Adieu, thon, bar, saumon ! 2 docs qui sonnent le glas sur Arte le 27 janvier 2014 à 20H50
Deux documentaires qui sonne comme un glas et délivrent un bilan des ravages causés par la surpêche, complété d’une enquête sur les mailles peu écologiques (capture intensive, aquaculture et même secteur bio...) du filet à poisson.
SURPÊCHE - LA FIN DU POISSON À FOISON - ARTE - 27 JANVIER 2015 - 20H50
La croissance exponentielle de la pêche comporte de terribles conséquences pour les écosystèmes comme pour les populations. De la mer à l’assiette, cette enquête dévoile la face sombre de cette industrie et met en évidence la chaîne de responsabilités économiques et politiques à l'origine de ce désastre.
Depuis des dizaines d’années, une armada de bateaux sillonne sans interruption les mers du globe. La pêche toujours plus intensive des poissons nuit à la biodiversité. Selon les spécialistes, cette surpêche se pratique sur 90 % de la Méditerranée, tandis que 40 % des espèces de poissons du nord-est de l’Atlantique sont menacées. Les systèmes de quotas ou les subventions accordées par l’Union européenne (UE) contribuent à cette situation, comme le concède Maria Damanaki. Cette commissaire aux Affaires maritimes et à la Pêche a récemment mis sur pied une réforme contre cette surexploitation des ressources. Mais les mesures de l’UE suffiront-elles, quand une grande partie du poisson consommé en Europe vient d’Asie ou d’Afrique ? Les ONG dénoncent les conditions déplorables qui règnent dans l’aquaculture des pays en voie de développement. Sur la côte ouest de l’Afrique, la pêche illégale fait rage, privant les petits exploitants de leurs moyens de subsistance, tandis que de nombreuses entreprises imposent à leurs employés des conditions de quasi-esclavage. De la mer à l’assiette, cette enquête dévoile la face sombre de cette industrie et met en évidence la chaîne de responsabilités économiques et politiques à l'origine de ce désastre.
Réalisation : Jutta Pinzler, Mieke Otte
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Origine : NDR
Pays : Allemagne
Année : 2013
Disponible en direct : oui
Son : Stereo
Image : HD, 16/9
Version : VF
Arte+7: 27.01-03.02.2015
Image : © sagamedia
HEUREUX COMME UN POISSON DANS L'EAU - ARTE - 27 JANVIER 2015 - 21H55
Surpêche, pollution des mers, conditions d'élevage scandaleuses... : s'il semble inévitable d'interroger nos habitudes de consommation, faut-il renoncer à manger du poisson ?
Existe-t-il encore des modes de pêche "durables" ? Pour la Food and Agriculture Organization, la plupart des espèces de poissons sauvages sont surexploitées, menacées d’extinction, ou pêchées selon des méthodes qui détruisent les écosystèmes et les fonds marins, comme le chalutage. Pour parer ces critiques, les producteurs misent de plus en plus sur l’aquaculture, qui fournit la moitié des poissons consommés dans le monde. Mais cette solution est-elle moins nocive ? Au Chili, l’un des premiers pays exportateurs de saumons d’élevage, ces derniers sont gavés d’antibiotiques, de colorants et… de farines de poissons sauvages, ce qui ne fait que contribuer à la surpêche, sans compter les déchets qui polluent la côte du Pacifique. Certains consommateurs se tournent vers le secteur bio, mais ses labels ne garantissent pas toujours une aquaculture respectueuse et transparente.
Réalisation : Frank Diederichs
Origine : NDR
Pays : Allemagne
Année : 2013
Disponible en direct : oui
Son : Stereo
Image : HD, 16/9
Version : VF
Arte+7: 27.01-03.02.2015
L’AQUACULTURE : AUBAINE OU CATASTROPHE ÉCOLOGIQUE ?
Face à l’appauvrissement de la biodiversité marine, pourquoi ne pas simplement faire de l’élevage de poisson ? La plupart des saumons commercialisés en Allemagne proviennent de l’aquaculture. Or cette pratique présente de gros inconvénients : les éleveurs ont presque toujours recours aux médicaments et les eaux sont polluées par les déchets organiques (aliments et excréments des poissons). Malgré tout, certains experts sont persuadés que les fermes aquacoles seraient non seulement un moyen de protéger les océans, mais également de nourrir la population mondiale en constante augmentation.
