuis la présentation de cette installation au Masedu (musée d’Art moderne de Sassari, juillet 2005), le temps a continué, hélas, son œuvre. Les hommes et femmes photographiés à cette occasion, par Jean-André Bertozzi, ont maintenant presque tous disparu. Ils étaient parmi les derniers témoins vivants, dix en tout, sur les îles de Corse et de Sardaigne. Quel est alors le statut de cette installation aujourd’hui ?
Quelque huit ans plus tard, nous constatons que ces images ont pris une nouvelle dimension. Elles sont devenues des objets d’histoire. D’histoires individuelles qu’elles étaient, puisque se rattachant à du vivant, elles ont pris la stature d’histoire universelle. Ne demeurent plus, outre leurs images muettes, que les paroles d’un de ces anciens que Leonardo Boscani a inscrites dans cette installation vidéo : «La conta». Une ronde enfantine, sur fond d’hymnes nationaux, vient rythmer l’apparition de ces paroles perdues. Des images et des paroles, comme les derniers échos d’un siècle qui lentement s’éloigne de nous. Il ne s’agit pas pour autant d’un “voyage au bout de la nuit” mais d’un voyage vers ces lumières lointaines que l’on voit encore dans ces regards, depuis la rive de ce nouveau siècle sur laquelle nous sommes aujourd’hui.
«mains de Maria - Giuseppa Vacca» © J-A Bertozzi
Pour aller vers cette catharsis de notre inconscient collectif, le visiteur passe dans un labyrinthe de visages qui le mène vers une sculpture photographique : « Notre siècle ».
Cette stèle de verre sortant du sable nous présente un premier regard sur ce siècle. Ces images, en couleurs comme un siècle naissant, ont été faites juste avant que ne cesse la tranquillité : un coin de verdure dans un champ, des officiers dans leurs beaux uniformes, mais déjà au loin le bruit du canon... Une fiction se tend entre ces deux installations : fiction vers la jeunesse de ces portraits en noir et blanc représentée par ce paysage et ce portrait sur cette stèle. De multiples témoins, aujourd’hui muets, qui nous renvoient vers un souvenir unique : notre inconscient collectif.
Leonardo Boscani, est né à Sassari le 11 septembre 1961. Après avoir effectué ses études à l’académie des Beaux- Arts de Sassari, au sein de laquelle il présente une thèse en histoire de l’art intitulée « Voyage en Corse- l’utopiè », il décide de s’impliquer dans divers projets tout aussi singuliers les uns que les autres. On notera ainsi son importante collaboration au Collectivo Politikart (precari dell’arte), ou encore son investissement réflexif dans le projet de conception d’une maison de retraite pour artistes. En ce qui concerne l’avancement de ses recherches personnelles, il déclare que bien que son objet ne soit jamais clairement prédéfini, une découverte le couronne toujours. Actuellement, Leonardo Boscani s’investit activement dans la mise au point d’un plan pour quitter la Terre clandestinement, lors de la prochaine éclipse totale de lune visible en Europe. Cette démarche trouve un écho dans sa propre agence de voyages clandestins Vu Vulà et la filiale interplanétaire Cosmik, créée en collaboration avec Rita Delogu. Il vit et travaille toujours à Sassari.
Jean-André Bertozzi, auteur photographe, né 1969 et formé à l’École nationale supérieure de la photographie à Arles. Il poursuit une recherche artistique sur ce qu’il nomme le documentaire poétique. Multipliant les séries d’images, il s’attache à trouver, dans le proche ou le lointain, cette poésie qui se cache dans la banalité du quotidien, ce qu’André Breton nommait « le ressort poétique ». Représenté par la galerie « Le lac gelé » à Nîmes, il réalise depuis plus de quinze ans de nombreuses expositions en France et à l’étranger.
© Famille Loddo/J-A Bertozzi 2005
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