A Saint-Etienne, le Nouveau Couriot s’ouvre sur six siècles d’aventure minière
OUVERTURE DES NOUVEAUX ESPACES D’EXPOSITION - DU 3 DÉC. 20H30 > 7 DÉC. 18H30 (SAINTE-BARBE)
Lieu de mémoire emblématique du territoire de la plaine du Forez, le nouveau Couriot s’ouvre sur six siècles d’aventures minières qui constituent des plus belles pages du développement industriel stéphanois. Longtemps connue comme étant la ville « de l'arme, du cycle et du ruban », le nouveau musée évoque aussi avec émotion, à chacun, qu’un parent, qu’un ami a travaillé au Puits Couriot ou pour la société des Mines de la Loire : avec son chevalement métallique, qui brille désormais de mille feux la nuit tombée, c’est tout un pan de l’histoire extraordinaire de ces hommes, de ces travailleurs qui est présenté en héritage.
Classé Monument Historique avec ses deux crassiers (terrils), le Puits Couriot est un ensemble patrimonial exceptionnel à deux pas du centre-ville de Saint-Étienne, dont le cœur s’étend sur un peu plus de 10 hectares.
Dernier grand témoin de l’aventure minière du bassin stéphanois avec son chevalement métallique de 1913, il abrite depuis 1991 le Musée de la Mine de Saint-Étienne.
Le musée achève aujourd’hui une nouvelle phase de son aménagement, et renouvelle profondément ce qu’il propose à ses visiteurs (environ 55 000 aujourd’hui), au sein d’un projet plus vaste, celui du Parc-musée, à l’échelle de l’ensemble du site minier.
À partir du 3 décembre, 20h30, 1 000 m2 d’espaces d’exposition font comprendre l’aventure minière de Saint-Étienne, et présentent des éléments phares des collections du musée, dont le grand plan-relief du bassin présenté à l’Exposition universelle de 1889, tandis que le parcours patrimonial est revu et augmenté, et les conditions de visite améliorées.
Cette ouverture marque l’achèvement de la première phase d’aménagement du site.
Image : Le chevalement illuminé © Pierre Grasset - Ville de Saint-Étienne
Un lieu de mémoire qui se partage
Couriot n’est pas un musée ou un monument historique ordinaire.
Il est d’abord un très grand emblème de Saint-Étienne et de la mine, mais aussi du travail, et maintenant un vaste poumon vert de 10 hectares à deux pas de la ville. Un lieu où la vigueur et la rudesse de la mine et du travail se ressentent encore partout avec émotion, même si elle s’est éteinte ici en 1973, et si aujourd’hui le calme et la tranquillité dominent le lieu.
Un haut-lieu de Saint-Étienne et un grand site minier
Mis en service fin 1919 par la société des Mines de la Loire, le puits Couriot a longtemps été le puits le plus puissant du bassin. Ces installations occupaient plusieurs dizaines d’hectares à Couriot et à ses abords. À la fin des années 1930, le puits remontait 900 000 tonnes de charbon par an, soit le quart de la production du bassin, et employait plus de 1 000 mineurs. En sommeil à partir de 1965, le puits ferme définitivement en 1973, 10 ans avant la fermeture totale du bassin. Les bâtiments qui encombraient le plâtre ont été démolis en 1969.
Depuis, le chevalement et ses deux crassiers (les premiers en France à être classés au titre des Monuments historiques) trônent en majesté à deux pas de la ville, juste au-delà du boulevard urbain et de la ligne de chemin de fer, entourés d’un vaste espace dorénavant dégagés où abondent les traces de la mine, et que le vert a désormais dans une large mesure reconquis.
En sentinelle isolée dominant la ville, Couriot rappellent l’importance de la mine dans la construction du territoire stéphanois, tout entier construit au 19e siècle autour du fait industriel (mines, rubans, métallurgie et constructions mécaniques, armes, verreries, cycle...). Une histoire encore bien vivante, car Saint-Étienne demeure un grand territoire industriel.
Point de vue sur le chevalement, strate haute© Droits réservés - Ville de Saint-Étienne © Florian Kleinefenn - Ville de Saint-Étienne
Un musée vivant où l’émotion se ressent à chaque pas
Le musée de la mine de Saint-Étienne s’est naturellement installé dans ce haut-lieu en 1991.
