Depuis 4 ans, la consommation brute d’électricité a cessé de croître.
Dans son bilan électrique de 2014, RTE, (Réseau de Transport d'électricité) dresse une vision globale du système électrique sur l’année écoulée. Les deux faits marquants sont donc celui de la baisse de la consommation d'électricité et de la progression des énergies renouvelables qui représentent près de 20 % de la consommation.
Tout d'abord, le premier fait marquant est, en raison de températures douces en 2014, la diminution de 6 % de la consommation électrique française, toutefois, elle reste stable une fois corrigée de l’effet météorologique.
A l’heure où la 21ème conférence sur le climat sera accueillie en 2015 par la France, cette nouvelle édition du Bilan électrique met en relief la forte dépendance de la consommation d’électricité aux conditions météorologiques. En 2014, la consommation brute d’électricité est en recul de 6 % par rapport à 2013 et s’établit à 465,3 TWh, soit le niveau le plus bas observé depuis 2002.
Cette économie d’énergie s’explique en grande partie par la douceur du climat : selon Météo France, 2014 est l’année la plus chaude depuis le début du XXème siècle. Avec des températures supérieures de 0,5°C à la température de référence et très rarement inférieures à 5°C durant les mois d’hiver, les besoins de chauffage électrique ont été modérés. La sensibilité de la consommation à la température demeure de l’ordre de 2 400 MW/°C en hiver.
En l’absence de période de froid marquée, la puissance électrique consommée à la pointe s’est établie à 82 500 MW le 9 décembre 2014, à comparer à la pointe historique de 102 100 MW atteinte en février 2012. Il faut remonter à l’année 2004 pour observer une consommation de pointe aussi peu élevée.
Le contexte de crise économique et les mesures d’efficacité énergétique concourent également à limiter la consommation. Ainsi, après correction de l’effet climatique visant à présenter la consommation électrique dans des conditions météorologiques dites normales, nous constatons que la consommation électrique annuelle de la France recule de 0,4 % en 2014. Depuis quatre ans, la consommation française a cessé de croître.
Toutefois, le système demeure exposé aux pointes de consommation. Pour réduire ces pointes de consommation, RTE élabore les mécanismes de marché permettant de sécuriser l'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité, tels les dispositifs d'effacement et le mécanisme de capacité.
Deuxième fait marquant, les énergies renouvelables se développent et couvrent désormais près de 20 % de la consommation électrique française.
La clarification du dispositif réglementaire ainsi que des dispositions économiques plus favorables en 2014 permettent aux énergies renouvelables de poursuivre leur développement. La situation de l'éolien et du photovoltaïque s’améliore avec près de 1 900 MW supplémentaires installés en 2014. La France comprend maintenant plus de 9 100 MW d’éolien et près de 5 300 MW de photovoltaïque.
L’énergie électrique produite par les énergies renouvelables autres qu’hydraulique (28 TWh) dépasse la production d’origine thermique fossile pour la première fois en 2014. Plus de la moitié est issue de la production éolienne, le reste se répartit entre photovoltaïque et biomasse.
Le maximum de production éolienne a été atteint le 27 décembre 2014 pour une puissance d’un peu plus de 7 000 MW, soit 80 % de la puissance éolienne installée. Le maximum de production photovoltaïque a été atteint le 17 mai 2014 à 13h30 pour une puissance de 3 700 MW. De tels niveaux n’avaient jamais été atteints auparavant.
En outre, l’hydraulicité est plutôt élevée cette année, en raison d’un fort volume de pluviométrie : le niveau de la production hydraulique (68,2 TWh) est le plus fort de la décennie après celui de 2013, qui avait été exceptionnel.
Toutes ces conditions favorables ont permis à la production issue de l’ensemble des sources d’énergies renouvelables de représenter près de 20 % de la consommation d’électricité française.
Ensuite, le bilan de RTE note que la production thermique fossile enregistre une forte diminution, en raison de la météo clémente et des difficultés du secteur.
Le contexte économique difficile a une incidence sur la production thermique à combustible fossile, globalement en recul de 17,7 TWh (– 40 %). Cette année, les centrales à charbon sont les plus affectées avec une production en baisse de 58 %, contre 28 % pour le gaz. La production des centrales à gaz dépasse celle des centrales à charbon (6 TWh de plus).
