La source d’électricité la moins chère : le photovoltaïque ....
A l’occasion d’une tribune intitulée « Agissons pour une nouvelle économie écologique », publiée dans le Monde en date des 2 et 3 août 2014, Monsieur Géraud Guibert, Président de la Fabrique écologique, fondation pluraliste de l'écologie, décrit ainsi l'état actuel de développement des énergies renouvelables : « si certaines sont encore loin d'être compétitives, d'autres sont en train de le devenir. Les données les plus récentes montrent un coût pour l'éolien terrestre un peu plus élevé que celui du nucléaire installé mais moins que celui des nouveaux réacteurs ».
On retiendra la compétitivité économique de l'éolien terrestre, ce qui est tout à fait juste. Par contre, il est regrettable que le photovoltaïque ne soit pas mentionné. Dans l'esprit du lecteur, habitué aux discours anti-photovoltaïque en France, il est fort probable que celui-ci sera à nouveau classé implicitement dans la catégorie des filières « loin d'être compétitives ». Il est très dommage que cette omission, venant d'une tribune en faveur de la transition énergétique renouvelable, et revendiquant de poser les termes du débat « de façon objective », tendra malheureusement à cautionner les idées fausses sur cette énergie.
LE PHOTOVOLTAÏQUE, EN PASSE DE DEVENIR LA SOURCE D'ÉLECTRICITÉ LA MOINS CHÈRE ?
Il faudrait donc apporter les précisions suivantes : le photovoltaïque représente aujourd'hui une capacité mondiale installée de 140 GW, dont 38 GW rien qu'en 2013. En Europe ce sont 80 GW qui sont installés, produisant plus de 6% de l'électricité dans plusieurs pays dont l'Allemagne et l'Italie (contre près de 1% en France). Le photovoltaïque est aujourd'hui, avec l'éolien, la source d'énergie qui se développe le plus vite en Europe, avec 11 GW nouvellement installés en Europe - des 28 - pour l'éolien, contre 10 GW pour le photovotaïque en 2013, et 7,5 GW pour le gaz. Elle est aussi celle dont le potentiel de croissance est considérable.
Et tout cela a une origine bien concrète : la baisse importante des prix des installations photovoltaïques, qui se traduit par une baisse du coût de production de l'électricité photovoltaïque, sans subvention, qui se situe aujourd'hui entre 10 et 20 centimes d'euros du kWh, et atteint dans de nombreuses régions cette fameuse parité réseau (coût de production inférieur au coût d'achat sur le réseau), ce qui permet le développement concurrentiel de cette source d'énergie. Ainsi le photovoltaïque est bel et bien devenu en quelques années la source d'électricité pratiquement la moins chère, que le veuillent ou non les esprits chagrins.
Elle se développe dans de nombreux pays, et, fait nouveau, au-delà de l'Europe (Etats Unis, Chine, Amérique du Sud, Afrique…) représentant un marché considérable. Aujourd'hui une nouvelle phase de croissance, et un retournement de tendance, se dessine pour le photovoltaïque, grâce à la compétitivité économique atteinte, qui induit aussi le développement de l'autoconsommation, du stockage, du couplage avec la mobilité électrique et la production d'hydrogène, qui répondent à des aspirations fortes de nombreux citoyens. Force est de constater qu'en France, à contre-courant de tous ces signaux positifs et optimistes, le marché décline, l'optimisme recule, on licencie… cherchez l'erreur ?
La tribune de Monsieur Guibert donne ainsi l'occasion de faire partager ces informations complémentaires sur le photovoltaïque, renforçant son appel au développement massif des énergies renouvelables que je partage, avec des informations quantitatives et vérifiables. Il faudrait également élargir cette démarche à l'ensemble des énergies renouvelables (marines, biomasse, géothermie…) pour améliorer encore la qualité du débat sur des bases scientifiques et sortir enfin des généralités et idées fausses, souvent teintées de déni, qui pénalisent encore leur développement en France.