Il s’est d’abord constitué autour d’une émouvante galerie minière reconstituée, et de la visite de quelques bâtiments remarquables simplement aménagés : le grand lavabo des mineurs (la « salle des pendus »), la salle de la machine d’extraction, la salle d’énergie et la lampisterie, la grande cour et son Monument aux morts et victimes du devoir...
Les bâtiments du puits ont conservé leur authenticité. Les espaces intérieurs avec leurs machineries impressionnantes et le grand lavabo des mineurs n’ont pas été transformés, et font ressentir le travail des hommes.
Les expositions, festivals, concerts, installations artistiques, la Fête du parc-musée (mise en place pour la première fois cette année en juillet) et la Fête de Sainte-Barbe (décembre) font de Couriot un lieu de vie et de culture de premier plan, qui est aujourd’hui le musée le plus fréquenté de la Loire avec plus de 55 000 visiteurs par an.
Un double emblème
Avec la Cité du design, installée dans l’ancienne Manufacture nationale d’armes, et le stade Geoffroy-Guichard, Couriot constitue l’un des trois grands emblèmes de l’image de Saint-Étienne.
Mais Couriot porte aussi des valeurs plus universelles. Le Mineur est dans nos représentations la figure emblématique du travailleur, et du travail tout court, par la dureté de son travail, les luttes qu’il a mené, les dangers qu’il affronte. Dans le monde qui est le nôtre, Couriot fait ainsi d’autant plus sens, en nous parlant de notre héritage, et en suscitant dans sa découverte des questionnements sur nos devenirs.
1 000 m2 de nouveaux espaces muséographiques
Couriot proposait déjà un parcours de découverte singulier, avec sa galerie reconstituée et la découverte d’une série de salles patrimoniales. Tout entier tourné sur la découverte du site, des techniques minières, et de la vie des hommes au travail, il ne permettait pas de découvrir les collections du musée et d’explorer pleinement l’aventure minière du bassin et ses liens avec le territoire stéphanois.
Les 1 000 m2 de nouveaux espaces muséographiques qui ouvrent le 4 décembre vont enfin répondre à la curiosité des visiteurs, et donnent une nouvelle dimension à Couriot.
La Figure du mineur
Rappelez-vous le Germinal de Zola (1885)... Le héros, Lantier, n’appartient pas au monde de la mine. Il le découvre par hasard en cherchant un nouvel emploi après avoir perdu le sien. Le monde qu’il découvre est terrifiant. Travaillant dans des conditions exécrables, avec des salaires de misère, confrontés à la dureté des compagnies, et au terrible grisou, les mineurs et leur famille en perdent presque leur humanité.
Soixante années plus tard, le Mineur est devenu le « premier ouvrier de France », et il est toujours aujourd’hui la grande figure du monde du travail, à la fois héros et victime, même si aujourd’hui la mine s’est refermée, et que l’on sent bien que le monde industriel tel qu’il a existé jusque dans les années 70 est en train de s’effacer.
Dans l’ancienne première lampisterie, La Figure du Mineur raconte cette transformation progressive, à deux pas du Monument aux morts et victimes du devoir de Couriot, qui met en scène le Mineur comme héros du travail de l’arrière durant la Grande guerre, et qui, alors que le Soldat se repose, travail à la reconstruction de la France.
La Grande aventure de Couriot
La Grande aventure de Couriot fait explorer dans les pas de la compagnie minière le développement de ce grand puits.
Une maquette tactile permet de mesurer l’importance du site à son apogée, un diaporama de revivre les grandes étapes de développement de Couriot et la grande cimaise retrace pas à pas les moments-clés de son histoire.
Dans les collections présentées, la part belle est faite aux objets que la société anonyme des Mines de la Loire a mis en avant pour se représenter : plan relief exposé à l’Exposition universelle de 1855, coupes colorées exposées en 1867 qui permettent de comprendre l’exploitation du sous-sol, mais aussi médailles et jetons de la compagnie. Un dispositif de théâtre animé de trois mètres d’ouverture permet de suivre en 9 tableaux la manière dont le paysage de Couriot s’est transformé.
Six siècles d’aventure minière
Profitant du plus grand espace disponible de l’ancienne chaufferie, parvenue jusqu’à nous sans ses gigantesques chaudières, Six siècles d’aventure minière raconte sur plus de 600 m2 l’aventure houillère et ses liens avec le développement du territoire stéphanois.
