Des boues rouges dans le Parc des Calanques ?
Le lundi 8 septembre, le parc national des Calanques avait prolongé l’autorisation de déverser des rejets liquides, en provenance de l’entreprise d’alumine Alteo de Gardanne, dans la Méditerranée.
Cette décision du conseil d'administration du parc national des Calanques permettait donc à l'usine d'alumine Alteo de rejeter en mer des résidus liquides issus de la production de bauxite pendant trente ans.
"Le conseil d'administration a décidé d'autoriser ces rejets, mais avec des conditions fermes", a annoncé à la presse son président, Didier Réault, adjoint au maire de Marseille. La décision dite conforme s'impose au préfet", a-t-il précisé. L'élu a notamment promis de "meilleurs contrôles et un meilleur suivi des eaux rejetées".
Ségolène ROYAL, Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, ayant pris connaissance de l’avis du Conseil d’administration du Parc national des Calanques, concernant les rejets liquides en mer par l’usine de production d’alumine de Gardanne, dans la perspective de l’arrêt total des rejets de boues rouges programmé au 31 décembre 2015, a rappelé que cet avis ne saurait tenir lieu d’autorisation de rejet en mer pour le site ALTEO de Gardanne, qui ne peut être délivrée que par le préfet, au nom de la ministre, au terme d’une instruction menée par les services de l’État qui n’est pas achevée.
Dans ce cadre, l’avis du Conseil d’Administration du Parc national des Calanques constitue un socle minimal d’exigences auxquelles l’exploitant devra se conformer. Elles pourront être renforcées suite à l’enquête publique qui pourra permettre à chacune des parties de s’exprimer et dont le lancement est prévu pour la fin de l’année 2014.
Le Ministère de l’Ecologie rappelle que le caractère exceptionnel du Parc impose de mettre tout en œuvre pour en assurer la préservation. Elle a donné instruction au préfet pour que le travail d’instruction qui se poursuit permette d’examiner toutes les options techniques et d’améliorer le dossier, afin de garantir des rejets compatibles avec la reconnaissance dont bénéficie ce territoire remarquable.
A cet effet, Ségolène ROYAL rencontrera le président de l’entreprise ALTEO dans les prochains jours.
Rejets contraires à la Convention de Barcelone. Concrètement, cette prolongation permet à l'usine Alteo d'effectuer des rejets contraires à la Convention de Barcelone de 1976 sur la protection de la Méditerranée. Si le groupe ne respecte pas ses engagements, "nous avons la possibilité de tout stopper, un arrêté peut être pris en ce sens par le préfet", a aussi fait valoir Didier Réault, assurant que les rejets allaient en outre massivement diminuer – de l'équivalent de "2 000 camions par an à 2 camions par an", selon lui.
Depuis près de cinquante ans, l'usine de Gardanne bénéficie du droit d'expédier ces résidus à 7 kilomètres au large de Cassis, dans le canyon sous-marin de la Cassidaigne, par 330 mètres de fond.
"C'est dramatique, ça me choque beaucoup", a réagi après le vote Yves Lancelot, membre du conseil d'administration du parc, océanographe et ancien directeur de recherche au CNRS. "Les risques, on ne les connaît pas, c'est bien le problème ! Pour le moment, il y a des inconnues énormes", a-t-il poursuivi.
Une trentaine de membres de collectifs de défense de l'environnement s'étaient rassemblés lundi pour demander le rejet de la demande de dérogation d'Alteo. Parmi les manifestants, l'ex-navigatrice Florence Arthaud, installée à Marseille. "Je suis choquée par le rejet des boues rouges en plein milieu des calanques, et par l'attitude des politiques, a-t-elle confié. L'eau, c'est la vie."