En 2014, plus de 80% de familles sous le seuil de pauvreté, en insécurité alimentaire…
Voilà à la veille des fêtes de fin d'année, intervalle festif entre deux réalités désolantes, celle d'avant et celle d'après, le blog a souhaité éditer les résultats d'une étude alarmante pour le compte de l'ENFAMS (Enfants et Familles sans logement en Ile-de-France) menée par l’Observatoire du Samusocial de Paris qui révèle une situation humanitaire et sociale catastrophique en cette année qui va s'achever, 2014.
Elle y observe que plus de 80% de familles sous le seuil de pauvreté, près de 8 familles sur 10 et 2 enfants sur 3 sont en insécurité alimentaire, 29% de mères souffrant de dépression, et aussi une prévalence de l’obésité bien supérieure à la population générale... : si les résultats de cet étude rappellent que l’hébergement à l’hôtel ne constitue pas une solution pour ces familles, elles relèvent plus encore les incapacités de nos politiques à défier dans ce 21ème siècle la pauvreté et donc les inégalités mais au contraire d'y mener à l'évidence vers un paroxysme du désespoir qu'ils suscitent. Se cacher sous les affres d'une économie mondiale en berne et mettre ces vertus pitoyables dans les antres de Bruxelles qui se perd dans l'impasse du tout libéral ne sont qu'une ineptie qui ne trompe personne. Ou comment le degré nul des politiques sont parvenus à confondre ''offre et demande'' en ne s'intéressant uniquement qu'aux enjeux de la capitalisation boursière et monétaire et comment thésauriser ces opportunités, abandonnant ainsi l'économie du réel... Celle de la production-consommation. Bref, pour reprendre une citation d'Alain « La loterie plaît, parce qu'elle tire l'inégalité de l'égalité; l'assurance déplait parce qu'elle fait justement le contraire. » « Alors (pour clore ce chapitre), il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur les réalités. Bien entendu on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe ! », « l’Europe ! », « l’Europe ! » mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. Je répète: il faut prendre les choses comme elles sont. (…) Alors vous en avez qui crient: " Mais l’Europe, l’Europe supranationale ! Il n’y a qu’à mettre tout cela ensemble, il n’y a qu’à fondre tout cela ensemble, les français avec les allemands, les italiens avec les anglais, etc. " Oui, vous savez, c’est commode et quelques fois c’est assez séduisant, on va sur des chimères, on va sur des mythes mais ce ne sont que des chimères et des mythes; Mais il y a les réalités, et les réalités ne se traitent pas comme cela. Les réalités se traitent à partir d’elles-mêmes. » s'exclamait le Général de Gaulle........
Alors place à une grande et nouvelle classe sociale que l'Europe a instauré celle à 500 euros composée de toutes les tranches d'âges qui jongle entre survie financière et précarité....... La chimère de Bruxelles appuyée sur l'illusion ''méritocratique'' ou subsiste que très peu d'espoirs nous rouvre un livre que l'histoire a déjà écrit, celui d'un retour aux inégalités puissantes, un retour à la concentration du capital extrême. A l'orée de nouveaux chocs sociaux plus lourds, qui peut croire en cette démocratie ? Qui ? Si ce n'est que nos politiques fusent le déni de démocratie avec des inégalités proclamées sur les droits du citoyen par des contingences arbitraires. Ces inégalités ont toujours existé mais quand elles suivent le tracé de principes universels et rationnels elles en deviennent justes et utiles à toute la société. Il ne s'agit pas d'être anti-européen, il s'agit, ni plus ni moins de rendre aux peuples leur légitimité ainsi que leur souveraineté. Le modèle de globalisation libérale proposé par tous nos gouvernements ne répond pas aux attentes et va même jusqu'à nier les intérêts des sociétés. Sans être nostalgique d'époques plus ''glorieuses'' car de tous temps des clochards ont erré et errent encore, c'est le visage de la pauvreté, en 2014, qui marque encore plus la consternation. Un retour à la société décrite par l'un des plus grands écrivains que la France est connu Balzac. De la description originelle à la réalité ‘’capitale’’, de ces pauvres gens exploités et de ces élites dont le seul travail constitue à rendre le meilleur taux au rendement de leurs capitaux. N’est-ce pas là les symptômes de notre société du 21ème siècle. La pensée moraliste qui consiste à nous faire croire que le libre-échange et la libre-concurrence règleront les travers de l’inégalité est révolue, elle devrait plutôt se pencher vers la réflexion d’une réelle démocratie loin des exigences des marchés économiques, loin aussi des institutions, celle qui ne peut se résumer à la notion de propriété et à son rendement étroitement liée aux mécanismes de la croissance.
Sans s'étendre plus longtemps sur ce constat consternant, seule la réalité compte et les chiffres font parler. Selon un autre rapport de l'Unicef, en France, 440 000 enfants sont passés sous le seuil de pauvreté entre 2008 et 2012. Il s'agit là d'une génération, une de plus, sacrifiée encore plus vulnérable...
Pour re-situer l'étude du Samusocial, la dénonciation de l’hôtel comme solution inadaptée pour l’hébergement des familles n’est pas nouvelle. Les résultats de l’étude ENFAMS viennent cependant y adjoindre un constat scientifique.
