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Bon Boullogne, peintre majeur de l’histoire de l’art français, au Musée Magnin

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Bon Boullogne, peintre majeur de l’histoire de l’art français, au Musée Magnin

Bon Boullogne, peintre majeur de l’histoire de l’art français, au Musée Magnin

Organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et le musée Magnin jusqu'au 5 mars 2014, l'exposition nous ouvre les portes de l'un des cinq plus célèbres peintres d’histoire de la fin du règne de Louis XIV au Musée Magnin : Bon Boullogne.

Elle tente de faire redécouvrir l’œuvre de Bon Boullogne qui, avec Charles de La Fosse, Jean Jouvenet, Antoine Coypel et Louis de Boullogne, fut l’un des cinq plus célèbres peintres d’histoire de la fin du règne de Louis XIV. Lors des expositions Les Peintres du Roi-Soleil (1968), Les Amours des Dieux (1990), La Peinture française au Grand Siècle (1994), aucune peinture de Bon Boullogne n’était présentée.

La production de Jouvenet, La Fosse et Coypel nous est connue par de nombreux travaux ; le cabinet des arts graphiques du Musée du Louvre a consacré une exposition aux dessins de Louis de Boullogne en 2010. Bon Boullogne n’a quant à lui jamais été l’objet d’un travail de fond, ce qui tient sans doute à la difficulté à reconstituer son œuvre. De fait, dès 1745, Dézallier d’Argenville avait remarqué le caractère protéiforme de la production de Bon Boullogne. Et s’il est vrai que son œuvre tend à échapper aux méthodes de classement, il adopta néanmoins une manière relativement constante : passées les années 1690, un véritable répertoire formel commença à voir le jour. C’est ainsi qu’une trentaine d’œuvres de sa main ont pu être identifiées dans les musées de France et collections privées.

L’œuvre de Bon Boullogne est diversifié, tant du point de vue des genres que des techniques. Tantôt imite-t-il les grands Bolonais, tantôt réalise-t-il des pastiches des petits maîtres hollandais du Siècle d’or. Cette dimension insolite apparaîtra dans l’exposition, de même que le rôle considérable que Boullogne joua sur le plan de l’enseignement. Non seulement la plupart des peintres français actifs au tournant du siècle furent formés dans son atelier, mais en multipliant les sujets mythologiques peuplés de nudités, Boullogne posa également les bases du goût qui allait prévaloir dans la première moitié du XVIIIe siècle. L’exposition permettra d’enrichir notre perception de l’histoire de l’art, au nom de laquelle une rupture aurait eu lieu à partir de la Régence. Dès les années 1690, les tableaux de Bon Boullogne montrent que la transformation était déjà en cours.

Bon Boullogne La Naissance de Vénus Huile sur toile, 65 x 81 cm Dijon, Musée Magnin © RMN-Grand Palais (musée Magnin) / Stéphane Maréchalle

Bon Boullogne La Naissance de Vénus Huile sur toile, 65 x 81 cm Dijon, Musée Magnin © RMN-Grand Palais (musée Magnin) / Stéphane Maréchalle

Actif à la fin du règne de Louis XIV, Bon Boullogne fut de son vivant et tout au long du XVIIIe siècle l’un des peintres d’histoire français les plus admirés. Doué pour illustrer les sujets mythologiques et bibliques, l’artiste fut sollicité pour décorer résidences royales et édifices religieux. Auteur de grands décors comme de petits tableaux recherchés par les collectionneurs, Bon Boullogne était également apprécié comme portraitiste. Il avait surtout la rare capacité de peindre selon différentes manières et de réaliser des pastiches susceptibles de tromper les amateurs.

Passée la Révolution, Bon Boullogne et les meilleurs peintres d’histoire de sa génération - Louis de Boullogne (son frère cadet), Charles de La Fosse, Antoine Coypel, Jean Jouvenet et Nicolas Colombel - furent l’objet d’une désaffection. Ces artistes connaissent depuis quelques années un regain d’intérêt à l’exception de Bon Boullogne. Aussi la rétrospective qui s’ouvre au Musée Magnin est-elle l’occasion de lui rendre justice : les tableaux, dessins et gravures d’interprétation qui ont été réunis restituent les multiples facettes d’un art qui a souvent déjoué l’avis des connaisseurs. Les œuvres présentées évoquent tantôt l’art des peintres bolonais du XVIIe siècle (Le Dominiquin, L’Albane), tantôt l’art flamand (Van Dyck). L’exposition est également l’occasion de présenter certaines « contrefaçons ». Conservée pendant près de deux siècles au Musée des beaux-arts d’Orléans sous des noms italiens, la petite Assomption est l’une d’elles. Le plus bel exemple retrouvé est celui de Pyrame et Thisbé, tableau du Musée de Cherbourg qui fut longuement considéré comme de Nicolas Poussin.