Un grand audiovisuel animé, de plus de 20 m de long, retrace en dix minutes cette histoire.
De grandes vitrines permettent d’aborder les usages du charbon. Deux d’entre-elles regroupent des objets de travail et du quotidien des mineurs, de l’énorme cuffat par lequel les mineurs descendaient dans le 19e siècle dans la mine jusqu’aux boîtes de pastille qu’ils emportaient avec eux pour affronter le fond. On peut y découvrir le drapeau du puits Pigeot, le dernier du bassin, sauvé à sa fermeture en 1983 par un employé qui l’a soigneusement plié et rangé dans l’armoire familial, que son fils a donné au musée à sa mort.
Mais la pièce majeure de cet espace est le grand-plan relief du bassin (plus de 10 m2) présenté à l’Exposition universelle de 1889, celle de la Tour Eiffel, et restauré avec soin pour l’occasion.
Conçu par la société des Houillères de Saint-Étienne, avec le soutien des autres grandes compagnies du bassin (les Mines de la Loire, mais aussi les Houillères de Montrambert-La Béraudière et les Mines de Roche-la-Molière et de Firminy), ce plan-relief est exceptionnel par ses dimensions, sa qualité et son état de conservation.
Une galerie a, pour finir, été prévue pour abriter par roulement la présentation d’œuvres trop fragiles pour être exposées longuement, ou des expositions thématiques. Elle accueillera pour commencer une sélection d’une dizaine de grandes affiches sur le thème de la mine, extraites de la riche collection du musée, avant d’accueillir, dans le cadre de l’exposition temporaire de l’été 2015, une série de tirages photographiques de Félix Thiollier.
Un parcours patrimonial élargi avec l’ouverture de nouvelles salles
Le parcours patrimonial de Couriot fait découvrir les principales salles du puits Couriot sur les pas des mineurs : le grand lavabo (le vestiaire des mineurs), avec leurs paniers pendus au plafond et l’interminable salle des douches, la lampisterie, mais aussi la salle de la machine d’extraction, avec la guérite du machiniste et la grande machine qui commandait la marche des cages, et la salle d’énergie.
Deux nouvelles salles sont désormais ouvertes à la visite : l’atelier des locomotives électriques et l’impressionnante salle des compresseurs, avec ses énormes machines aujourd’hui assoupies qui permettaient de donner vie aux marteaux-piqueurs.
L’ensemble de ce parcours respire la présence des hommes. Le visiteur est simplement immergé dans les lieux tels qu’ils nous sont parvenus. Un simple et discret système de pupitre entièrement renouvelé l’accompagne dans sa découverte.
À partir des cours et des passerelles de Couriot, le parcours patrimonial fait également comprendre l’organisation du site, l’architecture des bâtiments et leurs fonctionnalités, tout en offrant de remarquables points de vue sur la ville.
La galerie souterraine en visite guidée
La galerie souterraine reconstituée constitue naturellement l’un des temps forts de la visite de Couriot. Créée à l’ouverture du musée, son ambiance a été particulièrement soignée. Dans une semi pénombre, il faut se faufiler entre les étais, par moments baisser la tête, et ainsi ressentir pleinement l’atmosphère et les conditions de travail du fond de la mine.
Plébiscité par les enfants, un petit train de la mine emmène alors jusqu’au bout du « travers-banc », l’artère principale de la mine, jusqu’à la succession de chantiers où les techniques d’extraction et le travail des mineurs sont expliqués par les guides du musée. Elle s’achève notamment par la découverte de l’écurie, où jusque dans les années 1920, les chevaux qui travaillaient au fond étaient regroupés le soir.
Et aussi les lieux historiques du parc-musée
Le grand lavabo
Appelée également « salle des pendus », cette image associe à la dangerosité de la mine le système très particulier de vestiaire qui permettait aux mineurs d’échanger vêtements de travail et vêtements propres : ces paniers situés à grande hauteur et reliés chacun par une chaîne aux bancs métalliques.
La lampisterie
Cet espace était destiné à abriter, entretenir, réparer et distribuer les lampes nécessaires au travail du fond. Il permet également le pointage des mineurs. Dans l’organisation de la mine, chaque mineur se voit attribuer une lampe personnelle, identifiée par son numéro de matricule.
