Artisans au bord de l’asphyxie – France 5 – Mardi 17 décembre 20h40
Pendant un an, Géraud Burin des Roziers a suivi David, boulanger à Toulouse, Frédéric, marin-pêcheur à Dunkerque, et Véronique, esthéticienne à Brie-Comte-Robert. Ces trois petits entrepreneurs témoignent de l’amour de leur métier et de leur combat quotidien pour assurer la survie de leur activité.
Pour rembourser le prêt obtenu pour se lancer, David, Artisan boulanger, se tue à la tâche. « J’ai une vie de taré (...). Je suis endetté, Je n’Ai Aucune trésorerie, pas un centime d’avance. Je n’ai ni Assurance-vie ni aucune sécurité. C’est la précarité totale. »
Avec sa croûte croustillante, le pain au mètre est l’un de ses produits vedettes. Après avoir organisé des spectacles, David, 44 ans, a décidé il y a dix ans de changer de vie et de créer sa propre affaire. Devenu artisan boulanger à Toulouse, il est aujourd’hui à la tête de deux boutiques et d’un point de vente sur un marché. Il emploie cinq salariés. Alignant des journées infernales, il n’a pas pris un jour de repos depuis plus de deux ans. « J’aime le boulot, ça c’est sûr, explique-t-il. Quand on fait quelque chose de bon, cela met de bonne humeur pour la journée. » Pour rembourser le prêt de 700 000 euros obtenu pour se lancer, David se tue à la tâche. « J’ai une vie de taré, reconnaît-il. Je suis endetté, je n’ai aucune trésorerie, pas un centime d’avance. Je n’ai ni assurance-vie ni aucune sécurité. C’est la précarité totale. » Pour assurer la pérennité de son entreprise, David doit sans cesse améliorer son chiffre d’affaires : « Les taxes, les charges, les impôts, les salaires, les frais, les fournisseurs, tout le monde se sert sur mon compte. Toutes les semaines, il est vidé. » Un nouveau four, qui lui permettrait de doubler sa production, lui donnerait la possibilité de dégager quelques heures pour voir grandir sa fille de 5 ans. La banque lui accordera-t-elle ce nouveau prêt ? David veut y croire...
Un métier en pleine tempête
Sur la mer, Frédéric, 38 ans, est à son affaire. « Je ne le vois pas travailler dans une usine où on lui donnerait des ordres », explique sa femme, Laetitia. Marin-pêcheur à Dunkerque, Frédéric a sauté le pas en achetant son propre bateau, le Sansesia. Lorsqu’il quitte le quai en pleine nuit, il n’a aucune garantie que la pêche sera bonne. De retour après dix heures de campagne, le Sansesia ramène 50 kilos de poissons dans ses cales. Pour Frédéric et ses trois marins, qui n’ont pas de fixe et qui se partagent 40 % du produit de la pêche, le compte n’y est pas. Prix à la criée en baisse, augmentation du gasoil, baisse des quotas de pêche imposée par Bruxelles... même s’il espère transmettre son outil de travail à Jocelyn, son fils aîné, Frédéric n’est guère confiant. « C’est une survie, on vivote là. » Ecouler sa pêche sans intermédiaire pourrait permettre à son foyer de dégager de nouveaux revenus. Pour avoir l’autorisation de tenir une aubette, un point de vente près du port, son épouse a déposé un dossier. Soumis à un avenir plus qu’incertain, Frédéric est condamné à réussir. Il doit 230 000 euros à la banque !
Tenir coûte que coûte...
Ancienne salariée, Véronique a travaillé dans un grand hôtel parisien avant d’ouvrir son institut de beauté à Brie-Comte-Robert, en Seine-et-Marne. Pour conserver sa clientèle, cette esthéticienne de 52 ans doit moderniser régulièrement son offre. Depuis vingt ans, elle a investi 160 000 euros dans les 55 m2 de sa boutique. Il lui reste encore deux ans pour rembourser un prêt pour une cabine de spa et, sur les conseils de Gabrielle, sa jeune employée de 21 ans, elle vient d’acheter un bar à ongles. Des petits plus incontournables pour affronter une concurrence de plus en plus rude. Petite ville de 16 000 habitants en région parisienne, Brie-Comte-Robert dénombre en effet 12 instituts. Il lui faut aussi compter avec les auto-entrepreneurs : « Ils sont mieux lotis que nous qui sommes déjà implantés et qui avons une affaire à faire tourner, des collaborateurs à payer et des charges. » Mère de deux grands enfants qu’elle élève seule sans pension alimentaire, Véronique ne se concède aucune folie. « Le grain de sable, ce serait la rue. On descend très vite. Je ne peux pas être prise en charge par les Assedic en cas de chômage... »
Documentaire
Durée
52’
Auteur-réalisateur
Géraud Burin des Roziers
Production
Ligne de Front, avec la participation de France Télévisions
Année
2013