SACRÉE CROISSANCE ! Mardi 4 novembre à 20.50 sur ARTE
Après Le Monde selon Monsanto et Les moissons du futur, Marie-Monique Robin enquête sur les alternatives à la croissance…
Le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin est avant tout l’histoire d’une cassure. Entre les décideurs politiques et une partie de la population réticente à se laisser imposer les doxas libérales, les visions du monde tel qu’il doit être mené semblent irréconciliables. Lorsque les premiers ne jurent que par la croissance, répétant le terme comme une formule incantatoire, les seconds espèrent en d'autres solutions et réfutent le productivisme et la consommation à tout prix. Les experts intervenant dans le film sont formels : sous la forme qu'elle a connue au XXe siècle, la croissance est terminée, elle ne reviendra pas. De nombreux paramètres ne leur laissent aucun doute, dont la fin de l’ère des énergies bon marché ou la dépendance croissante à la dette.
« Le retour de la croissance » : n’y a-t-il pas mieux que cette incantation pour répondre à la crise (économique, financière, écologique) ? Peut-on continuer d’imaginer une croissance illimitée, alors que les ressources naturelles de la planète sont limitées ?
C’est à ces questions que Sacrée croissance ! tente de répondre, en mettant en avant des alternatives éprouvées. Ils sont en effet de plus en plus nombreux, les « lanceurs d’avenir » (comme on parle de « lanceurs d’alerte »), qui estiment qu’il faut sortir du modèle de la croissance illimitée, reprendre le contrôle de la production alimentaire, de l’énergie, et de l’argent. Au Nord, au Sud, les expériences fleurissent et se répondent. Parfois soutenues par les élus locaux, elles dessinent un nouvel idéal économique, respectueux des limites de la planète, et soucieux d’augmenter la résilience des territoires pour affronter les difficultés à venir (réchauffement climatique, épuisement des ressources fossiles, crises financières). Parce que ce changement passe par la relocalisation de l’économie et de l’emploi, c’est l’occasion pour des collectifs de reprendre la main sur le système, en interrogeant la signification réelle de la richesse. Sacrée Croissance ! alterne les expériences concrètes et la parole des experts qui se conjuguent pour tracer les voies de la transition vers la société post-croissance.
« Je pense que c’est l’une des nouvelles les plus optimistes, enthousiasmantes et formidables de l’histoire récente. Un petit pays a compris que le Produit Intérieur Brut n’a rien à voir avec le bien être humain, et que si on veut le bonheur des gens, il faut s’attacher à des choses bien plus capitales que la stimulation de notre capacité de consommer. Le Bhoutan représente un phare pour le monde et j’espère qu’il nous aidera à sortir du brouillard ». William rees - créateur du concept d’ « empreinte écologique »*
* Indice créé en 1992 qui comptabilise la pression exercée par les hommes sur les ressources naturelles.
IMAGE / © Marc Duployer
Fous et insoumis
"Celui qui pense qu’une croissance exponentielle infinie est possible dans un monde fini est soit un fou soit un économiste" déclare un... économiste, non sans humour. Alors, pendant que les États s’enfoncent dans la crise, des insoumis créent les prémices d’une société fondée sur la sauvegarde écologique et le développement durable. Avec Sacrée croissance !, la réalisatrice présente une sélection d’initiatives réussies et de modèles alternatifs viables. Son film élargit ainsi le champ des possibles en montrant comment on peut réfuter en action, et pas seulement en paroles, le modèle économique dominant. Avec une idée force : face au gaspillage mondial, la réponse doit être locale et solidaire. À Toronto, une coopérative de fermiers produit des légumes bio près du centre-ville et vise la souveraineté alimentaire. À Rosario (Argentine), on lutte contre l’exclusion sociale en fertilisant d'anciennes décharges pour embaucher des maraîchers débutants. Certains villages népalais s’approchent de l’autosuffisance énergétique grâce au biogaz et à la micro-hydro-électricité. Au Brésil ou en Bavière, des banques communautaires et des monnaies locales bouleversent le rapport à l’argent d’un public qui se fait "prosommateur" (producteur et consommateur). Quant au Bhoutan, il développe une politique publique révolutionnaire instaurant le concept du "Bonheur national brut" (BNB). "L’abondance matérielle finira par s’arrêter", rappelle un des intervenants. Et c'est avant qu'il faut changer de paradigme économique, insiste Marie-Monique Robin.
« Si on considère que le monde et que l’économie ne représentent qu’un sous-système d’un système écologique plus large, il est évident que le sous-système ne peut pas croître au-delà des limites du système total. [...] Il semble donc clair que la croissance devra s’arrêter à un moment ».
Herman Daly - économiste, auteur de « au-delà de la croissance »
« Je suis fermement convaincu que si l’on regarde le monde d’aujourd’hui, partout autour de nous, il y a des exemples vivants et pratiques qui montrent qu’on peut faire beaucoup mieux.(...) Notre défi c’est de les rassembler et de les mettre sous le nez des politiques en leur disant : « Qu’est-ce que vous attendez ? Toutes les solutions sont là ! »
Andrew Simms – économiste, membre de la new economics foundation
DES RISQUES MAJEURS/
L’épuisement des ressources
À notre niveau de consommation actuel, les réserves de gaz et de pétrole sont estimées à une cinquantaine d’années. À cet horizon, les minerais de la plupart des grands métaux industriels (comme le zinc, le cuivre, le nickel, le plomb, l’étain, etc.) seront épuisés.
