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Au Bal, des Immobiles de Léa Habourdin et de Thibault Brunet

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©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU	©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU
©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU ©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU

Au Bal, des Immobiles de Léa Habourdin et de Thibault Brunet

LES IMMOBILES

EXPOSITION DE LA CARTE BLANCHE PMU 2014 DU 14 JANVIER AU 25 JANVIER 2015

« Bien qu’ayant toujours fait partie de notre paysage, le café PMU évoquait un monde lointain et abstrait vaguement incarné par des images éparses glanées au fil des ans : lieux enfumés où évoluent quelques spécialistes affairés, noms de chevaux sonnant comme des aphorismes abstraits, files d’attente au guichet... d’emblée il nous est apparu évident de partir de ces images mentales plus ou moins fantasmées et, loin de tout relevé documentaire, d’opter plutôt pour la métaphore et l’onirique.

Nous avons donc passé deux mois en immersion dans des petites villes du Pas-de-Calais, allant chaque jour au Rallye, au Café du Rond-point, à L’Alhambra, à La Cravache d’or, au Gallia. dans ces cafés, nous avons appris comment jouer, comment décrypter le journal des courses, comment gagner et comment perdre, les joueurs nous ont conseillés, se sont gentiment moqués de notre ignorance, se sont parfois agacés de nos questions. Nous avons écouté les histoires de chacun, récits parfois surréalistes ou tragiques échangés comme ça, vite fait, au comptoir, comme si de rien n’était. Nous avons été témoins des bons coups, des intuitions géniales, du cheval-miracle, des gains trop rares et des jours sans. Bref, nous avons partagé la vie des turfistes. Sans modération. Les histoires de chasse, les chiens dociles, les blagues à deux balles, les coups de sang, les coups de foudre, le tir ont fait partie de notre vie jour après jour. C’est ainsi que nous sommes devenus des habitués, des amis.

Un jour, un éleveur de pigeons voyageurs nous a montré son pigeonnier, à quelques mètres du PMU, nous expliquant les compétitions, nous montrant ses meilleurs pigeons, des athlètes. Nous étions propulsés dans un monde de course, de vitesse, de précision... Puis nous avons dû quitter les lieux, ce monsieur était en effet en liberté conditionnelle et portait un bracelet à la cheville, « je suis bagué comme mes pigeons, nous a-t-il dit, je dois rentrer le soir ».

Image : ©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU

©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU

©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU

C’est dans cette brèche, ce lien ténu, fragile et tragique qui existe dans ce monde de courses, d’argent perdu, d’argent gagné, d’échanges avec l’ami de comptoir, c’est dans cette brèche entre l’animal en mouvement perpétuel et le joueur immobile, tendu vers lui, entre l’animal dehors et l’homme dedans que nous nous sommes jetés. Montrant les pigeons de course comme s’il s’agissait de chevaux, comme s’ils incarnaient, à eux seuls, la métaphore que nous cherchions.

C’est munis d’un piège photographique, d’une caméra de console de jeu et d’un appareil compact argentique que nous avons travaillé.

Le piège photographique est un outil d'observation du monde dit sauvage, utilisé par les chasseurs ou les biologistes. Son capteur infrarouge détecte le mouvement et la chaleur et son capteur d’image se déclenche chaque fois que quelqu’un ou quelque chose passe dans son rayon. Posé ici ou là dans un PMU, il va se déclencher en moyenne toutes les 4 secondes. Il permet des cadrages proches, au ras du sol, derrière le bar, dans une boîte. C’est un travailleur solitaire, une fois posé là tout le monde l’oublie et lui, il enregistre ce qui advient, en courtes séquences.

La caméra de console de jeu elle aussi est dotée d’un capteur infrarouge mais pour scanner en 3d. Elle sert habituellement à détecter le corps d’un joueur qui bouge devant la télé pour reproduire ses mouvements au sein du jeu. Associée à un logiciel adéquat, elle scanne et transmet des fragments d’espace, des objets ou des bouts d’architecture : guichets, coins de salles, néons... Tous flottant dans la page. Ils ont l’air d’avoir été dessinés, de sortir d’un croquis préparatoire à une huile sur toile. Les contours sont francs mais la matière s’étiole par endroits, laissant apparaître par transparence le fond de l’image. L’empreinte du décor des PMU devenue fragile, instable, évanescente.

