La Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg 1015 – 2015, le Millénaire des fondations…

La Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg 1015 – 2015, le Millénaire des fondations…

Terre du Christianisme, la France peut s’appuyer sur 2000 ans de vie communautaire, de même qu’à travers le monde peu de bâtiments peuvent afficher 1 000 ans de construction. C’est à travers ces 1 000 ans d’histoire que la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg fête son millénaire des fondations. Et comme le dit l’Archevêque de Strasbourg ‘’Dans un monde où tant de réalités sont éphémères, voire jetables, il est bon de disposer d’éléments stables et durables.’’

Depuis le mois de septembre 2014, la Cathédrale vie au rythme de la fête du Millénaire qui s’achèvera en septembre 2015, une fête qui la renvoie à la genèse de sa construction décidée par l’évêque de Strasbourg Werner de Habsbourg et l’empereur du Saint Empire Henri II, il y a mille ans : ils voulaient une église au cœur de la cité, qui accueille la célébration du peuple chrétien et qui délivre, par sa grandeur et sa beauté, un message sur Dieu lui-même. Ils ne pouvaient alors imaginer que le bâtiment achevé cinq siècles plus tard remplirait si bien cette fonction par la grandeur de sa nef gothique et la hauteur vertigineuse de sa flèche pointée vers le ciel.

De la cathédrale bâtie par l’évêque Werner au XIe siècle subsistent les fondations. Celles-ci permettent d’affirmer que l’édifice avait déjà des dimensions considérables.

Durant la guerre de succession à l’Empire qui est déclenchée à la mort d’Otton III en 1002, un compétiteur de Henri, Hermann, duc de Souabe, attaque Strasbourg, dont la Cathédrale est incendiée. De cet édifice nous ne savons rien.

En1015, l’évêque de Strasbourg Werner lance la construction d’une nouvelle cathédrale. Une chronique (les Annales de Marbach) indique que cette année-là, monasterium sancte Marie in Argentina surgit primo a fundatione sua : « la cathédrale Notre-Dame commença à sortir de ses fondations ». Werner est un personnage de grande envergure qui est en lien de parenté avec la famille appelée plus tard Habsbourg. Il appartient à la haute aristocratie de l’Empire et participe aux luttes qui marquent l’avènement de Henri II (qui règne de 1002 à 1024). Plus tard, Werner est envoyé comme ambassadeur à Constantinople, où il meurt en 1028.

Lors des sondages effectués à partir de 1905 par l’architecte Johann Knauth et les services de la Fondation de l’Œuvre Notre-Dame, on a retrouvé les fondations de 1015, elles-mêmes réutilisées à partir de 1277, lorsque l’évêque Conrad de Lichtenberg entame la construction de l’actuel massif occidental. De la cathédrale de Werner ne restent visibles que quelques pierres de taille dans la crypte. Pour autant, on a une idée du monument grâce à notre connaissance des fondations : cette cathédrale de Werner avait les mêmes dimensions au sol que la Cathédrale actuelle. L’édifice était donc déjà impressionnant.

La légende des pilotis : Les fondations de la Cathédrale, réalité historique confortée par l’archéologie, renvoient aussi à une légende selon laquelle l’édifice est construit sur des pilotis. En réalité, il s’agit d’un socle de limon et d’argile renforcé par des pieux en bois. C’est une technique antique qui permet de créer une sorte de semelle stable sur laquelle élever la maçonnerie des fondations. La page suivante est éloquente à souhait.

Dans l’esprit des gens, le sol marécageux s’est transformé en lac, d’où cette belle légende.

Le projet caritatif

Ce jubilé ne peut pas seulement s’exprimer par des célébrations liturgiques, des pèlerinages, des spectacles, des expositions, des colloques et des conférences.

Il s’agit aussi de veiller à vivre davantage, dans la réciprocité et l’espérance, avec les personnes - proches ou lointaines - en situation de fragilité.

C’est dans le service de la charité qu’est vérifiée l’authenticité des deux autres missions de l’Église : l’annonce de la Parole de Dieu qui fait naître la foi et la célébration des sacrements et la prière.

La finalisation de ce projet caritatif est encore en discussion.

L’apport des créateurs

La liturgie est tout à la fois louange à Dieu et rassemblement des croyants. Le Millénaire des Fondations ne peut se célébrer sans qu’y soient associés les artistes d’aujourd’hui.