Ces résultats révèlent une situation humanitaire et sociale catastrophique, qui demande une réponse urgente des pouvoirs publics.
Menée au premier semestre 2013 auprès de 800 familles hébergées, cette enquête montre que près de 10 % des familles souffrent de graves carences alimentaires avec des conséquences dramatiques pour le développement des enfants. Outre le manque d’infrastructures sanitaires élémentaires pour 30% des familles, l’étude montre que l’accès aux soins est limité (20% n’ont pas d’assurance maladie) avec un taux important de grossesses non déclarées et 29% des mères qui souffrent de dépression. L'obésité, conséquence directe de la mauvaise alimentation, touche un tiers des mères et un quart des enfants.
De plus, le déménagement fréquent des familles, d'hôtels en hôtels provoque un taux de non scolarisation 10 fois plus important que dans la population générale, avec 41% des enfants qui sont obligés de partager leur lit avec un de leurs parents.
Alors que ces familles sont en danger, l'orientation des ménages sans abri vers l'hôtel ne cesse de progresser (+85% entre l’été 2013 et l’été 2014, selon les chiffres du baromètre 115 estival de la FNARS), avec, pour Paris et la première couronne, une dépense estimée à 160 millions d’euros en 2014. A Paris et en première couronne, ce sont près de 28 000 personnes qui sont condamnées à vivre dans ces conditions indignes, sans perspective de sortie vers un logement stable ni possibilité d’insertion.
Le Samusocial de Paris a engagé un travail d’amélioration de la qualité des hébergements et entend le poursuivre en favorisant l’implantation dans les établissements d’un espace de vie collective, d’une buanderie et d’une cuisine, en veillant à ce que le nombre de lits soit adapté à la composition familiale, et en mettant en place une distribution de paniers petit-déjeuner. Un travail sur l’information des familles a également été engagé, et se poursuivra avec des actions facilitant l’accès aux ressources de proximité (entre autres pour se nourrir, et se soigner). De même, l’Etat a initié des actions d’accompagnement social avec la Croix-Rouge française, qui devront se généraliser à l’ensemble des familles hébergées à l’hôtel.
Si l’hébergement en hôtel comme solution transitoire peut avoir un sens pour compenser la saturation des dispositifs d’accueil de migrants, et l’insuffisance de structures adaptées dans le dispositif d’urgence et de réinsertion, il est inadapté sur le long terme. Or les familles qui y sont orientées s’y installent souvent pour de longues années. Pour les familles hébergées à l’hôtel depuis plus de cinq ans, comme c’est le cas de 545 familles hébergées aujourd’hui par le Samusocial de Paris, il est urgent de trouver des solutions offrant des conditions de vie dignes et compatibles avec l’épanouissement de leurs enfants.
A lui seul, le Samusocial de Paris héberge ainsi chaque nuit 9 850 familles, soit 28 500 personnes en Ile-de-France et continue d’accueillir 20 nouvelles familles par jour, alors que les disponibilités dans le parc hôtelier arrivent à épuisement et laisse aujourd’hui à la rue chaque soir plusieurs dizaines de familles. Or des solutions adaptées aux besoins des familles et souvent moins coûteuses existent. Sous l’impulsion de l’État, et avec ses partenaires, un plan d’action doit être déployé rapidement :
• développement de l’hébergement en appartements partagés entre plusieurs familles
• développement de places en CADA ou dans d’autres dispositifs spécifiques d’accueil pour les familles demandeuses d’asile
• développement d’une offre de résidences d’accueil gérées par les bailleurs sociaux ou les acteurs associatifs
• accélération des sorties de l’hébergement en hôtel par l’accès à Solibail, à Louez solidaire, aux résidences sociales, au parc social....
Créé pour aller vers ceux qui, éloignés de tous les dispositifs, ne demandaient plus rien, le Samusocial de Paris fait depuis plusieurs années face à une évolution des publics sans-abri : aux exclus du système économique, aux victimes de la crise en France et en Europe, aux femmes victimes de violences conjugales, s’ajoutent les personnes qu’un conflit ou qu’une extrême pauvreté conduit à choisir l’exil et qui, arrivés sur le territoire français, trouvent le 115 et l’hébergement d’urgence comme unique ressource. A la fois saturés et inadaptés à l’accompagnement de publics aux besoins spécifiques, les dispositifs d’urgence éprouvent les limites de leurs capacités et, comme l’étude ENFAMS le montre, placent les familles en situation de souffrance. A l’heure où l’ensemble des acteurs du champ de l’urgence s’interroge, une conférence de consensus est nécessaire pour repenser l’articulation entre les politiques d’hébergement et d’accueil des migrants.
L’enquête ENFAMS a été réalisée avec le soutien de l’ARS, du Cancéropôle Ile-de-France, de la CNAF, de la Fondation de France, de la Fondation MACIF, de la Fondation Sanofi Espoir, de l’INPES, de l’IReSP, de l’InVS, du Ministère de l’Intérieur, de l’ONED, de Procter & Gamble, de l’UNICEF et de State Street.
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