La crise sociale et financière
On estime que le PIB mondial a doublé en 43 ans, entre 1870 et 1913 ; en 25 ans, entre 1973 et 1998 ; en 12 ans, entre 1998 et 2010. Depuis le début du XXe siècle, les émissions de CO2 sont globalement parallèles à cette croissance de type exponentiel. Malgré la progression du PIB, les inégalités se creusent : l’indice de l’inégalité des revenus (gini) a progressé de 10% en moyenne entre le milieu des années 1980 et la fin des années 2000.
En revanche, le risque de chômage et les inégalités progressent, et le sentiment de satisfaction stagne depuis les années 60 dans les pays où le pib dépasse 15 000 $/habitant. Dans le même temps, le montant de la dette mondiale (hors dettes des ménages) s’est envolé : il atteignait 100 000 milliards de dollars en 2014 et a été multiplié par deux et demi depuis 2000.
LES ALTERNATIVES/
L’agriculture urbaine
La population mondiale devrait atteindre 9 milliards d’humains en 2050, dont 80 % vivront dans les villes. Pour nourrir cette population, l’agriculture industrielle consomme actuellement sept calories énergétiques pour chaque calorie alimentaire qu’elle fournit.
Selon l'ONU, 800 millions de personnes dans le monde pratiquent l’agriculture urbaine – essentiellement dans les pays du sud –, et un véritable mouvement en faveur de l’agriculture urbaine se développe partout dans les villes du Nord. Les objectifs : réduire la dépendance au pétrole, les émissions de CO2 et l'impact du réchauffement climatique (inondations) ; lutter contre l'insécurité alimentaire et développer les liens communautaires.
Une étude de l’université de toronto montre que cette mégapole (six millions d’habitants) pourrait couvrir jusqu’à 30 % de ses besoins en fruits, légumes, et petit élevage.
Transition énergétique
La consommation d’énergie dans le monde a augmenté de plus de 40% entre 1990 et 2008, alors que la part des énergies renouvelables n’en constitue aujourd’hui que 12,9% (données GIEC).
Monnaies locales
2000 monnaies locales circulent actuellement dans le monde. En 2013, une trentaine ont été créées ou étaient en cours de création dans les pays germanophones, et une vingtaine en France. Tout en relocalisant l’économie, elles installent les échanges commerciaux à l’écart du système des taux d’intérêt, de l’endettement et de la spéculation.
Chiffres clés
Quand le PIB par habitant augmente de 2300 euros, les émissions annuelles de co2 par habitant progressent environ d’une tonne.
• La sphère financière pèse 60 fois plus que l’économie réelle dans les échanges.
• Les 1% les plus riches détiennent 40% des biens à l’échelle mondiale.
• 900 millions de personnes souffrent de la faim dans Le monde et 1,4 milliard de surpoids ou d’obésité.
Les intervenants /
Herman Daly (uSA), économiste, auteur de « Au-delà de la croissance »
Jean Gadrey (France), Professeur émérite d’économie à l’université Lille I, auteur de « Sortir de la croissance »
Richard Heinberg (uSA), Membre du Carbon Institute, auteur de « la fin de la croissance. S’adapter à notre nouvelle réalité économique »
Rob Hopkins (Royaume-uni), Enseignant en permaculture, fondateur du mouvement des « villes en transition »
Tim Jackson (Royaume-uni), économiste, auteur de « Prospérité sans croissance : la transition vers une économie durable »
Dennis Meadows (uSA), Scientifique, auteur du « auteur du rapport « halte à la croissance »
Dominique Méda (France), Philosophe et sociologue, auteur de « la mystique de la croissance »
William Rees (Canada), Créateur du concept d’« empreinte écologique »
Juliet Schor (uSA), Professeur de sociologie à l’université de Boston, auteur de « la véritable richesse, une économie du temps retrouvé »
Andrew Simms (Royaume-uni), économiste, auteur de « la dette écologique »
Ecriture et réalisation / MARIE-MONIQUE ROBIN
Montage FRANCOISE BOULEGUE
Image GUILLAUME MARTIN / OLIVIER CHAMBON
Son MARC DUPLOYER / YVES LAISNE
Musique originale JEAN-LOUIS VALERO
Une coproduction Arte France
UNITE SOCIETE ET CULTURE : MARTINE SAADA CHARGE DE PROGRAMMES : MARK EDWARDS
M2R Films DAVID CHARRASSE
Avec le soutien de CCFD-Terre solidaire
AvEc LA pArTIcIpATIon du cnc, dE LA rAdIo TéLévISIon SuISSE, dE LA rSI, dE LA rTBF, ET dE rTL TéLé LëTzEBuErG. AvEc LE SouTIEn du réSEAu BIocoop ET dE LA FondATIon LEA nATurE. AvEc LE SouTIEn dE L’AnGoA ET dE LA procIrEp - SocIéTé dES producTEurS.
TournAGES : ALLEMAGnE, ArGEnTInE, BhouTAn, BréSIL, cAnAdA, dAnEMArk, FrAncE, népAL, roYAuME unI, uSA, pAYS-BAS.
LES MOISSONS DU FUTUR - le Doc et le livre - Le blog de habitat-durable
LES MOISSONS DU FUTUR - le Doc et le livre OU COMMENT L'AGROÉCOLOGIE PEUT NOURRIR LE MONDE DE MARIE-MONIQUE ROBIN Sur Arte le 16 octobre prochain, à 20 heures 40. LA NOUVELLE ENQUETE INTERNATIONALE
http://www.blog-habitat-durable.com/article-les-moissons-du-futur-le-doc-et-le-livre-109735604.html
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