Retour sur 3 visions de la ‘’Ville ADAPTABLE’’ à travers Paris-saclay / CAMPUS-VALLÉE : Part.5
Le blog, ayant présenté succinctement les lauréats de la 12ème session d’EUROPAN, a donc souhaité publier ces 21 visions prospectives, à travers les sept sites français.
Le thème de la ‘’Ville adaptable’’ correspond aux réflexions de notre société en perpétuel mouvement. Les questionnements sociétaux à l’échelle d’un territoire ramènent d’une manière plus singulière à réfléchir sur nos modes de vies, nos usages, nos quotidiens à travers les rythmes et respirations de la ville.
Cette partie est donc consacrée au site de Paris-saclay / CAMPUS-VALLÉE.
Localisation :
Bures-sur-Yvette – territoire de Paris-Saclay
Population :
Bures-sur-Yvette 9 900 hab. - Orsay 16 600 hab. Université Paris-Sud 27 000 étudiants et 2 500 enseignants-chercheurs
Site de réflexion :
290 ha
Site de projet :
33,5 ha
Site proposé par :
Établissement Public Paris-Saclay (EPPS) avec les partenaires suivants sur le projet : Université Paris-Sud, les communes de Bures-sur-Yvette, Orsay, Communauté d’agglomération du Plateau de Saclay, CROUS, État
MAÎTRISE DU FONCIER :
État
SUITES DONNÉES AU CONCOURS :
Étude urbaine, maîtrise d’œuvre d’espaces publics, maîtrise d’œuvre architecturale en relation avec les partenaires
COMMENT LE SITE RÉPOND AU THÈME DE LA VILLE ADAPTABLE
Paris-Saclay sera, dans un avenir proche, un cluster mondial de l’innovation, mis en réseau avec l’ensemble des pôles de développement de la métropole parisienne reliés par le nouveau métro Grand Paris Express.
Il reposera sur les interactions entre enseignement supérieur, recherche et entreprises au service de la création d’emploi et de la croissance. Pour ce faire, le projet s’appuie sur les richesses et les potentiels du vaste territoire du sud de Paris, qu’il s’agit d’adapter à ce triple défi : intensifier pour innover, décloisonner pour relancer, concilier nature, science et ville au bénéfice d’une grande qualité de vie. La ville adaptable à Paris-Saclay c’est : un nouvel équilibre ville et nature qui offre les aménités d’une ville centre dans un cadre valorisant les espaces naturels ; une intensité urbaine, facilitant les pratiques communes et les rencontres entre tous les publics ; une gestion économe des espaces par la compacité et les mutualisations des espaces et des équipements publics ; un aménagement ouvert laissant la place aux évolutions sociologiques et à l’innovation. Le site de projet soumis à Europan a vocation à intégrer la dynamique de l’opération d’intérêt national Paris-Saclay qui a fait l’objet d’un accord entre l’État et les collectivités acté dans un schéma de développement territorial, et qui, d’ores et déjà, se traduit par des programmations urbaines et immobilières phasées.
CARACTÉRISTIQUES DU SITE
Le site de réflexion du campus de la vallée et les centres villes limitrophes de Bures-sur-Yvette et d’Orsay s’inscrivent plus largement dans le bassin de vie de la vallée de l’Yvette [de Palaiseau à Saint-Rémy les Chevreuse], et s’articulent avec les premiers développements de Paris-Saclay sur le plateau, au nord des coteaux non-bâtis. Implanté dans un site naturel protégé, le site jouit d’un paysage de grande qualité. Il souffre cependant du manque de liaisons entre la ville et l’université, et d’un aménagement insuffisant des espaces publics. En l’état, il n’offre pas les aménités que l’on peut espérer de la part d’une ville universitaire.
Le site de projet, extrémité ouest du site de réflexion, est à l’articulation du tissu urbain de Bures-sur-Yvette et d’un des pôles d’enseignement du campus vallée destiné à être renforcé par le regroupement des activités d’enseignement. Il dispose de tous les atouts pour connaître une évolution qualitative, et ce, à court terme. Situé sur deux bras de la rivière de l’Yvette et sur deux voies de desserte, Nord-Sud et Est-Ouest, il accueille 3 résidences étudiantes de 300 chambres chacune (dont 2 à rénover), un pôle sportif grand public et étudiant, un café associatif, la future maison des associations étudiantes et un bâtiment libéré.