La recette jour
La recette jour est avec la recette fond un endroit stratégique dans la marche de la mine : c’est là que se croisent au rythme incessant des cordées les hommes, les bennes vides et les bennes pleines, ainsi que le matériel (étais...) nécessaire à l’extraction.
La salle de la machine et la salle des énergies
La grande machine d’extraction à poulie Koepe entraîne le câble qui permet la circulation dans le puits. La salle d’énergie regroupe les convertisseurs qui permettaient d’alimenter en courant continu la machine d’extraction.
Le chevalement
Placé sur l’orifice du puits après le creusement ou « fonçage » de celui-ci, il porte deux grandes roues ou « molettes » sur lesquelles reposent le câble d’extraction, accroché à ses deux extrémités à chacune des deux cages.
Les crassiers
Le contenu des bennes remontées au jour est fait de tout venant résultant de l’abattage : le charbon est mêlé de schistes, les « stériles ». Les « stériles » récupérés tout au long de la chaîne de lavage / triage étaient ensuite entassés au jour sur l’arrière du site c’est leur accumulation qui forme les « crassiers ».
Un accueil entièrement renouvelé, accessible à tous pour un nouveau confort de visite
Couriot, tout du moins pour ses espaces au jour, est dorénavant totalement accessible aux visiteurs à mobilité réduite : un nouvel ascenseur articule les deux niveaux et permet d’éviter l’ascension des marches qui conduisent au grand lavabo.
En accord avec les associations, seule la découverte de la galerie demeure impossible pour les personnes à mobilité réduite.
Par ailleurs, une maquette tactile du site, des systèmes de fiches et d’autres éléments aident à la découverte des nouveaux espaces pour ceux qui ont des difficultés de vue, et les dispositifs animés et audiovisuels disposent tous d’un système de sous-titrage.
MÉMOIRES DE LA MINE
À découvrir sur le mur d’images des nouveaux espaces scénographiques
On ne descendra plus
Depuis 1983, la mine s’est arrêtée ici. Les mineurs ne descendent plus, le charbon ne remonte plus. Les pompes ont cessé de fonctionner, l’eau s’est répandue lentement dans les galeries. Peu à peu, le pétrole a évincé le charbon. Le bassin houiller a entamé une profonde mutation. En moins de 30 ans, l’activité industrielle du bassin a été bouleversée. Les puits sont scellés, les galeries remblayées, alors que la mémoire de la mine est encore fumante.
Quelques chevalements de mine se dressent encore. Quand les hommes célèbrent la Sainte-Barbe, ils servent de point cardinal à leur procession. Au fil des décennies, la végétation a entrepris l’ascension des crassiers. Lentement, la nature a repris ses droits. La ville noire s’éloigne. L’aventure houillère du territoire s’achève comme elle avait commencé, il y a plusieurs millions d’années.
S’engouffrer dans la terre & exploiter à grande échelle
Saint-Étienne est bien l’un des plus vieux bassins houillers d’Europe, et le plus vieux de France, dont l’exploitation a démarré au 14e siècle. Les hommes doivent s’engouffrer dans d’étroits boyaux, creuser plus profond. Ils sortent en rampant des fosses, un sac de charbon à la main. Les mineurs affrontent l’eau, qui oblige à abandonner l’exploitation, et à recommencer un peu plus loin. Ici et là, des trous béants perforent le sol.
À partir du milieu du 18e siècle, le développement du bassin connaît un nouvel essor. Le charbon est progressivement domestiqué par l’industrie. Le charbon stéphanois est de plus en plus demandé. Chaque année le tonnage extrait ne cesse d’augmenter. L’intensification de l’exploitation et la multiplication des cheminées bouleversent le paysage. Le territoire stéphanois connaît alors un extraordinaire développement. Chevalements, forges, hauts- fourneaux, atelier de construction mécanique et d’armement, se multiplient, mais aussi les ateliers de rubans et les teintureries, grâce à la proximité de Lyon. Saint-Étienne dépasse les 100 000 habitants en 1870, contre à peine 15 000 un siècle plus tôt. Saint-Étienne est alors la capitale de la Révolution industrielle, la Ville noire par excellence.
