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Georges Mathieu - Vers l’abstraction lyrique au Musée de Boulogne-sur-Mer jusqu’au 29 septembre 2014

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Georges Mathieu - Vers l’abstraction lyrique au Musée de Boulogne-sur-Mer jusqu’au 29 septembre 2014

Georges Mathieu - Vers l’abstraction lyrique au Musée de Boulogne-sur-Mer jusqu’au 29 septembre 2014

Musée de Boulogne sur Mer Ville fortifiée – château comtal Rue de Bernet 62200 Boulogne sur Mer

L’exposition « Georges Mathieu. Vers l’abstraction lyrique » invite le public à redécouvrir les œuvres de jeunesse du peintre boulonnais Georges Mathieu, chef de fil de l’abstraction lyrique. Une scénographie qui regroupe 38 peintures de l’artiste et de ses contemporains, et témoigne d’un mouvement d’après-guerre dynamique, aux reliefs complexes et variés.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, le monde de l’art est à la recherche d’un nouvel élan, d’une esthétique inédite. L’abstraction apparait alors pour de nombreux artistes comme la voie à suivre : l’abstraction géométrique mise en œuvre depuis une trentaine d’années mais considérée comme rigoureuse et froide, et l’abstraction dite lyrique qui voit le jour dans l’immédiate après-guerre et privilégie le mouvement et la spontanéité.

Georges Mathieu, alors jeune peintre inconnu et autodidacte, découvre en 1947 l’œuvre du peintre allemand Wols, exposée à la galerie Drouin, et va avoir une influence décisive sur ses créations. La même année, Mathieu organise une exposition manifeste à la galerie du Luxembourg initialement intitulée « Vers l’abstraction lyrique » mais qui s’appellera finalement « L’imaginaire ». L’abstraction lyrique est née.

L’exposition « Georges Mathieu. Vers l’abstraction lyrique », intitulée ainsi en référence à l’exposition de 1947, propose de revenir aux origines de ce vaste courant, qui ne sera jamais une école à proprement parler, mais considéré comme l’un des mouvements majeurs de l’art contemporain. Autour de la figure centrale de Georges Mathieu, l’exposition met en lumière d’autres acteurs de l’abstraction lyrique déjà présents en 1947 : Wols, Bryen, Soulages, Zao Wou-ki, de Staël... et revient sur les différentes étapes qui ont permis de poser les bases de cette nouvelle esthétique marquée par le refus des règles, la spontanéité revendiquée, une grande liberté de création, et de la faire rayonner.

A travers un choix de 38 œuvres datées de 1944 à 1958, cette présentation permet de mieux appréhender ce mouvement depuis sa naissance jusqu’à son épanouissement et sa reconnaissance sur le plan international. Enfin, cette exposition est l’occasion de replacer l’œuvre de Georges Mathieu dans le contexte général de l’après-guerre afin de prendre toute la portée de son geste créateur.

Le musée fera appel à plusieurs musées et institutions pour le prêt des œuvres, ainsi qu’à la générosité de Mme Veuve Georges Mathieu qui est en charge de la collection de l’artiste.

Phosphène, 1948 Georges MATHIEU © Adagp, Paris 2014

Phosphène, 1948 Georges MATHIEU © Adagp, Paris 2014

Le travail de Georges Mathieu, libéré de toutes les contraintes de la figuration traditionnelle, est une réaction contre l’abstraction géométrique. L’expression de cette spontanéité du geste qui prédomine sur la pensée donne lieu à ce qu’il nomme l’ « Abstraction lyrique ». Chef de file, il est accompagné d’artistes aussi différents que Bryen, Soulages, Zao Wou-ki ou encore de Staël, qui partagent la même vision d’une liberté créatrice. Cette exposition permet ainsi de mieux comprendre les origines d’un des mouvements dominants des années 50, dans toute sa diversité et sa complexité

En quête d’une peinture libératrice :

« Georges Mathieu commence à peindre en 1942. Agé de 21 ans, il est alors professeur d’anglais en province et n’a jamais fait d’études d’art. Isolé du milieu artistique, il connait mal la situation de la peinture contemporaine. Ses premières œuvres sont figuratives mais « c’est en 1944, qu’isolé dans le nord de la France, [il eut] tout à coup, à la suite de la lecture d’un ouvrage d’Edward Crankshaw, la révélation que la peinture, pour exister, n’avait pas besoin de représenter ». Son choix, radical, est d’ordre spirituel. Désormais, sa peinture cherche à se libérer de toute référence à une esthétique antérieure. Ses œuvres des années 44 à 46, appelées « période des limbes », présentent des formes amibiennes, organiques, les lignes courbes prédominent, dans une matière sombre. Déjà l’artiste utilise la tâche, les coulées, le dripping également.