Une source de protéines
Dans l’alimentation humaine, le poisson est d’ores et déjà la première source de protéines au monde, devant les viandes de volaille et de porc. Il permet déjà à près de 17 % des êtres humains de couvrir l’essentiel de leurs besoins en protéines : dans 10 à 15 ans, la demande aura plus que doublé. «Sans élevages de poissons, impossible de répondre aux besoins protéiniques d’une population en pleine croissance », affirme Ulfert Focken, expert en élevage et alimentation aquacoles au Thünen-Institut d’Ahrensburg en Allemagne. L’aquaculture est en effet bien plus avantageuse que l’élevage porcin ou bovin, car les poissons et autres organismes marins s’alimentent moins que les animaux terrestres.
Pour produire un kilo de viande de bœuf par exemple, il faut 15 fois plus de nourriture que pour produire un kilo de carpe. Les poissons consomment en effet moins d’énergie que les animaux terrestres, et ce pour deux raisons. D’une part, ce sont des animaux à sang froid : leur température interne suit à peu près celle de leur environnement. Ils n’ont donc pas besoin de la réguler comme les mammifères ou les oiseaux. D’autre part, se mouvoir en milieu aquatique leur demande peu d’efforts.
Un poisson sur deux provient de l’élevage
D’après l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la moitié des poissons qui arrivent jusque dans nos assiettes de nos jours ne sont pas des poissons sauvages (données 2010). Cependant, l’importance de l’aquaculture diffère d’un pays à l’autre. En Europe centrale, comme en Allemagne, les poissons sauvages sont les plus prisés. En revanche, en Chine, la culture aquacole est une tradition millénaire qui remonte aux débuts de la domestication des carpes. Jusqu’à présent, la Chine est sans conteste le premier pays dans cette filière, fournissant près des deux tiers de l’ensemble de la production mondiale de poisson d’élevage.
Une pratique de plus en plus critiquée par les écologistes
À mesure que l’aquaculture se développe, elle suscite de plus en plus de critiques de la part des écologistes, car elle a aggravé le problème de la surpêche au lieu de le résoudre. En effet, la plupart des espèces d’élevage étant carnivores, elles se nourrissent d’autres espèces qui sont pêchées dans leur milieu naturel. L’élevage de thon en aquaculture est le plus catastrophique, car contrairement au saumon, cette espèce ne peut se reproduire en captivité. Les éleveurs capturent donc de jeunes thons sauvages et les nourrissent de poissons coûteux pêchés en mer. Enfermés dans des cages, les thons n’ont pas la moindre possibilité de se reproduire.
Le bilan est bien plus positif chez d’autres espèces carnivores. « Le saumon d’élevage a aussi besoin de poisson dans son alimentation pour pouvoir grandir, mais la quantité a pu être réduite, au point qu’il est aujourd’hui possible de produire 1 kg de saumon avec 1,2 kg de poisson », indique Michael Ebeling, économiste spécialisé dans l’aquaculture, Institut Thünen de Hambourg. Dans les fermes aquacoles, les poissons reçoivent plus d’aliments d’origines végétales et leurs besoins en apport énergétique sont moins importants qu’à l’état sauvage, car leurs efforts sont réduits. En revanche, les saumons en liberté se nourrissent d’une grande variété de poissons.
« Dans ce contexte, il serait judicieux de réduire l’aquaculture des espèces carnivores et de se concentrer sur les poissons qui se nourrissent essentiellement de plantes, comme les carpes », suggère Michael Ebeling. Mais les Européens, et parmi eux beaucoup d’Allemands, apprécient justement la chair des poissons marins carnivores, ce qui fait croître la demande sur ce marché peu écologique. Par ailleurs, la question de la provenance des aliments se pose aussi dans le cas des espèces herbivores. Michael Ebeling explique : « Si la production aquacole requiert d’augmenter la culture de soja, qui elle-même conduit à la déforestation, alors les conséquences pour l’environnement sont aussi destructrices que la pêche de poissons sauvages destinés à l’aquaculture ».
