Des Fleurs impériales au Grand Trianon …
... Du 1er au 15 novembre 2014 péristyle du grand trianon
Deux chrysantèmes géants ou «Ozukuri», symboles impériaux au Japon, fleuriront de centaines de fleurs le péristyle du « palais de Flore » à l'automne 2014. Habituellement présentés au cœur du parc impérial du Shinjuku Gyoen à Tokyo, ils ont parcouru dix mille kilomètres pour rejoindre Versailles. ces arbres «dessinés» selon un rituel unique sont accueillis pour la première fois en france, leur voyage par mer lors de l'exposition universelle de paris en 1900 ayant eu raison de leur survie. ils se sont aujourd'hui épanouis dans une serre de trianon grâce à l'expertise et au savoir-faire des jardiniers du parc impérial, qui les ont accompagnés au Château de versailles pour préparer leur floraison.
Aujourd’hui, au Grand Trianon, ils marquent le 90e anniversaire du partenariat culturel franco-japonais inspiré par Paul Claudel, « l’ambassadeur-poète » qui voulait renforcer la connaissance mutuelle entre les deux pays.
Un échange des savoirs-faire botaniques
Le château de Versailles et le parc du Shinjuku Gyoen ont signé en 2012 un partenariat destiné à renforcer leur coopération autour de l’art du jardin à la française, à travers des échanges d’expertise entre les jardiniers français et japonais ainsi que l’organisation d’expositions bilatérales. Ainsi pour l'occasion les équipes de jardiniers de Trianon ont appris de leurs homologues japonais l'art de la taille et de la culture des ozukuri.
Cet accord renoue le lien historique qui s'était tissé au début du XXe siècle entre Henri Martinet, intendant des jardins de Versailles, et les représentants de l'Empereur Meiji. Henri Martinet avait alors alors réalisé le plan du jardin à la française qui fut exécuté en 1900 à Tokyo et dont le tracé initial s'est modifié au fil du temps pour se japoniser.
Les chrysanthèmes, fleurs sacrées du Japon
Apparu en Asie, autour du VIIIe siècle, le chrysanthème n'est introduit en Europe qu'au XVIIIe siècle. Le botaniste suédois Carl von Linné est en effet le premier, en 1753, à rapporter de Chine et du Japon des boutures de cette fleur à la beauté particulière, dont il forme le nom occidental à partir des racines grecques christos, « or », et anthemon « fleur » . Dès lors, la production s’intensifie; de reproductions en croisements naît une multitude de variétés colorées.
Puis, peu à peu, le chrysanthème est, en France, associé au deuil. À la fin de la première guerre mondiale, le Président Poincaré exige qu’il orne les monuments aux morts pour la France. On l’appelle aussi la « fleur des veuves », en référence aux femmes de soldats qui allaient fleurir les tombes de leurs maris. Il devient le symbole de la Toussaint.
Cette exposition inédite fait pénétrer le visiteur dans une tradition tout à fait différente. Emblème de la famille impériale, comprenant, lorsqu’il figure à la cour toujours le même nombre de pétales, le chrysanthème du Japon n’évoque pas la mort mais au contraire la joie et l’éternité. On lui attribue la capacité de rendre la vie plus belle et longue, symbolisée par sa floraison tardive et colorée. Il continue ainsi à être cultivé au Japon avec vénération et fait l'objet à l'automne de nombreuses expositions, notamment dans le parc du Shinjuku Gyoen.
La culture de l'Ozukuri
Le nom d'Ozukuri se rapporte à la technique de culture ornementale des grands chrysanthèmes, dit "Oo-giku", rigoureusement codifiée et maîtrisée jour après jour par des jardiniers qui se consacrent exclusivement à cette exceptionnelle floraison. Ces arbres se déploient en effet à partir d’un seul et même pied autour duquel germe une structure en forme de dôme. Les fleurs à l’extrémité des branches sont enserrées dans des cercles concentriques horizontaux et créent, en proliférant, une demi-sphère florale aux dimensions monumentales. Le diamètre de ces œuvres végétales peut atteindre trois à quatre mètres et comporter plusieurs centaines de milliers de fleurs à son sommet.