Réorienter la fiscalité de l'UE vers les activités polluantes
Alors, que l'UE et les organisations internationales, telles que l'ONU, se penchent actuellement sur des solutions pour relancer l’emploi. En effet, depuis 2008, près de 10 millions de travailleurs, dont de nombreux jeunes, ont perdu leur travail au cours de la crise économique.
L'UE est également confrontée à une crise écologique, avec un taux d'émission de gaz à effet de serre actuellement trois plus élevé que le niveau fixé pour éviter un réchauffement climatique supérieur à 2°C d'ici la fin du siècle par rapport à l'ère préindustrielle, selon l'ONU. En outre, l’UE consomme plus rapidement les ressources qui sont à sa disposition que la capacité de l’environnement à se renouveler.
Les experts cherchent donc à apporter des solutions à cette crise qui est à la fois économique et écologique.
Cette revendication émane du rapport de l'Agence européenne pour l'environnement sur les politiques d’économie verte dans l’Union Européenne. Le rapport encourage les ministres européens à réorienter la fiscalité de l'UE vers les activités polluantes. Jusqu'ici, la crise a retardé la mise en œuvre d'une véritable fiscalité « verte ».
L'Agence européenne pour l’environnement (AEE) a publié cette semaine un rapport sur les réformes fiscales. Les auteurs y expliquent qu’une fiscalité « plus verte » permettrait de créer de l'emploi tout en protégeant l'environnement.
L'agence située au Danemark propose de transférer la fiscalité qui pèse sur le travail vers les activités polluantes : ceci permettrait aux employeurs d’engager plus de travailleurs tout en renforçant la croissance économique.
Les ministres européens se sont rencontrés à Milan, sous la présidence italienne, afin d'aborder les questions climatiques et les enjeux liés à la croissance verte.
« Un système fiscal élaboré avec intelligence peut permettre de réduire la pollution, d’optimiser l'utilisation des ressources, de promouvoir l'emploi, la croissance économique, ainsi que la justice sociale », a expliqué Hans Bruyninckx dans un courriel. À ses yeux, la fiscalité est « un outil sous exploité ».
Actuellement, la fiscalité écologique représente seulement 2,4 %.du PIB de l'UE.
Le rapport contient également d'autres recommandations pour relancer l'économie à travers des dispositifs écologiques. Les auteurs citent par exemple le développement de bien de consommation et de services plus respectueux de l'environnement, à savoir « l'éco-innovation ». Selon le rapport, il existe une corrélation entre les entreprises qui adoptent des produits « éco-innovants », et l'optimisation des ressources dans les pays qui mettent en œuvre ce principe.
Plus d’emplois respectueux de l’environnement
L'AEE affirme que la crise économique a empêché de progresser dans le domaine de la protection environnementale, malgré des tentatives d'insérer des objectifs environnementaux dans des stratégies fiscales de relance économique.
Les ministères sont réticents à imposer une « bureaucratie verte » aux entreprises, car ils craignent que cela ralentisse la reprise économique.
Guy Ryder, le directeur général de l'Organisation internationale du travail, a également interpellé les ministres à Milan sur la question de stratégies pour l'emploi qui ne seraient contraire au respect de l’environnement. Il a par exemple évoqué l'allocation d'investissements plus verts. « Le monde ne doit pas avoir à choisir entre la création d’emplois et la préservation de l’environnement », a précisé Guy Ryder dans un communiqué de presse.
La réunion informelle entre ministres s’est tenue à la suite de propositions de la Commission européenne publiées plus tôt ce mois-ci. Ces mesures sont censées encourager « l'économie circulaire » et fixe des objectifs plus ambitieux en matière de recyclage et proposent la suppression progressive des décharges.
En parallèle, la Commission a publié une série de mesures qui visent à renforcer l'emploi dans des secteurs plus « verts », tels que la gestion de l'eau, des déchets ou encore des énergies renouvelables.