Le parcours de l’exposition, qui tente autant que possible de respecter la chronologie, s’achève au premier étage avec la présentation de la production de ses élèves. À la fin du règne de Louis XIV, l’atelier de Bon Boullogne était en effet devenu l’un des plus fréquentés de Paris. Les tableaux exposés dans cette salle restituent toute l’importance du legs de l’artiste à la peinture française du début du XVIIIe siècle.

Bon Boullogne La Naissance de Jupiter Huile sur toile, 94 x 128 cm Cholet, Musée d’Art et d’Histoire © Cholet, musée d’Art et d’Histoire / photo Mathilde Richard – Communauté d’Agglomération

Bon Boullogne La Naissance de Jupiter Huile sur toile, 94 x 128 cm Cholet, Musée d’Art et d’Histoire © Cholet, musée d’Art et d’Histoire / photo Mathilde Richard – Communauté d’Agglomération

De la formation aux premières commandes royales (1668-1688)

Bon Boullogne fut formé à Paris auprès de son père Louis I Boullogne, peintre d’histoire et cofondateur, en 1648, de l’Académie royale de peinture et sculpture. Ayant travaillé à ses côtés au décor de la grande galerie du Louvre, il peignit un Saint Jean-Baptiste vu à mi-corps dont le succès fut tel qu’il fut nommé pensionnaire à l’Académie de France à Rome en 1669 : il semble que le tableau soit celui qui était conservé au Musée des Augustins de Toulouse depuis 1812 sous divers noms. Ayant copié les fresques de Raphaël des Chambres du Vatican, Bon Boullogne partit ensuite pour la Lombardie, où il devait exécuter de nouvelles copies d’après le Corrège et Annibal Carrache. A son retour en France, en 1675, Bon Boullogne se fit recevoir peintre d’histoire à l’Académie royale de peinture et sculpture sur présentation d’Hercule combattant les centaures. Il fut alors requis pour participer aux grands chantiers artistiques de l’époque : il peignit un tableau d’autel pour la chapelle du Château de Versailles (1682), puis participa au décor de l’église Notre-Dame de Versailles (1686) et à celui de la résidence royale du Trianon (1687-88). Outre ses grandes commandes décoratives, Bon Boullogne entreprit l’exécution de « tableaux de collection ». Le plus bel exemple du genre est celui de La Naissance de Jupiter du Musée de Cholet. Bon Boullogne fut tout autant actif comme portraitiste, recevant commande de membres de la haute noblesse, du clergé, ainsi que de scientifiques. Les œuvres exposées témoignent d’une multitude d’influences, la plus sensible étant celle des maîtres bolonais du XVIIe siècle (Le Dominiquin et L’Albane).

Bon Boullogne Les Adieux d’Hector et Andromaque Huile sur toile, 250 x 283 cm Troyes, Musée des Beaux-Arts © Musée des Beaux-Arts de Troyes / photo Jean-Marie Protte

Bon Boullogne Les Adieux d’Hector et Andromaque Huile sur toile, 250 x 283 cm Troyes, Musée des Beaux-Arts © Musée des Beaux-Arts de Troyes / photo Jean-Marie Protte

Métamorphoses et exercices de style (1689-1698)

Passé 1689, les commandes royales furent interrompues pour l’artiste comme pour les autres peintres d’histoire de sa génération. Loin d’appauvrir son œuvre, ce bouleversement entraîna chez Bon Boullogne une forme d’exploration artistique. Tout en maintenant sa production de peintures religieuses et de portraits, l’artiste commença à démultiplier les « tableaux de collection ». Les répétitions et adaptations à des fins décoratives démontrent le succès de certaines compositions tel Achille et les filles de Lycomède. Imprégnée de références aux grands maîtres bolonais, l’oeuvre de Bon Boullogne s’enrichit de citations de peinture flamande, comme on peut le voir dans Tobie soignant son père. A la fin de la décennie, cette synthèse d’influences donna lieu à l’exécution d’une œuvre aussi magistrale que Le Retour de Jephté. En 1699, la nomination de l’architecte Jules Hardouin-Mansart comme surintendant des Bâtiments du roi fut suivie d’un « Salon des académiciens », exposition réunissant la production des membres de l’Académie royale de peinture et sculpture. Ce fut pour Bon Boullogne l’occasion d’exposer Le Retour de Jephté en compagnie d’une sélection de tableaux, dont, probablement La Naissance de Jupiter, aujourd’hui au Musée de Meaux.

