Notre-Dame-des-Landes, le plan de vol s’approche…
En décembre 2012, Jean-Marc Ayrault souhaitant poursuivre le projet d’Aéroport du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes, malgré de vives altercations, a confié à une commission du dialogue afin d'exposer ce projet et d'entendre toutes les parties prenantes.
Après un an de concertation, la commission pour mettre fin aux affrontements entre opposants et partisans du transfert de l'aéroport s'est achevée ce vendredi 13 décembre par une dernière réunion à la préfecture de Nantes. Laquelle devrait permettre au Préfet de Nantes, Christian de Lavernée, de parapher deux arrêtés «Loi sur l’eau» et «Espèces protégées» pour le démarrage des travaux concernant le projet.
« Fini la Récré » pour Jacques Auxiette, président de la région des Pays de la Loire et du Syndicat mixte aéroportuaire qui estime que plus aucun obstacle ne s’oppose au projet. Fervent défenseur du projet, Jacques Auxiette a précisé que cette année de concertation aura permis de consolider le dossier. «Beaucoup ont pu croire, et moi le premier, qu’on allait perdre une année. En réalité, 2013 aura été une année très utile pour conforter le dossier et exemplaire en termes de concertation et de dialogue et d'amélioration du projet». Un projet très légèrement re-modelé et « amélioré de façon substantielle » a-t-il estimé à la suite de la réunion du comité de suivi des engagements de l’Etat et des collectivités qui s’est tenue ce vendredi 13 décembre.
Ce constat d’équité en terme de concertation ne fait pas consensus et s’agissant des opposants, notamment les deux associations principales, l'Acipa, qui réuni des citoyens, et le Cedpa, des élus, n'envisagent toutefois pas la même relecture… L’Acipa, quant à elle, évoque un «simulacre» et le second demande à nouveau «une expertise indépendante». «Nous préparons une deuxième vague de résistance depuis longtemps», a annoncé l'Acipa.
Un projet conforté avec notamment des projets de desserte en transports collectifs validés par le SMA le 21 juin dernier (tram-train et liaison ferroviaire Nantes-Rennes à horizon 2030) et par la sanctuarisation de 17 000 hectares de terres agricoles entre le nord de l’agglomération et le futur aéroport (PEAN). Malgré 51 recours contre le projet, celui-ci s’est vu consolider dernièrement par la Commission européenne estimant que la réalisation de l’aéroport était compatible avec les règles de l’UE relatives aux aides de l’Etat et validé le montage financier.
Concernant les études de la DGAC, Direction générale de l’aviation civile, elles auraient démontrées l’impossibilité du maintien de l’aéroport Nantes-Atlantique au sud de l’agglomération nantaise et proche de diverses zones humides - dont le site Natura 2000 du lac de Grand-Lieu.
Par ailleurs, elles auraient estimé à 80.000 le nombre de personnes possiblement impactées par le bruit en raison de l'augmentation prévisible du trafic voyageurs et évalué à 825 millions d'euros le montant du réaménagement de l'aéroport actuel, alors que la construction d'un nouvel équipement à Notre-Dame-des-Landes avait été chiffrée à 450 millions à la fin de 2010, lors de la signature de la concession avec Vinci.
Toutefois, ces études ne font pas adhésion et les opposants au projet les considèrent comme « juge et partie » désapprouvant le fait qu’elles ne tiennent pas compte des performances des nouveaux avions. Moins bruyants, leur plus grande capacité permet d'absorber l'évolution du trafic voyageurs sans augmenter le nombre de mouvements d'avion sur les pistes.
À la suite des réserves et des recommandations du collège d'experts scientifiques sur le respect de la loi sur l'eau, «l'État et Vinci ont apporté des réponses approuvées par le conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques», fait valoir Jacques Auxiette. Ce que contestent les deux associations d'opposants ainsi que les associations de défense de l'environnement, déduisant que les mesures prévues ne sont pas à «la hauteur des enjeux».
Toutefois, l’année de concertation aurait déjà coûté 50 millions d'euros de pénalités, selon le président du Syndicat mixte aéroportuaire (SMA).
Un montant évalué à partir uniquement du surcoût intrinsèque à la concession ne prenant pas en compte les frais dépensés par l’Etat, les collectivités ou les entreprises liés à la sécurité ou aux réparations des actes de vandalisme notamment.
Suite à la récente ratification, à une large majorité, des projets d’arrêtés «Loi sur l’eau» par le Conseil départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques, l’ultime étape devait aboutir par la signature par le Préfet des arrêtés Loi sur l’eau et Espèces protégées. La décision devrait être prise «incessamment» sous peu, a rappelé Jacques Auxiette.
A ce sujet, cette formalité devrait prendre forme aujourd’hui comme l’a évoqué le Préfet de la région Pays de la Loire, Christian de Lavernée, qui a invité la presse pour faire le point sur le dossier en compagnie de Patrick Gandil, directeur général de l’Aviation civile. «Les échéances en cours et à venir» seront détaillées. Difficile d’envisager que les arrêtés ne soient pas signés et donc en conséquence non publiés, ce qui entrainerait le projet à prendre de nouveau un retard important en raison du transfert des espèces protégées qui, à la différence de l’aéroport, ne peut s’effectuer qu’à des périodes bien précises.
Sur place, si 95 % du foncier de la zone sont d'ores et déjà acquis, il reste toujours une dizaine d'occupants légaux en cours d'expropriation et une centaine d'occupants illégaux.
Les derniers recours juridiques purgés devraient toutefois lever les dernières oppositions et permettre au préfet de libérer la zone pour Vinci afin d’enclencher les travaux, quelle que soit la contestation…