Un art sacré. Que l’art de notre époque et celui de tous les peuples et de toutes les régions soit à même de joindre sa voix à cet admirable concert de gloire que les plus grands hommes ont chanté en l’honneur de la foi catholique au cours des siècles passés.

Les Ordinaires veilleront à ce que, en promouvant et favorisant un art véritablement sacré, ils aient en vue une noble beauté plutôt que la seule somptuosité. Ce que l’on doit entendre aussi des vêtements et des ornements sacrés.

Constitution sur la Sainte Liturgie, n° 123-124.

HAUT MOYEN ÂGE

On relève un effort constant pour mettre à la disposition de la liturgie les objets rendus nécessaires par le rituel. Ainsi, l’évêque Erchenbaldus (évêque de 973 à 983) offre des livres liturgiques dont on conserve un évangéliaire richement orné.

APRÈS 1681

Louis XIV fait réaliser par les demoiselles de Saint-Cyr un « grand ornement » composé d’une chasuble et de plusieurs chapes et dalmatiques, dont la réalisation demande plusieurs années.

EN 1818

Un nouvel ornement de fête est acquis par la fabrique.

EN 2004

À l’initiative de Mgr Joseph Doré, le chœur est reconstruit avec un nouveau mobilier.

EN 2015

Dans la continuité de ces initiatives il est envisagé que la Cathédrale soit dotée d’un ensemble d’ornements contemporains, de vaisselle liturgique nouvelle et d’une « crosse du millénaire » qui sera offerte à l’archevêque. Destinés à la célébration, tous ces objets seront réalisés selon les normes de Vatican II.

Evènements

DE JANVIER À JUIN 2015

• Pèlerinage de chacune des 14 zones pastorales du diocèse - avec accueil, à chaque fois, par un chanoine du chapitre. Un livret du pèlerin aidera à la prière et au chant et comportera des éléments liturgiques relatifs à la chaire, au baptistère, au chœur...

• Multiples actions culturelles en lien avec les collèges et les lycées. Un livret pédagogique aidera à la préparation et au bon déroulement des visites des enfants et des jeunes.

• Messe « Lumière » de Jacques Loussier et «Te Deum» de Berlioz par la Chorale de la Cathédrale sous la direction de Dominique Debès.

• « Il faut marier Maria » : spectacle musical consacré au mariage, en la Cathédrale, de Maria Leszcynska, épouse de Louis XV (avec le Carré d’Art, sous la direction d’Irena Tatiboit, et la

Maîtrise de la Cathédrale, sous la direction de Cyprien Sadek).

15 AoûT 2015

Solennité de l’Assomption Fête patronale de la Cathédrale En la Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, patronne de l’église Cathédrale et de la ville de Strasbourg, les fidèles se souviendront que le 15 août 1942, les scouts et étudiants catholiques évacués font ce vœu, réalisé le 15 août 1946 : « Nous, scouts de la province d’Alsace et étudiants catholiques de l’université de Strasbourg, rassemblés en ce sanctuaire de Notre-Dame du Puy, nous faisons le vœu solennel : le jour où l’Alsace aura été délivrée du joug hitlérien, nous apporterons en pèlerinage jusqu’à la Cathédrale, en sa ville de Strasbourg, cette statue de la Vierge de piété à qui, depuis des siècles, les Strasbourgeois ont demandé intercession et protection. »

DIMANCHE 6 SEPTEMBRE 2015

Solennité de la Dédicace de la Cathédrale, 15h00 Clôture solennelle du Millénaire des Fondations avec les évêques des diocèses voisins et des diocèses liés historiquement au diocèse de Strasbourg (Spire, Mayence, Trèves, Fribourg, Bâle, Stuttgart, Luxembourg, Belfort, Saint-Dié, Nancy, Verdun, Besançon, Saint-Claude...). Si le Millénaire est le signe de la communion des catholiques alsaciens avec leur évêque, il est tout autant le signe de la communion de l’Église de Strasbourg avec toute l’Église. La dédicace du vitrail du chœur de la Cathédrale fait par Max Ingrand et offert à la Cathédrale par le Conseil de l’Europe en 1956 évoque la présence des peuples européens : « Au milieu du XXe siècle, afin de mettre un terme à leurs luttes, les peuples de l’Europe s’assemblèrent à Strasbourg pour accomplir cette œuvre. »