La prospérité (1699-1717)

La nomination de Jules Hardouin-Mansart comme surintendant des Bâtiments du roi se traduisit également par un renouveau des commandes aux artistes. Ainsi Bon Boullogne fut-il chargé, en 1700, de décorer le palais du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, avec un tableau représentant Vénus, Bacchus et Cérès ; le tableau conservé au Musée des Beaux-arts de Troyes en est une réduction. L’artiste devait également peindre un dernier tableau pour le Trianon : Junon et Flore. En 1702, Bon Boullogne fut sollicité pour décorer la chapelle Saint Ambroise de l’église royale des Invalides. Entamé par le peintre Charles-François Poerson, le décor de la chapelle Saint Jérôme fut jugé si mauvais qu’il fut effacé ; Bon Boullogne fut nommé pour le remplacer. Entre 1705 et 1710, il devait encore participer au décor de la chapelle royale de Versailles et livrer quatre compositions mythologiques pour le comte de Toulouse. Grâce à une intense production de tableaux de chevalet et une probable activité de conseiller artistique, Bon Boullogne était progressivement devenu l’un des plus riches artistes du royaume. Le nombre d’artistes qu’il avait formés avait également fait de lui le principal « chef d’école », à la fin du règne de Louis XIV.

Les disciples de Bon Boullogne

Dès son retour d’Italie en 1675, Bon Boullogne avait commencé à former de jeunes apprentis. L’artiste devait attirer un nombre croissant d’élèves, au point que son atelier allait devenir à la fin du siècle le plus fréquenté de Paris. Les disciples les plus célèbres de Bon Boullogne ont été représentés ici par une peinture, presque à chaque fois inédite. L’un des problèmes actuels est en effet le phénomène de confusion générale entre ces différents artistes souvent tombés dans l’anonymat, lorsqu’ils ne sont pas conservés sous d’autres noms.

Les variations de style que l’on observe d’un peintre à un autre reflètent la manière particulièrement éclectique de Bon Boullogne. Si l’attachement aux principes de la « grande peinture d’histoire » s’observe chez Nicolas Bertin et Sébastien Leclerc, la dette envers la peinture néerlandaise transparaît dans les tableaux de Jean-Baptiste Santerre, Alexis Grimou, et Robert Levrac-Tournières. Certains élèves de Bon Boullogne devaient suivre des itinéraires modestes. Tel est le cas de Claude Verdot ou de Daniel Sarrabat, qui fera carrière à Lyon. D’autres, comme Louis de Silvestre, devaient faire fortune à l’étranger pour finir promus à la tête de l’Académie royale de peinture et sculpture.

Bon Boullogne Vénus à sa toilette et Mercure Huile sur toile, 287 x 175 cm Versailles, Musée et domaine des châteaux de Versailles et de Trianon © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Bon Boullogne Vénus à sa toilette et Mercure Huile sur toile, 287 x 175 cm Versailles, Musée et domaine des châteaux de Versailles et de Trianon © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

chronologie

1649 22 février : baptême de Bon Boullogne en l’église Saint-Jean-en-Grève à Paris.

vers 1668-1669

Participe auprès de son père à la décoration de la Grande Galerie du Louvre.

1669 1er semestre : date hypothétique à laquelle Bon Boullogne peint un Saint Jean Baptiste qui aurait fait office de Grand Prix à l’Académie royale. 14 octobre : reçoit son viatique pour aller à Rome.

1672

Primé à l’Académie de Saint-Luc à Rome pour un dessin représentant Médée et ses fils.

1675 Janvier-mars : date approximative à laquelle il rentre à Paris.

1676 28 mars : se présente à l’Académie royale. 11 avril : est agréé à l’Académie royale.

1677 Mai : reçoit la commande du « may » annuel de Notre-Dame présenté par la corporation des orfèvres. 27 novembre : reçu à l’Académie royale sur présentation d’Hercule combattant les centaures.

1679-1680

Décore l’appartement des Bains du château de Versailles.

vers 1680-1681

Peint Le Mariage de la Vierge pour l’église de l’Assomption à Paris.