« Plus on s’enfonçait dans le sous-sol, plus je me rapprochais du corps de mon cheval, l’odeur et la chaleur humide de son poil m’aidaient à avoir moins peur et me raccrochaient aux images du jour du dehors, de mon enfance qu’il me semblait être en train de perdre. »
Paul Peyrache
Les Gueules noires
Plus que quiconque, le mineur incarne la figure de l’ouvrier. La réalité de son travail est souterraine. Chaque jour il affronte les ténèbres pour en retirer l’emblème du progrès que constitue le « diamant noir ». Mais il est aussi exposé à de très dures conditions de travail, à la merci des explosions de grisou, et connaît des conditions de vie misérables.
La grande série de catastrophes que connaît le bassin à partir des années 1870 frappe les esprits : Chatelus, Verpilleux, Pélissier... Près de 1 500 morts en 20 ans... Les mineurs se révoltent devant la dureté de leurs conditions de travail et leurs salaires de misère. Les grandes grèves se succèdent, jamais vraiment définitivement victorieuses. Le Germinal de Zola fait date : le mineur est soumis à la prédation du patronat comme à celle du ventre de la mine. Son existence n’est qu’une succession de tragédies.
Les mines sont l’un des foyers majeurs du syndicalisme. À l’avant garde des grèves, les mineurs s’organisent, et arrachent progressivement de nouveaux droits. En acquérant leur dignité et leur reconnaissance, les mineurs deviennent aussi dans les années 20 une icône patriotique et productiviste dans l’Europe entière. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les mines sont nationalisées en France, et les mineurs mis avant comme les héros de la Reconstruction. Les Gueules Noires sont devenues les premiers ouvriers de France.
Jusqu’à devenir inerte
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le pays a besoin d’énergie. La « Bataille du charbon » s’engage. Les mines sont nationalisées. L’effort des mineurs mis en avant. Mais les conditions de travail sont difficiles. Face à la détérioration de leurs conditions d’existence, les mineurs s’unissent dans la grève d’octobre 1948. Pendant sept semaines, 320 000 mineurs cessent le travail dans toute la France. Le gouvernement répond par la force. Au Puits Cambefort, à Firminy, une fusillade éclate. Antonin Barbier est tué, Marcel Goïo décède de ses blessures quelques années plus tard.
À partir des années 60, la fermeture des mines s’engage. Le bassin de la Loire ferme parmi les premiers. Couriot se tait en 1973.
Percevoir les empreintes
Les traces de 600 ans d’aventure houillère disparaissent. La végétation change peu à peu les crassiers en collines ordinaires. La fumée qui recouvrait autrefois la ville est dissipée. Mais Saint- Étienne est toujours un territoire industriel.
À nous de percevoir les empreintes que la mine nous a léguées, bien plus nombreuses qu’il n’y paraît.
Les lieux qu’elle laisse derrière elle ne sont pas vides. Saint-Étienne demeure un territoire cosmopolite et singulier, les sociétés amicales et les jardins ouvriers font toujours parties du quotidien. Savoir-faire, manières de vivre et de penser, constituent un héritage invisible et profond, comme ces centaines de kilomètres de galeries qui perforent toujours le sol.
Cet héritage compose un réseau complexe qui s’enfonce dans les profondeurs de la terre. Il féconde et nourrit le Saint-Étienne d’aujourd’hui.
UN PARC OUVERT SUR LA VILLE
L’équipe de maîtrise d’œuvre
Désignée en 2010 à l’issue d’une procédure de marché de définition, la maîtrise d’œuvre est composée d’une équipe pluridisciplinaire dont le mandataire est l’agence d’architecture et d’urbanisme Gautier+Conquet (Dominique Gautier et Pascal Hendier), associés au paysagiste Michel Corajoud (Prix André Le Nôtre, grand prix national du paysage et de l’urbanisme), aux architectes du patrimoine ARCHIPAT (Laurent Volay) et aux muséographes de SCENE. Récompensé par le trophée EDF Rhône-Alpes du Patrimoine Rhône- alpin cette année, la mise en lumière du chevalement est l’œuvre de COBALT. La signalétique et le graphisme ont été conçus par les designers stéphanois de l’Atelier Cahen&Gregori (+ P-N Bernard).
Coût total de la 1ère tranche des travaux du parc-musée de la Mine : 10 millions d’euros TTC
La première tranche des travaux a permis de réaliser :
> l’aménagement du parc,
> la restauration d’une partie des bâtiments classés Monuments Historiques,
> la création de 3 nouveaux espaces d’exposition : 1 000 m2,
> la réhabilitation de l’accueil et la mise en place de la boutique,
> l’aménagement de nouveaux bureaux, de vestiaires et d’une salle de repos,
> la mise en lumière des bâtiments.