Enfin l’appareil argentique perçoit les gestes trop brusques, s’émeut d’un drapé de blouson, d’un reflet dans un portefeuille en cuir, de chevilles croisées l’une sur l’autre, il montre la chair, l’environnement clos, l’air chargé d’impatience.

Les Immobiles est un projet mythologique, une danse entêtante. Les archers y sont comme des gardiens, les oiseaux comme des hommes libres et les turfistes évoluent au milieu d’un espace qui se volatilise doucement. de cet ensemble de prises, d’images volées, d’images scannées, de vidéos scandées en ressort un monde qui touche, qui émeut, un monde que nous avons aimé. »

Léa Habourdin et Thibault Brunet

©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU

©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU

« Nous avons appris comment jouer, comment décrypter le journal des courses, comment gagner et comment perdre. » Léa Habourdin et Thibault Brunet

Léa Habourdin et Thibault Brunet

« Les histoires de chasse, les chiens dociles, les blagues à deux balles, les coups de sang, les coups de foudre, le tir ont fait partie de notre vie jour après jour. » Léa Habourdin et Thibault Brunet

Léa Habourdin et Thibault Brunet

« C’est munis d’un piège photographique, d’une caméra de console de jeu, et d’un appareil compact argentique que nous avons travaillé. » Léa Habourdin et Thibault Brunet

Léa Habourdin et Thibault Brunet

LEA HABOURDIN

léa habourdin, née en 1985, a grandi dans le nord de la France et a étudié l’estampe et le dessin à l’Ecole Supérieure d’Art et Industries Graphiques ESTIENNE à Paris puis la photographie à l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles. dans son travail, elle s’intéresse à ses contemporains par le prisme d’une approche scientifique mêlée à l’observation de l’intime. En 2011, la série Cahier de doléances, exposée lors des rencontres d’Arles, a reçu le Prix du jury des Boutographies (Rencontres photographiques de Montpellier) et la Bourse du Talent. En 2013, son travail Preuves objectives I : notes sur l’attraction est présenté pour la première fois au Lianzhou foto festival. En 2014, elle expose Cahiers de doléances à Berlin dans la galerie EXP 12. Ce travail donnera naissance en janvier 2015 à la publication Les Chiens de Fusil.

THIBAULT BRUNET

Thibault brunet né en 1982, est titulaire d’un Master de l’école Supérieure des beaux-arts de Nîmes. En 2008, sa première série, vice City, réalisée à partir d’un jeu vidéo, fait partie de l’exposition reGeneration 2 : Photographes de demain, au musée de l’Elysée de Lausanne. En 2012, ses travaux vice City et FPS sont exposés simultanément pendant les Mois de la Photo à Paris (Galerie Binöme), Berlin (Computer Spiele Museum) et vienne (MUSA). Récemment, ses dernières séries, First person shooter et Landscapes, ont été publiées et exposées parmi les Talents FOAM 2013 et présentées dans le cadre de la 12ème biennale de Lyon. En 2014, il participe à la mission photographique France(s) Territoire liquide exposée au Tri Postal à Lille. Thibault Brunet est représenté par Galerie Binôme à Paris et Heinzer-Reszler à Lausanne.

©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU

©Léa Habourdin & Thibault Brunet / Carte blanche PMU

INFORMATIONS PRATIQUES

LE BAL

6, Impasse de la défense 75018 Paris

Métro : Place de Clichy lignes 2 et 13 Bus : 54, 74, 81, arrêt Ganneron Parking Rédélé : 11 rue Forest, 75018

+33 (0)1 44 70 75 50

HORAIRES D’OUvERTURE

Mercredi au vendredi 12H-20H Nocturne le jeudi jusqu’à 22H Samedi 11H-20H dimanche 11H-19H

TARIfS

4 euros


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