Quantcast
Channel: Le blog de l'habitat durable
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2312

Mittal, la face cachée de l’empire - Mardi 16 septembre à 20.50 sur Arte

$
0
0
Mittal, la face cachée de l’empire - Mardi 16 septembre à 20.50 sur Arte

Mittal, la face cachée de l’empire - Mardi 16 septembre à 20.50 sur Arte

Il devait sauver la sidérurgie lorraine. Il en fut le fossoyeur sans scrupules. Le surpuissant Lakshmi Mittal est devenu le patron le plus haï de France. Récit d’une chute du côté obscur du néolibéralisme.

Le groupe Mittal est le n° 1 mondial de l’acier. Plus qu’une entreprise, c’est un empire qui emploie 250 000 personnes dans soixante pays. Issu d’une modeste famille de Calcutta, Lakshmi Mittal est devenu, en l’espace de quinze ans, l’un des hommes les plus riches au monde. Plus qu’une réussite, Mittal incarne un symbole : celui du nouveau capitalisme mondialisé et de la revanche du monde émergent sur les vieilles nations industrialisées. Accueilli comme un sauveur en 2006 à la faveur de son OPA sur le groupe Arcelor, Mittal est aujourd’hui perçu comme le fossoyeur de la sidérurgie européenne. Touchée de plein fouet par la crise économique, sa multinationale criblée de dettes a perdu 80 % de sa valeur, accumule les pertes et ferme ses usines les unes après les autres en Europe. Un déclin brutal qui révèle l’autre visage d’un modèle économique obsédé par la rentabilité à court terme, qui privilégie l’exploitation des richesses au profit des seuls actionnaires et au détriment de l’intérêt collectif. L’échec du modèle Mittal illustre également la perte d’influence d’un continent, l’Europe, qui apparaît comme le maillon faible de la mondialisation. Impuissante à enrayer sa désindustrialisation, elle apparaît incapable, contrairement aux États-Unis et à la Chine et exception faite de l’Allemagne, de protéger ses champions industriels et de proposer un nouveau modèle économique porteur d’avenir.

Monopoly :

Pour la première fois, certains des proches collaborateurs de Lakshmi Mittal, actuels et passés, ont accepté de témoigner et de raconter l’extraordinaire destin d’un homme qui voulut être le roi de l’acier. Une investigation rigoureuse sur la grandeur et le déclin d’un des groupes les plus puissants de la planète. Une enquête qui dévoile le véritable visage de l’homme d’affaires et l’envers d’un système largement inspiré par les méthodes de la finance, qui relève plus du Monopoly que du capitalisme industriel.

Images : © Jean-Luc Bréchat

© Jean-Luc Bréchat

© Jean-Luc Bréchat

Comme un jeu vidéo anarcho-syndical. Un war game de plus, mais ici le conflit est social. Un ouvrier métallurgiste incite ses camarades à se rebeller pour sauver leur usine et détruire leur patron. Le jeu s’appelle Kill Mittal, la cible en costard cravate, Lakshmi Mittal. Pour le PDG indien d’Arcelor-Mittal, cette mise en ligne (et en joue) est un symptôme de plus. Après avoir été longtemps l’un des rois du monde, maîtrisant à la fois haute finance et industrie lourde, Lakshmi Mittal est aujourd’hui une icône inter- nationale en négatif. Un épouvantail néolibéral, symbolisant la dérégulation du marché global et la voracité. Et en 2014, rien ne va plus pour le numéro 1 de l’acier mondial. Plus aucun homme politique ne veut poser aux côtés d’un investisseur sans scrupules, jonglant avec les prises de risques maximales, les OPA agressives et les licenciements massifs. Lakshmi Mittal n’est plus sur la photo, mais il y a plus grave : il a été éjecté du Top 10 du classement Forbes, relégué à la 41e place des milliardaires les plus riches, avec une fortune personnelle estimée à 16,5 milliards de dollars – et une perte de plus de 10 milliards entre 2011 et 2012. Depuis que crise mondiale et baisse du prix de l’acier ont fait des ravages, la success story Mittal ne fascine plus autant les apprentis magnats.

Ennemi social numéro 1

Certains pensent même, dans un élan douteux, que ses origines expliquent son ambition démesurée et ses erreurs : tiers-mondiste revanchard, patron émergent rêvant d’éclipser l’Occident. Depuis le rachat de ses premières usines métallurgiques à la fin des années 1980 en Indonésie, puis au Kazakhstan et dans les pays de l’Est, son ascension et sa gestion ultraserrée ont suscité l’admiration. Devenu prince de la finance grâce à ses connexions américaines, il s’offre en 2006 un raid carnassier contre le géant européen de l’acier Arcelor. Mais une vision à court terme et un appétit pour la rentabilité immédiate au profit des actionnaires font déchanter ses laudateurs. Malgré les promesses, l’usine de Gandrange et les hauts-fourneaux de Florange ont fermé. À 64 ans, celui qui emploie 320 000 personnes dans le monde est devenu l’ennemi social numéro 1. La cible. Une précision : le créateur de Kill Mittal est lorrain, et son père ouvrier.

Documentaire de Jérôme Fritel (France, 2014, 1h30mn) Coproduction : ARTE France, Capa Presse, Be-Films, RTBF

© Jean-Luc Bréchat

© Jean-Luc Bréchat


Viewing all articles
Browse latest Browse all 2312

Trending Articles