Peu à peu la forme se précise, le geste se fait plus franc, le signe apparait. Il expose trois toiles de cette période ( Survivance, Désintégration, Conception ), pour la première fois au Salon des Réalités Nouvelles à Paris en 1947. Inclassable, on le place dans la salle réservée aux « musicalistes » ! Sa manière dérange, cependant, il sera remarqué par le critique d’art Jean-José Marchand, qui sera le premier à employer le terme « d’abstraction lyrique » quelques mois plus tard. »

Les débuts de l’ « abstraction lyrique » :

« Georges Mathieu, arrivé à Paris en 1947, découvre les œuvres de Wols que René Drouin expose place Ven- dôme. Cette exposition est pour lui « un événement considérable [...]. Wols a tout pulvérisé [...] Après Wols tout est à refaire. ». La même année, il découvre les œuvres d’Atlan, exposées à la galerie Maeght, et celles d’Hartung, exposées à la Galerie Conti. Chacun, sans se connaitre, développe des recherches similaires.

Dès lors, Georges Mathieu ressent la nécessité de regrouper ces artistes dans un nouveau mouvement. Avec Camille Bryen, il organise en décembre 1947 à la galerie du Luxembourg, l’exposition manifeste L’imaginaire qui regroupe Wols, Bryen, Hartung, Mathieu, Riopelle, Atlan, Ubac et Arp. Comme l’écrit le critique d’art Jean-José Marchand, cette exposition « réunit [...] les peintres qui [...] se situent à la pointe du combat pour un lyrisme dégagé de toutes les servitudes et les pseudo-problèmes. Il est remarquable que cette tendance retrouve ainsi la simplicité qui précède les naissances. Désormais la voie est libre. »

Une libre filiation :

« Il apparait en effet assez difficile de caractériser l’abstraction lyrique. De par la volonté même des artistes qui s’y rattachent, ce mouvement ne sera jamais considéré comme une école à proprement parler. La liste même de ces artistes n’est pas clairement définie car si leurs préoccupations se rejoignent, leurs démarches peuvent s’avérer très différentes, et le passage par l’abstraction lyrique n’est pour certains peintres que temporaire. Ainsi, à partir de 1952, Nicolas de Staël revient à la figuration, déchainant de violents débats au sein de la critique. Un artiste comme Simon Hantaï, d’abord surréaliste, se rapproche de l’abstraction lyrique au milieu des années 50 avant de développer une technique toute personnelle, le pliage, à partir des années 60. L’abstraction lyrique se caractérise en effet par l’improvisation, la spontanéité, la liberté absolue, mais également par l’indépendance créatrice laissée à chacun. »

Sans Titre, 1957 ZAO WOU KI © Adagp, Paris 2014

Sans Titre, 1957 ZAO WOU KI © Adagp, Paris 2014

ENTRETIEN AVEC MARIKA MATHIEU, épouse de Georges Mathieu

Quelle démarche intellectuelle a mené Georges Mathieu vers la création du mouvement pictural, l’abstraction lyrique ?

Marika Mathieu : « La formation littéraire et philosophique de Georges Mathieu est déterminante et prioritaire dans sa démarche de créateur. L’inversion sémantique anéantit vingt siècles d’héritage platonicien et d’humanisme cartésien et bouleverse la vision millénaire de la peinture. Toute son œuvre en est la stupéfiante démonstration. De son entrée fulgurante en peinture naît une authentique linguistique picturale. Son esthétique est indissociable d’une éthique qui remet en cause le système de pensée de Platon à Heidegger.

Peintre, philosophe, écrivain, homme engagé et militant pour une prise de conscience ouverte sur une entreprise spirituelle pour une “renaissance de demain” dont témoignent dès 1972 ses nombreux ouvrages et publications, jusqu’au dernier “Désormais seul en face de Dieu” (1998), Georges Mathieu est le maître de l’abstraction lyrique.