Stratégie des partenaires
Site historique de la recherche scientifique française, le campus de l’Université Paris-Sud dans la vallée de l’Yvette invente la troisième génération des universités. Les communes de Bures-sur-Yvette et d’Orsay, sur lesquelles il est implanté, encouragent l’ouverture du campus et le développement des liens avec les tissus urbains environnant. L’EPPS accompagne les acteurs et garantit la cohérence du projet d’ensemble, notamment avec le projet urbain du sud du plateau de Saclay. L’entrée ouest du campus, désignée site de projet Europan, a été identifiée par l’ensemble des partenaires comme propice, à court terme, à la mise en œuvre du campus adaptable. Elle profite notamment de la convergence de plusieurs projets déjà engagés par les partenaires, la redynamisation par Bures-sur-Yvette de son centre-ville limitrophe, la rénovation/extension par le CROUS, propriétaire-gestionnaire, de deux résidences étudiantes, la création d’une nouvelle voie connectant la ville à l’université, la mutation possible d’un bâtiment en façade de cette voie, et le renforcement de l’accueil des activités associatives étudiantes au travers d’un projet de Maison de l’Étudiant, soutenu par la Région Île-de-France.
ADAPTABILITÉ:LESPRINCIPAUXÉLÉMENTS À PRENDRE EN COMPTE
Si les objectifs sont communs à l’ensemble des sites qui participent du projet Paris-Saclay, chacun d’entre eux se développe en fonction de ses caractéristiques propres, à partir des orientations définies par Michel Desvignes (paysagiste, grand prix de l’Urbanisme 2011) à l’échelle de l’OIN et déclinées sur le sud du plateau. Pour
le site Europan, le campus urbain adaptable s’imagine au regard des particularités suivantes:
1 - un paysage naturel de qualité mais peu vécu : les espaces naturels sont omniprésents, leur mise en valeur doit devenir un levier d’attractivité. L’appropriation de ces espaces par le public, sans amoindrir leur protection, est l’opportunité d’un partage du site par de multiples usagers.
2 - un site occupé mais peu habité : le développement de l’intensité urbaine du site peut s’appuyer sur la présence de résidences étudiantes, qui seront complétées par de nouveaux programmes résidentiels.
3 - un lieu traversé mais peu animé : le site n’est généralement que traversé pour des besoins fonctionnels, ce qui ne permet pas aux services, commerces ou offres de loisirs de se développer. Proposant dès lors peu d’activités, le site ne capte pas ses usagers, pourtant nombreux, et qui le fréquentent semaine et week-end. Pour favoriser la diversité des usages au sein du site, il est nécessaire d’atteindre la masse critique qui attirera le développement d’activités intéressant tous les publics : étudiants, chercheurs, familles.
Pour inventer de nouvelles formes de dialogue ville-nature et ville-université et pour offrir aux usagers tout le potentiel de richesse de ce site, les candidats viseront:
1 - à favoriser les porosités avec le centre-ville de Bures- sur-Yvette et à développer l’appropriation du site par tous.
2 - à constituer des polarités compactes pour une plus grande intensité urbaine dans le campus en complémentarité des lieux du quotidien du centre-ville tels que les gares et rues de la ville;
3 – à concilier les modes de déplacement et à rendre plus confortable la pratique à pied du campus.
4 – à optimiser les consommations foncières et à mutualiser les fonctions.
5 – à valoriser les espaces naturels.
6 – à favoriser une plus grande animation du campus par des lieux de pratiques communes avec des temporalités différentes, permettant une mutualisation des usages.
Ils proposeront pour le site de projet :
1 – une stratégie d’aménagement et une programmation spatiale, à court et à long terme.
2 – des principes d’aménagement des espaces publics, de loisirs et de circulation.
3 - un scénario de reconversion/démolition du bâtiment libéré.
4 – un projet architectural de niveau esquisse pour l’hébergement permanent d’au moins 200 étudiants et pour l’accueil temporaire d’enseignants-chercheurs et de leurs familles.