L’élevage intensif et ses conséquences
L’aquaculture présente un autre inconvénient : l’élevage intensif, dont les conséquences sont les mêmes qu’il s’agisse d’animaux marins ou terrestres. Les poissons d’élevage, vivant nombreux dans un espace réduit, sont plus exposés aux maladies que leurs congénères sauvages. En 2011, au Mozambique, la quasi-totalité de la production de crevettes a été détruite par un virus. En 2012, les fermes aquacoles situées sur les côtes de Madagascar ont à leur tour été contaminées. Pour éviter ce genre de scénario, les éleveurs d’Asie du Sud-Est donnent aux poissons des antibiotiques ou d’autres médicaments. Or ces antibiotiques ne font déjà plus effet, car les agents pathogènes sont devenus résistants. De plus, lorsque l’élevage se fait dans des cages placées directement en mer, les poissons sauvages peuvent également être contaminés.
Par ailleurs, les excréments des poissons, riches en nutriments, sont responsables de l’eutrophisation des eaux, que l’élevage soit en mer ou en eau douce. Dans les mangroves d’Asie du Sud-Est, les écosystèmes des cours d’eau ont ainsi été asphyxiés. À cela s’ajoute la déforestation de grande ampleur qui a été nécessaire pour faire de la place aux fermes. D’après les données de la FAO, 3,6 millions d’hectares auraient été déboisés depuis 1980 en faveur de l’aquaculture.
L'aquaculture durable, c'est possible
Entre temps, certains pays ont déjà montré qu'une autre voie était possible. Ainsi, en Norvège, les méthodes de production de saumon d'élevage ont été optimisées. Notamment, des vaccins ont permis aux éleveurs de renoncer presque entièrement à l'utilisation d'antibiotiques. De plus, les poissons nourris grâce à d’autres méthodes rejettent moins d'excréments.
En mettant en pratique les bonnes idées, il est également possible de préserver les milieux aquatiques : « au lieu de laisser les nutriments des fermes aquacoles se mêler aux eaux non polluées, on peut les utiliser intelligemment », déclare Werner Kloas de l'Institut Leibniz dédié à l’écologie aquatique et de pêche côtière, chef du projet « Tomatenfisch » (littéralement, « poissons-tomates »). Ainsi que son nom le laisse deviner, le but de ce projet est de coupler l'élevage de poisson à la culture de légumes. Werner Kloas explique : « l'eau est utilisée deux fois. Une première fois dans les bassins d'élevage, puis une deuxième fois pour l'irrigation et la fertilisation des plants de légumes, comme les tomates ». Sur les parois des serres où poussent les tomates, l’eau se condense. Elle est récupérée et réutilisée dans les bassins à poissons. Le chef de projet ajoute : « en comparaison avec des écosystèmes semblables, le nôtre gaspille beaucoup moins d’eau ». Ainsi, 220 litres d’eau suffisent à produire 1 kg de poisson et 1,6 kg de tomates. Dans les écosystèmes traditionnels, il faut 600 à 1000 litres d’eau pour 1 kg de poisson et environ 1000 litres pour 1,6 kg de tomates. Les « poissons-tomates » ont déjà éveillé l’intérêt des industriels. D’après Werner Kloas, les premiers écosystèmes devraient être opérationnels d’ici un an.
Les choses bougent du côté des industriels, mais aussi du côté des consommateurs. « Les clients font beaucoup plus attention et achètent du poisson d’origine contrôlée », affirme Michael Ebeling. Garantissant un poisson élevé dans le respect de l’environnement, les labels « Bioland » et « Naturland » ont été créés il y a quelques années déjà pour guider les consommateurs en Allemagne. En outre, le label européen « Aquaculture Stewardship Council » (ASC) a été mis en place en 2012, certifiant une aquaculture durable. Les producteurs et distributeurs qui souhaitent acquérir ce label doivent non seulement respecter la protection des espèces, de l’environnement et de l’eau lors de l’élevage, mais également des normes sociales strictes.
Inka Reichert, le 6 septembre 2013