Maître d’ouvrage : Ville de Saint-Étienne Parc : 63 000 m2 Musée de la mine : 3 000 m2
Tout est là
« Tout est là », écrit Michel Corajoud, en parlant de Couriot, de son rapport à la ville et au temps, et de la valeur qu’il a pour la vie d’aujourd’hui.
L’aménagement du site a été conçu comme un seul et même ensemble. Il a simplement été décidé d’accompagner, de mieux révéler et faire ressentir, de conforter l’identité du lieu, de permettre de nouveaux usages simples et respectueux. En d’autres termes, d’aménager de manière attentionnée et sensible l’emblème que constitue Couriot et les traces de l’activité minière que le temps nous a légué pour faciliter sa mise en relation avec ce que nous sommes.
La présence de la ville toute proche, qui symbolise la vie d’aujourd’hui, est aussi importante dans la démarche d’ensemble que la qualité patrimoniale proprement dite de Couriot. C’est le regard posé sur le jeu entre la modernité et l’héritage qui fait le projet et sa qualité.
La ville d’aujourd’hui doit respecter ce qui l’a fondée. Couriot et le grand coteau vert de Montsalson, cette « paume de la main qui tient Saint-Étienne en son creux », doivent « être habités et cultivés ».
Entre héritage et modernité
L’héritage du site conserve toute son identité. Le projet s’est interdit toute construction neuve visible depuis la ville et les plates-formes basses du parc.
Les interventions menées avec soin se sont uniquement attachées à résoudre les problèmes structurels du bâtiment, qui conservent leur patine, la diversité de leurs carreaux et de leur apparence.
La modernité doit s’affirmer en revanche clairement côté ville, contre le chemin de fer.
C’est là que sont regroupés les nouveaux aménagements mis en place. Le grand quai équipé de bancs, le grand dispositif de jeux pour enfants et ses tables de pique-nique, le petit canal qui amène une eau rare à Saint-Étienne et les pelouses à l’herbe bien verte qui l’accompagnent, y développent une vie qui chaque jour montre que le parc est bien approprié, notamment par les habitants du quartier.
L’espace qui entoure le chevalement est une « zone de silence ». Pavages dont on se sait où ils commencent et où ils finissent, murets à la fonction indéfinissables, grand rectangle de goudron dont on ignore la fonction passée, mousses et arbustes qui poussent là où peut-être existait une installation minière... Toutes les traces de la mine y ont été scrupuleusement conservées, ainsi que la nature telle qu’elle s’est emparée du plâtre à cet endroit.
Le choix s’est naturellement imposé de ne pas parsemer le parc de panneaux explicatifs. Seul un pupitre placé sur le grand quai permet de lire le paysage de Couriot. Quelques bornes sonores font sortir du sol des chansons et poèmes de la mine à mi-distance entre la rive de la modernité et le chevalement.
Les aménagements du musée
Tous les aménagements nécessaires à l’accueil du public et au développement des espaces d’exposition ont été glissés discrètement dans les espaces existants, en tenant compte de la qualité de ce qu’ils nous avaient légués.
Les deux nouveaux espaces majeurs d’exposition permanente, La grande aventure de Couriot et Six siècles d’aventure houillère, ont été aménagés dans l’ancienne grande chaufferie, restée depuis longtemps sans machinerie. Des galeries en bois massif sombre et sobres y ont été simplement posées au sol, en respect aux lieux, et abritent collections et dispositifs scénographiques dans les conditions climatiques adéquats.
La lumière vient des vitrines et des lutrins. Leurs dimensions et celle du grand audiovisuel, qui s’étire sur 20 m de long, sont à l’échelle de la puissance de la mine et de son épaisseur.
La construction du parcours a été en permanence attentive à la qualité des lieux et aux points de vue qu’offre Couriot sur la ville. L’aménagement de la plate-forme haute qui conduit aux deux nouvelles salles patrimoniales profite de points de vue sur le chevalement, la colline des Pères toute proche et le Pilat. Le revêtement sombre des sols extérieurs accompagnent l’architecture des bâtiments, mais aussi le vert de la nature qui le jouxte.