Lieu(x) de négociation(s) - Lauréat
Un constat simple, que d’autre sont formulé avant nous : la ville déborde très largement ses concepteurs. La véritable qualité urbaine dépend de sa conception initiale comme de l’appropriation habitante. Elle ne se détermine pas mais s’affine au jour le jour, se réinvente sans cesse. Aussi, pour le concepteur, il s’agit de ne pas confondre le chemin et la destination. C’est à ce titre que Saclay à retenu notre attention.¶ Nous concevons la Ville-Campus comme un cadre de négociations permanentes entre les différents acteurs du territoire. Définir ce cadre de négociations est une réponse à la complexité du jeu d’acteurs — puisque rien ne se fait seul (gouvernances, tensions politiques, conflits entre les intérêts locaux et nationaux), et une réponse aux aléas programmatiques et financiers du projet de cluster — puisque rien n’est certain (Grand Paris Express, Plan-campus, arbitrages gouvernementaux, investisseurs privés...) comme aux problématiques environnementales — puisque rien n’est uniquement humain (Plan de prévention des risques d’inondation, Site naturel classé, Espace naturel sensible...).¶ Ce cadre de négociations se matérialise en cinq lieux de projet, cinq plateformes qui sont l’occasion:
• de réglages entre la vocation métropolitaine du site et sa pratique au quotidien
• de convergences entre les dynamiques naturelles (l’Yvette et les résurgences du plateau, les écosystèmes remarquables, la microtopographie...) et les dynamiques urbaines (projet du centre-ville élargi en vallée, programmes universitaires sur le coteau, expérimentations du plateau...)
• de proposer un ensemble de principes pour que ce fragment de métropole acquiert et conserve une certaine plasticité, qu’il demeure adaptable «dans sa chair».
Prenons l’exemple de la mobilité qui est au centre de notre proposition : dans un premier temps, les déplacements sont organisés autour d’un axe piétonnier et cyclable nord/sud – le chemin le plus court pour relier la ville et le plateau. En fonction de l’actualité du cluster ou des collectivités, cet axe a la capacité d’évoluer vers un mode de déplacement plus « lourd » (de type téléphérique) et/ou se voir complété par un système de desserte secondaire (bus, voire tramway). Ce dispositif permet de faire évoluer le schéma de transport au plus près des besoins immédiats du site tout en s’inscrivant dans le cluster Paris-Saclay de demain.¶ La négociation est une démarche qui s’inscrit dans l’histoire de Saclay – lieu qui s’est illustré dans l’art du compromis notamment dans les années 1960 où une entente remarquable est trouvée entre une vocation de préservation (site naturel classé du domaine de Launay) et une vocation universitaire (Faculté des Sciences d’Orsay). Cette entente unique aboutit à une architecture homogène sur cinq paliers (100-200-300-400-500) à flanc de coteau.¶ Aujourd’hui nous souhaitons réveiller et prolonger cette histoire : cinq plateformes de projet, cinq lieu(x) de négociation(s).
L’avis du jury
Une structure urbaine devant permettre le développement du site est mise en place autour d’un axe majeur N-S, chemin le plus court entre la ville et le plateau. Il est complété par un tracé sinueux E-O qui s’appuie sur les voies existantes pour créer une ligne de bus. En reprenant l’idée de la signalétique préexistante basée sur les altimétries, cinq plateformes programmatiques de développement progressif sont identifiées sur l’axe. Le jury a souligné les ambitions de liaisons entre la ville et le plateau développées par ce projet. Il a apprécié la démarche mise en place, capable de réunir l’ensemble des acteurs. La proposition d’un téléphérique reliant la vallée au plateau a été jugée très pertinente au regard des enjeux de liaisons pour les étudiants et le personnel universitaire. La logique de plateaux de densification offre une lecture fine de la topographie et des usages du site.