1682

Peint un tableau pour l’ancienne chapelle du château de Versailles. Date approximative de l’exécution de L’Architecture pour Charles Perrault.

1684 8 janvier : est nommé professeur adjoint à l’Académie royale.

1684-1686

Peint l’un des cartons de la tenture des Sujets de la Fable.

1687

Peint trois tableaux pour la nouvelle église Notre- Dame de Versailles et un tableau pour l’église de Saint-Cyr.

1688

Décore le plafond de la chambre des requêtes du Parlement de Paris. 2nd semestre : peint Vénus à sa toilette et Mercure pour le Grand Trianon.

4e trimestre : décore le plafond de la salle de spectacle de l’hôtel des Comédiens-Français.

1690

Peint un tableau pour l’église abbatiale de Saint- Riquier.

1692 6 décembre : nommé professeur, Bon Boullogne succède à Jean-Baptiste Tuby, lui-même devenu conseiller professeur.

1694

Grave une planche sur un sujet satirique pour un almanach.

1696

Peint La Résurrection de Lazare pour le couvent des Chartreux de Paris. 7 avril : prononce à l’Académie un discours sur « le bon goût de la peinture et de la sculpture ».

1699 4 avril : Bon et Louis de Boullogne s’engagent à donner à l’Académie royale une copie du portrait de leur père.

2 septembre : ouverture, dans la Grande Galerie du Louvre, du Salon des académiciens. Bon Boullogne y expose douze tableaux.

31 décembre : dorénavant, perçoit des Bâtiments du roi 400 livres de gages annuels, somme qui restera fixe jusqu’à sa mort.

1700

Peint Vénus, Bacchus et Cérès pour la résidence du Grand Dauphin à Meudon et deux tableaux sur l’histoire de Vénus pour la Ménagerie. 6 février : Guillet de Saint-Georges, historiographe de l’Académie royale, lit un discours sur le morceau de réception de Bon Boullogne.

vers 1701-1702

Bon Boullogne peint Junon et Flore pour le Grand Trianon.

1702-1703

Décore la chapelle Saint-Ambroise de l’église des Invalides.

1703

Sur ordre de Jules Hardouin-Mansart, le décor de la chapelle Saint-Jérôme peint par Charles François Poerson est effacé. Bon Boullogne est chargé de redécorer la chapelle.

1704 14 juillet : ouverture, dans la Grande Galerie du Louvre, d’un nouveau Salon des académiciens. Il y expose dix-huit tableaux. 6 décembre : présente à l’Académie royale le peintre Michel Serre.

1705 14 février : la présence de Bon Boullogne est attestée à Paris.

1709

Décore aux côtés de son frère les tribunes de la nouvelle chapelle du château de Versailles.

1711

Peint une Cène pour l’église Notre-Dame de Versailles. 17 novembre : reçoit des Bâtiments du roi un paiement de 150 livres « pour deux tableaux qu’il a agrandis et peints pour l’appartement de Mme la Duchesse du Château de Versailles ».

1714 23 février : signe pour la dernière fois les registres de l’Académie royale.

1717 24 avril : Louis de Boullogne succède à Jean Jouvenet comme recteur de l’Académie royale.

16 mai : mort de Bon Boullogne.

18 mai : il est inhumé à Saint-Roch en présence de son frère Louis et de son beau-frère Simon de Villaine.

22-31 mai : l’inventaire des biens de Bon Boullogne est dressé à la requête de son épouse Anne Lourdet et de son frère Louis de Boullogne. Parmi les tableaux restés dans l’atelier du peintre, la plus haute prisée (1 000 livres) est accordée aux Adieux d’Hector et Andromaque.

29 mai : son décès est annoncé à l’Académie royale en même temps que ceux du sculpteur Anselme Flamen et du peintre Nicolas Colombel.

Bon Boullogne Hercule combattant les centaures Huile sur toile, 152 x 186,5 cm Paris, Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Bon Boullogne Hercule combattant les centaures Huile sur toile, 152 x 186,5 cm Paris, Musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Musée Magnin

4 rue des Bons-Enfants 21 000 Dijon

ouverture : tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h, sauf le lundi.

tarifs : tarif plein : 5,5 € ; tarif réduit : 4,50 € Droit de conférence : 4,5 € (1h) incluant les collections permanentes. Gratuit pour les moins de 26 ans (ressortissants de l’UE ou en long séjour dans l’UE) et pour tous les publics le premier dimanche de chaque mois.

informations et réservations : www.musee-magnin.fr www.grandpalais.fr


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