Placée dans la première lampisterie, la partie de l’exposition permanente consacrée à La figure du Mineur joue pour sa part d’une autre manière avec l’héritage. Ouverte sur la grande cour, elle donne à voir simultanément le Monument aux morts et aux victimes du devoir qui en occupe le centre, et l’allégorie du monde industriel qui se lève que constitue la reproduction du grand tableau de Jean-Paul Laurens, Les mineurs.
Achever la mise en résonance : les développements à venir
Conforter le dialogue entre la vie d’aujourd’hui et l’emblème que constitue Couriot passe nécessairement par l’amélioration de son accès depuis la ville.
Précédé d’un parvis prolongeant un espace à urbain à requalifier, une passerelle longue et fine desservant le parc et l’entrée du musée est à l’étude, et sa réalisation changera radicalement la perception de Couriot. Le parc attend également de nouveaux aménagements, notamment au niveau du coteau de Montsalson afin de le rendre plus accessible à pieds ou en vélo.
Demeure enfin la question de l’accès aux deux crassiers. Les « deux mamelles de Saint-Étienne » sont aujourd’hui interdits d’accès libre, en raison des fumées qui s’échappent encore de leur sommet. Leur découverte guidée et sécurisée viendrait compléter l’ensemble singulier que constitue déjà le Parc-musée de la mine.
La nouvelle mise en lumière quotidienne du puits a été récompensée par le trophée EDF Patrimoine Rhône Alpin cet automne. Le dispositif de pilotage programmable permettra dans l’avenir de passer des commandes artistiques.
DONNÉES & CHIFFRES CLÉS
> 8,5 hectares de parc
> 55 000 visiteurs par an pour le musée
> 1h15 de visite guidé en petits groupes (19 personnes) dans les principaux bâtiments et la galerie reconstituée
> 3h de visite pour les plus courageux !
> 450 m de galerie souterraine
> 7 000 m2 de parcours patrimonial en visite libre : le grand lavabo, la lampisterie, la recette jour et ses cages, la salle d’énergie, la salle de la machine d’extraction, la salle des compresseurs, l’atelier de réparation des locomotives, la grande cour et son monument aux morts et aux victimes du devoir...
> 1000 m2 de nouveaux espaces d’exposition permanente > 3 nouveaux espaces scénographiés : La Grande aventure
de Couriot, La Figure du mineur, Six siècles d’aventure houillère.
> 2 festivals par an (Avatarium en avril ou mai, Festival des musiques innovatrices)
> 4 temps forts événementiel annuels : La Nuit des musées, la Fête du Parc-musée (début juillet), les Journées du patrimoine et la Sainte-Barbe (1er week-end de décembre)
INFOS PRATIQUES :
Parc-musée de la mine
3 Boulevard Franchet d’esperey 42000 Saint-Étienne Service accueil et réservation Tél : 04 77 43 83 23
Courriel : museemine@saint-etienne.fr
Horaires
Tous les jours sauf le lundi matin et les 1 / 01, 1 / 05, 14 / 07, 15 / 08, 01 / 11 et 25 / 12. De 9h à 12h45 et de 14h à 18h d’octobre à juin De 9h30 à 12h45 et de 14h à 18h30 de juillet à septembre Réservation obligatoire pour les groupes Départs en visites guidées de la galerie : se renseigner à l’accueil
Tarifs
Visites guidées site + galerie : Tarif Plein 6,40 € / Tarif Réduit 4,70 € Visites libres : Tarif Plein 4,50 € / Tarif Réduit 3 € Pass annuel 2 musées (Musée d’Art et d’Industrie + Parc-Musée de la Mine) Tarif Plein 17 €
Spectacles Soirée Couriot : Tarif Plein 6,40 € / Tarif Réduit 4,70 €
Scolaires et centres de loisirs
Forfait stage ou projet spécifique par enfant (primaires Saint- Étienne) 5 € Séance de stage ou projet spécifique par enfant (autres) 5 € Scolaires hors Saint-Étienne et Saint-Étienne Métropole 3 € Scolaires Saint-Étienne et Saint-Étienne Métropole 2 €
Visite libre Gratuit
Contacts
Parc-musée de la mine
Philippe Peyre, directeur du musée Tél : 04 77 43 83 23 Courriel : philippe.peyre@saint-etienne.fr