L’équipe :
Collectif Georges
Représentant de l’équipe
Yvan Okotnikoff, architecte FR
Associés
Thibault Barbier, ingénieur paysagiste - urbaniste FR Aurélien Delchet, architecte FR Mathieu Delorme, ingénieur paysagiste - urbaniste FR Thomas Nouailler, architecte urbaniste FR
Coordonnées de l’équipe
Yvan Okotnikoff 15 Bd de Picpus 75012 Paris, France contact@collectifgeorges.fr www.ateliergeorges.fr
Le collectif Georges est une plateforme pluridisciplinaire d’échanges permanents autour de la « fabrication » de la ville et des territoires. Elle associe des profils à la fois différents et engagés, qui inventent et expérimentent de nouvelles façons d’observer et de concevoir le projet urbain avec, comme profonde conviction, la fertilité des échanges.¶ À chaque situation, le collectif s’adapte et se structure autour d’une équipe resserrée, adaptée au contexte et au sujet donné. Sur le site de Paris-Saclay, le collectif est représenté par l’association d’architectes-urbanistes - Yvan Okotnikoff, Aurélien Delchet et Thomas Nouailler –, et d’ingénieurs paysagistes - Thibault Barbier et MathieuDelorme.¶ YvanOkotnikoff, Aurélien Delchet et Thomas Nouailler sont diplômés de l’ENSA de Clermont-Ferrand. Ils ont collaboré pendant 5 ans à l’agence Obras Paris sur des projets urbains (le faisceau à Nanterre - EPADESA) et de stratégies de territoires (étude Seine-Aval-EPAMSA). ¶ Thibault Barbieret Mathieu Delorme se sont rencontrés à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois. Diplômé du DSA de l’ENSAVT de Marne-la-Vallée, Thibault rejoint l’agence Obras Paris avant de coordonner localement la seconde étape du projet de l’île de Nantes au sein de l’équipe uapS+Smets. Mathieu, titulaire du mastère spécialisé management urbain de l’ESSEC a développé l’agence parisienne d’INterland en prospective et stratégie territoriale (Schéma d’aménagement 2030 du Mantois - CAMY, Atelier des Territoires - Ministère de l’égalité des territoires et du logement, DREALBourgogne).¶ Le collectif est déjà lauréat de l’édition Europan sur le site de Savenay (Loire-Atlantique) et poursuit aujourd’hui l’expérience en tant que titulaire de l’accord-cadre de maîtrise d’œuvre urbaine. Europan, constitue pour nous un formidable laboratoire d’idées et un véritable moyen d’accès à la commande pour de jeunes professionnels.
Reversing the grid - Lauréat
Le site de Paris - Saclay invite à penser le projet urbain, non comme un exercice formel, mais davantage comme un processus d’activation de relations entre différentes échelles de territoires. Le projet que nous proposons est donc avant tout un projet de territoire qui s’appuie sur les spécificités et les caractères du site.¶ La recherche de cohérence territoriale est ici double et doit être pensée aussi bien vis-à-vis des développements importants du plateau de Saclay que des villes et quartiers existants de la vallée de l’Yvette. Dans un souci de continuité, notre proposition s’est construite comme le pendant du projet urbain développé sur le plateau en proposant une forme d’inversion des concepts de projet de l’équipe XDGA/ Desvignes : la grille urbaine du plateau devient une grille naturelle sur le coteau et dans la vallée. Les espaces universitaires existants, réintégrés dans cette grille, s’apparentent aux espaces publics du plateau, en consti- tuant des clairières universitaires au cœur de la densité paysagère. Enfin, la notion de nature intermédiaire laisse place, au contact des villes existantes de la vallée, à celle de « ville intermédiaire ». Ce principe d’organisation en trois « milieux » spécifiques est un outil fort permettant de répondre de manière claire aux grandes problématiques de mutation du site.¶ La grille naturelle, système à la fois très souple et très structurant, est une réponse concrète au manque de lisibilité et de praticabilité des espaces paysagers pourtant remarquables de la vallée. Il ne s’agit pas au travers de ce dispositif de nier les réalités géographiques et paysagères, mais davantage de les révéler en imaginant des « tensions » entre l’existant (micro-topographie, patrimoine végétal) et la grille elle-même.¶ Le concept de la clairière universitaire questionne la difficile prise en compte de la réorganisation des occupations universitaires sur un temps long. Devant la tendance à l’autonomisation des bâtiments existants vis-à-vis de l’espace public devenu simple espace d’accompagnement, la clairière prend la forme d’un sol continu, aux limites claires et lisibles. Un sol qui met davantage en relation les bâtiments entre eux et intègre la question du stationnement.¶ La «ville intermédiaire»ambitionne quant à elle de créer davantage d’interfaces entre le campus Paris-Sud et les quartiers existants. Elle s’appuie pour cela sur une programmation mixte, associant équipements, logements étudiants, logements sociaux et en accession, commerces... ¶ Ces trois «milieux» sont certes interdépendants, mais chacun possède une logique propre, ce qui est à notre sens un gage de grande adaptabilité du projet. Parler de « milieux » différenciés, c’est aussi une manière de poser la question des rythmes qui est très pertinente pour ce territoire. Chacun des « milieux » définis dans le cadre de notre projet possède un temps de développement et de fonctionnement particulier, ouvrant la possibilité de voir se développer ici une forme de coexistence entre différents rythmes.