Cette situation s’explique en partie par la fermeture définitive de centrales à charbon pour respecter la réglementation européenne en matière d’émission de CO2 entrée en vigueur au 31 décembre 2014. La production des centrales à gaz (moins émettrices de CO2) dépasse celle des centrales à charbon, ce qui concourt à la diminution des émissions de CO2. Nécessaire pour assurer l’équilibre offre-demande d’électricité, en particulier aux périodes de pointe, la filière Cycle Combiné Gaz connaît toutefois des conditions économiques défavorables. Comme l’an dernier, des groupes ont été mis sous cocon durant la période estivale.
De plus, les émissions de CO2 du secteur électrique sont réduites de plus de 40 % en 2014
La modération de la consommation électrique a pour conséquence de limiter le recours aux centrales thermiques à combustible fossile (charbon, gaz et au fioul), qui jouent un rôle d’appoint dans la production d’électricité.
Les émissions de CO2 du secteur électrique ont en effet été réduites de plus de 40 % par rapport à l’année passée.
Elles s’établissent à 19 millions de tonnes équivalent CO2. Ce phénomène traduit tout l’intérêt des mesures en faveur de la maîtrise de la demande d’énergie. La composition du mix énergétique français confirme ainsi son évolution structurelle dans le sens d’une transition énergétique permettant de réduire les émissions de carbone.
Enfin, le bilan précise que l'utilisation soutenue des interconnexions européennes en 2014 permet à la France de rester le premier exportateur d’électricité en Europe.
Le niveau modéré de la consommation intérieure et les prix relativement faibles sur le marché de gros français ont offert l’opportunité pour la France d’aider ses voisins européens par des exports d’électricité. Le solde exportateur de la France s’établit à 65,1 TWh en 2014 (+ 18 TWh par rapport à 2013), soit le niveau le plus élevé depuis 2003. Les échanges électriques ont été particulièrement soutenus en 2014 (92 TWh à l'export et 27 TWh à l'import).
Les soldes exportateurs sont supérieurs à 5 GW de puissance moyenne mensuelle tout au long de l’année, y compris l’hiver. La France est en situation d’import une trentaine d’heures dans l’année et aucune journée n’est importatrice nette en énergie.
L’analyse des échanges frontière par frontière met en évidence l’impact croissant de l’évolution du mix énergétique européen qui intègre de plus en plus d’énergies renouvelables. La variabilité de la production éolienne au fil des saisons et des semaines, celle du photovoltaïque avec son cycle journalier, se traduisent par une fluctuation croissante des échanges d’électricité entre pays européens, et notamment d’une inversion plus fréquente des flux d’électricité.
Si la France reste globalement importatrice vis-à-vis de l’Allemagne, les échanges se rééquilibrent avec un solde importateur de 5,9 TWh contre près de 10 TWh en 2013, en raison de la faiblesse relative des prix français. Ce solde en baisse ne traduit pas tant une réduction des échanges qu’un équilibrage entre situations alternativement importatrices et exportatrices. Les interconnexions entre la France et l’Allemagne sont d’ailleurs saturées, dans un sens ou dans l’autre, pendant près de la moitié du temps.
Les échanges avec la Belgique sont influencés par les indisponibilités de près de la moitié du parc nucléaire belge. Le solde exportateur de la France vers la Belgique augmente (16,5 TWh). Les capacités d’échanges de la France vers la Belgique sont saturées la plupart du temps.
Vis-à-vis de l’Espagne, la France est majoritairement exportatrice et importe uniquement lorsque la production renouvelable espagnole est élevée, les prix devenant alors inférieurs aux prix français. L’interconnexion France - Angle- terre est utilisée à l’export plus de 99 % des heures de l’année et est saturée 90 % du temps. La situation est toujours fortement exportatrice vis-à-vis de l’Italie, où la capacité d’export a augmenté de 400 MW depuis octobre 2014 grâce au renforcement des réseaux transalpins entre la France et l’Italie.
Temps de coupures d'électricité de 75 min en 2012 à 97 min en 2013 - Le blog de l'habitat durable
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