Qu’il suffise de rappeler ses relations électives et intellectuelles avec les penseurs et les philosophes, Sir Herbert Head, Stéphane Lupasco, André Malraux, Henri Michaux. Georges Mathieu a dirigé et écrit pendant dix ans dans la revue bilingue “United States Lines Paris Review” traitant des sujets sur la civilisation occidentale, des rapports de l’Art, de la Science et de la Pensée, de la notion de Jeu (1956-57), du Sacré, du Dandysme (1962-63), de la Fête (1960-61) et de l’Humour (1955).

Sa présence au sein de l’Académie des Beaux-Arts à l’Institut de France où il a été élu en 1975 lui a permis de témoigner de sa pensée dans des communications prémonitoires sur l’enseignement artistique, la défense des arts appliqués et l’avenir de l’art. »

Quelles ont été ses influences ?

MM : « Aucune. Il est inventeur de signes, ceux-ci précédant le sens. Pour Mathieu, la peinture est un acte fondateur. C’est en autodidacte qu’il entre en peinture. Il commence à peindre d’après des cartes postales en couleurs de Londres. Une interprétation postimpressionniste et académique avec laquelle il rompt à la suite de sa lecture d’une étude d’Edward Crankshaw consacrée à Joseph Conrad. Son saut dans l’inconnu est immédiat. Ses premières peintures non figuratives sont bouleversantes. À la fin des années 50, un peintre reclus dans sa chambre d’hôtel peint des images informelles, dessine d’une écriture gestuelle et colorée. C’est Wols. Mathieu le rencontre et le fréquentera jusqu’à sa mort. Il s’agit du seul peintre contemporain qu’il admire, et duquel il se sentait proche. »

En quoi son œuvre est-elle influente aujourd’hui ?

MM : « Il faudrait plutôt dire que Mathieu dès ses débuts annonce une ère nouvelle pour appréhender le monde différemment. Georges Mathieu est le pionnier de l’aventure abstraite après la Seconde guerre mondiale. Sa dialectique picturale postule l’improvisation, la spontanéité, la vitesse requises au nom de l’imaginaire, de l’inconnu et du risque, dont la conséquence immédiate est sa pratique tout à fait inédite et novatrice de peindre en public des toiles gigantesques dans un temps record. Il ne faut pas confondre le happening avec ce “saut dans le vide” que Mathieu comparait à celui des grands mystiques, Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, et à la liberté transcendantale à partir de laquelle l’œuvre s’érige en expression totale.

Depuis ces années historiques qui valident le mouvement de l’abstraction lyrique, les suiveurs et épigones de toutes sortes ont fait dévier ou simplement ont adapté ce qu’il faut définir comme un engagement ontologique. Oui, comme tout mouvement esthétique entré dans l’Histoire, l’abstraction lyrique est toujours pratiquée. Elle séduit et n’en garde souvent que le côté décoratif. L’exemple de Mathieu est suivi par certains, comme d’autres optent pour l’impressionnisme. L’essentiel en est absent. L’authenticité d’une découverte, d’une expérience vécue jusqu’à ses extrêmes, dans sa vie même. »

En quelques mots, comment qualifierez-vous Georges Mathieu, l’artiste ?

MM : « Un génie comme chaque époque peut en compter. Le peintre pionnier de l’abstraction lyrique se double d’un visionnaire. Un humaniste. »

Informations pratiques :

Adresse :

Musée de Boulogne sur mer Rue de Bernet Ville fortifiée – château comtal 62200 Boulogne sur mer

Renseignements et contact :

03.21.10.02.20 chateaumusee@ville-boulogne-sur-mer.fr http://www.ville-boulogne-sur-mer.fr/musee-boulogne-sur-mer

Horaires :

Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30. Le dimanche de 10h à 12h30 et de 14h30 à 18h.

Tarifs :

Exposition temporaire : tarif plein 3 € / tarif réduit 2 € /18-25 ans 1 € Billet couplé (accès aux collections permanentes + exposition temporaire) : tarif plein 6 € / tarif réduit 4 € /18-25 ans 2 €

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