L’avis du jury
Ce projet veut faire du plateau et de la vallée un ensemble cohérent avec deux territoires qui s’équilibrent. Il propose un « miroir » du projet d’OMA sur le plateau, où la densité urbaine est remplacée par la densité naturelle, par la création de trois milieux. Il répond :
- à la nature intermédiaire par la ville intermédiaire, - aux espaces publics du plateau par des clairières universitaires,
- à la grille urbaine par une grille naturelle. Le jury a jugé la stratégie de mise en relation du plateau, de la ville et de l’université très juste. L’armature spatiale, en miroir du projet du plateau, a été perçue comme un concept à la fois puissant et adaptable, à même de pouvoir resserrer l’espace distendu et de clarifier la structure viaire du site. Il a par ailleurs apprécié la densification proposée sur les franges du campus, qui ouvre la porte à une mixité habitants-étudiants.
L’équipe :
TU-DU
Représentante de l’équipe
Maia Tüür, architecte urbaniste est
Associé
Yoann Dupouy, architecte urbaniste FR
Coordonnées de l’équipe
TU-DU 95 rue de la Roquette 75011 Paris, France contact@tu-du.fr www.tu-du.fr
Maia Tüür a commencé sa formation d’architecte à l’école des Beaux-Arts de Tallinn en Estonie, avant de poursuivre son cursus à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette où elle a obtenu son diplôme en 2005 avec mention très bien. Après avoir travaillé, entre 2004 et 2009, au sein de plusieurs agences parisiennes (Périphériques, Jacques Ferrier, Valode & Pistre...), elle rejoint en 2009, l’agence Pierre Gautier Architecture (PGA) où elle suit quatre années durant les travaux du laboratoire « Phosphore » – projet de recherche-développement sur la ville durable mené par le groupe Eiffage. Les différentes sessions du programme, lui permettront de travailler sur plusieurs grandes métropoles françaises : Marseille, Strasbourg et Grenoble. En 2013, Maia décide de se consacrer pleinement à son activité libérale faisant se croiser différentes perspectives, de l’échelle urbaine à celle du design d’objet. ¶ Yoann Dupouy, géographe de formation, est diplômé du magistère Aménagement et Urbanisme de l’Université Paris IV en 2003. Après une rapide collaboration au sein de la mission Prospective de la RATP (Régie autonome des transports parisiens) sur des questions d’insertion urbaine de différents modes de transports publics, il rejoint l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette dont il sort diplômé avec mention recherche. En 2006, Yoann rejoint l’Atelier Pranlas Descours Architectes au sein duquel il conçoit, développe et suit encore aujourd’hui les principaux projets urbains : Quartier des Rives de la Haute Deûle à Lille, Requalification des centres anciens de Villeneuve-Saint-Georges et de Nice. ¶ Maia Tüür et Yoann Dupouy se sont rencontrés en 2007 dans une agence d’architecture au sein de laquelle ils ont travaillé ensemble sur différents projets. Mais leur première véritable collaboration date de 2010 lors d’un concours lancé à Tallinn (Estonie) pour le réaménagement des abords du musée d’architecture d’Estonie.¶ En 2014, Maia Tüür et Yoann Dupouy fondent l’agence TU-DU qui a vocation à intervenir sur différentes échelles de projets et de territoires.
Concentrer / Morceler : 2 figures structurantes pour un développement différencié
Véritable morceau de géographie, grande institution publique, la beauté évidente du site et du programme de « Campus-Vallée » est pourtant largement sous valorisée, voire invisible. Addition aléatoire de bâtiments isolés perdus dans une nature trop grande, avec, pour seule structure et espaces publics, la desserte routière ; immense mais isolé, il est peu accessible et sans articulation avec le centre-ville de Bures-sur-Yvette tout proche et cherchant à se développer. Un problème d’échelle relative et de lisibilité aboutit à une situation paradoxale et déséquilibrée. ¶ Sa restructuration repose sur deux figures complémentaires (cours et lanières) permettant à la fois de révéler le grand paysage et de développer un programme différencié guidé par l’université et la volonté de rationalisation, par la ville et la volonté d’ouverture. Rassembler, réduire, resserrer le territoire de l’Université dans un archipel minéral des cours universitaires ouvertes sur la rivière permet de replacer l’eau au cœur du campus et offre un nouvel espace universitaire lisible, cohérent, animé. Répartir, étendre, morceler les éléments d’une programmation universitaire et urbaine (à dominante sportive et ludique), puis les étirer jusqu’à la ville dans les lanières, bandes paysagères de 24 m de large, très végétales, traversant le site de la rivière jusqu’au coteau, permet de structurer un grand parc, en maîtrisant la répartition et le dimensionnement des programmes. Les cours sont propices aux mutualisations, aux rencontres, à l’animation d’un site universitaire ; les lanières permettent l’ouverture sur la ville, l’épanouissement du paysage, les circulations entre ville et campus, les usages partagés.¶ Elles s’imposent enfin comme une structure forte assurant la cohérence du développement d’un projet long et complexe, mêlant une multiplicité d’acteurs. Le projet immédiat consiste alors à faire émerger rapidement ces dispositifs sur le site pilote, en s’appuyant sur les premiers programmes prêts à s’installer (les logements universitaires), associés à la recomposition du pôle enseignement existant et à la rénovation du paysage et des espaces publics. La formation d’un sol minéral, la relocalisation des fonctions pédagogiques et les nouvelles résidences étudiantes construisent les cours à partir des bâtiments et des parkings existants. Les premières circulations et plantations, les programmes de plein air, les nouveaux logements individuels universitaires s’inscrivent dans les lanières.¶ Les figures se développent ensuite et se généralisent sur tout le campus : surélévation, densification et apparition de nouvelles cours, maturation du paysage, nouveaux programmes, déploiement des circulations vers le centre-ville et le plateau dans les lanières. Adaptable parce que « différencié », le projet affirme autant l’intensité du programme que la porosité du site. Adaptable car conçu comme un processus, son développement sera d’autant plus souple qu’il aura lieu à l’intérieur d’une structure solide.
L’avis du jury
La qualité de ce projet réside dans la mise en place de deux figures urbaines complémentaires :
- des cours orientées sur la rivière et formées par l’agglomération de nouveaux programmes autour des bâtiments existants. Elles sont implantées sur les espaces déjà imperméabilisés des parkings. Elles proposent des choix programmatiques : cours-campus, cours-résidences (logements étudiants).
- des lanières, bandes paysages Nord-Sud de 24 m de large, du plateau jusqu’à la rivière, installées dans la topographie. Elles peuvent être bâties ou non bâties, et accueillent des logements individuels pour chercheurs ou des jardins, des vergers, des terrains de sport. Le jury a apprécié la pertinence de cette stratégie de rassemblement de formes urbaines et architecturales autour de cours orientées qui permet de redonner une mesure à l’étendue du site du Campus. Le jury a par ailleurs souligné la qualité adaptable de la proposition qui développe un phasage intéressant.
L’équipe :
Représentante de l’équipe
Suzanne Jubert, architecte FR
Coordonnées de l’équipe
Suzanne Jubert jubertsuzanne@gmail.com
Après un cycle d’études mêlant architecture et sciences humaines, mon parcours professionnel en tant qu’architecte n’est pas linéaire mais est fait d’expériences volontairement contrastées. Après une première expérience au Renzo Piano Building Workshop à Gênes et une petite lucarne ouverte sur le très grand projet du Harvard Museum à Boston, des concours et projets d’équipements publics chez 5+1AA, ou plus centrés autour de la question du patrimoine chez Philippe Prost, mes choix se sont progressivement et naturellement portés vers des projets d’échelle plus larges. Deux ans passés chez Michel Desvigne Paysagiste m’ont permis d’aborder le projet urbain d’une manière vivante et pragmatique, et d’envisager le temps de construction de la ville sous une autre échelle et via d’autres temporalités. Aujourd’hui architecte-urbaniste à l’agence Bres+Mariolle je travaille sur différents sujets à des échelles très différentes (du Grand Paris à la Zac Montjoie à Saint- Denis). ¶ Complexité du projet urbain, échelles, temporalités et acteurs multiples, aléas... Europan propose justement de partir de ce postulat pour construire un projet. La thématique de l’« adaptable » était pour moi plus encore une manière de l’interroger en évitant les réflexes, les dessins trop figés, les acquis pas assez remis en cause. La « ville adaptable », c’est surtout considérer que celle-ci est éminemment vivante, que l’architecture n’est plus un objet fixe dans la ville mais sert toujours un récit plus vaste.