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Haute restauration au Prieuré Notre-Dame de la Charité-sur-Loire

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Haute restauration au Prieuré Notre-Dame de la Charité-sur-Loire

Haute restauration au Prieuré Notre-Dame de la Charité sur Loire

Située aux confins de la Bourgogne et de la Région Centre, La Charité sur Loire renferme l’un des plus beaux ensembles de l’art roman. Fondé au XIème Siècle, le Prieuré Clunisien de La Charité sur Loire et son église inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, étape majeure sur les chemins de Compostelle, bénéficient depuis 2001 d’une restauration exemplaire.

Incendié en 1559, vendu comme bien national en 1793, le grand monastère de la Charité-sur-Loire a été bousculé et mutilé, avant d’être absorbé par le tissu urbain. Sa perception n’a rien d’évident, le prieuré se dérobe aux regards, il demande un effort patient de découverte.

Depuis Mérimée en 1837 qui découvre les extraordinaires sculptures des portails de l’église Notre-Dame, le prieuré n’a plus subi de modifications majeures.

Haute restauration au Prieuré Notre-Dame de la Charité-sur-Loire

Après plus de dix années de travaux entrepris dans le cadre de la création du centre culturel de Rencontre du Prieuré de la Charité, Cité du Mot, la ville poursuit la rénovation de l’ancien Prieuré de l’ordre de Cluny.

Menée par la ville sous la responsabilité de son directeur du patrimoine et de l’architecte en chef des monuments historiques, la rénovation consiste aujourd’hui à réparer la toiture de l’aile Est de l’ancien Prieuré.

Pour préserver les bois de la charpente de toute attaque d’insectes xylophages, le charpentier retenu pour cette opération a fait appel à l’expertise d’une entreprise certifiée CTB-A+.

Pour résoudre le problème de toiture et notamment celui de la charpente en peuplier devenue dissymétrique, la ville a lancé un appel d’offre publique. Le lot charpente a été remporté par Voisin Charpente, entreprise de la région spécialisée dans la construction bois, la charpente traditionnelle et en lamellé-collé.

La restauration de la charpente de l’aile est, longue de 120 mètres, a été divisée en deux parties :

- la moitié nord où la charpente a été restaurée grâce à une révision complète et au remplacement des chevrons,

- la moitié sud où pour retrouver la pente initiale de la toiture, la charpente, après dépose de l’ancienne structure, a été intégralement reconstruite en épicéa lamellé-collé. solution la plus efficace pour une grande portée, cette technique a été retenue pour sa résistance bien supérieure qui permet de limiter les sections de bois. Ce sont ainsi 60 m3 de bois qui ont été taillés puis montés à blanc directement dans les ateliers de Voisin Charpente avant d’être acheminés sur le chantier. Levage des fermes, faîtage et pose des chevrons ont finalisé l’opération.

 © DoraCourbon - La nouvelle charpente a été posée sur la moitié sud du bâtiment

© DoraCourbon - La nouvelle charpente a été posée sur la moitié sud du bâtiment

Pour garantir la pérennité de l’ouvrage et préserver les éléments de l’ancienne charpente contre toute agression extérieure, l’entreprise Voisin Charpente a intégré dans son lot le traitement de tous les bois. elle a donc fait appel en sous-traitance au savoir-faire de l’entreprise Charpenet, spécialisée dans le traitement des bois depuis plus de 60 ans, dont la certification CTB-A+ depuis 1988 constitue un critère de qualité essentiel pour obtenir un marché public.

matériau très résistant, le bois peut néanmoins connaître des agressions notamment lorsqu’il est soumis à un risque d’humidité ponctuelle comme cela peut être le cas des charpentes et éléments de toiture. Au Prieuré de la Charité sur Loire, il était essentiel de protéger la charpente existante sur laquelle de légères traces de vrillettes (de la famille des insectes à larves xylophages, la vrillette comme le capricorne ou le lyctus, se détecte essentiellement par les trous de sortie des larves arrivées au stade adulte) avaient été décelées. Cette mission a été confiée à l’entreprise certifiée CTB-A+ qui, outre son expertise, bénéficie d’un savoir-faire reconnu dans la préservation du patrimoine historique.

Selon le CCTP fourni, aucune phase de sondage ni de décapage ne devait être effectuée pour ne pas altérer l’aspect esthétique de la charpente. L’entreprise certifiée CTB-A+ a donc procédé à un traitement contre les insectes xylophages comprenant :

- une phase de dépoussiérage afin d’éliminer sciures et poussières et faciliter la pénétration du produit biocide vers les zones à protéger,

- l’injection sous pression d’un gel biocide auto-pénétrant tous les 30 cm pour tous les bois dont le 1⁄2 périmètre est supérieur à 400 mm et au niveau des ancrages et bois en contact avec les maçonneries

- l’application sur toutes les faces du bois du produit biocide afin de prévenir tout risque de ponte.

Grâce à ces trois opérations principales, le traitement bénéficie d’une garantie de 10 ans.

A l’issue de deux ans de travaux pour la restauration de la charpente, dont deux semaines dédié au traitement des bois, l’aile est du Prieuré de la Charité sur Loire est bientôt prête à accueillir la nouvelle bibliothèque, l’auditorium, la maison du mot ainsi que de futures expositions organisées dans le cadre des rencontres culturelles.

 © DoraCourbon - Sur la moitié nord, la charpente sera conservée et traitée contre les insectes xylophages.

© DoraCourbon - Sur la moitié nord, la charpente sera conservée et traitée contre les insectes xylophages.

La restauration de l’aile Est du prieuré s’est inscrite dans une opération de réutilisation des salles du rez-de-chaussée. Une galerie de cloître du XVIIIe siècle et deux pièces voûtées ont fait l’objet de travaux. La première est la salle capitulaire, la deuxième, dite salle Mérimée, s’ouvre sur une troisième, transformée en passage public après la Révolution.

Les salles de l’aile Est témoignent de la complexité de l’histoire du prieuré. Construites à la période romane, reconstruites à l’époque gothique, elles sont absorbées après l’incendie dans les nouveaux bâtiments du XVIIIe siècle. On remonte alors le sol et réalise un nouveau cloître avec de nouvelles portes d’accès.

Les deux salles et la galerie étaient profondément mutilées.

• Les voûtes étaient percées en plusieurs endroits pour créer des trémies lors de la transformation des locaux en verrerie.

• La pile, le chapiteau et le pied de gerbe de la pile centrale de la salle Mérimée étaient parcourus de fissures inquiétantes.

• Des désordres de structures étaient dus à des percements dans les voûtes, à la suppression de certaines nervures, à la mutilation des supports verticaux et à la surcharge de sur-voûtes reposant sur les voûtes d’ogives.

• Le mur ouest était profondément modifié avec des baies médiévales bouchées et remplacées par de grandes portes néo-classiques.

• Des cloisonnements mis en place au XIXe siècle recoupaient les grands espaces.

Les premières actions ont été d’ordre sanitaire : consolider les voûtes, remplacer quelques pierres d’ogives, le minimum, compléter les voûtes, évacuer les cloisons. Les dispositions du XVIIIe siècle ont dans l’ensemble été conservées, y compris le relèvement du sol qui rend l’ensemble cohérent avec le cloître et le passage Mérimée.

Haute restauration au Prieuré Notre-Dame de la Charité-sur-Loire

La galerie du cloître attenante à la salle capitulaire avait perdu toute cohérence, des fragments gothiques se juxtaposaient avec des maçonneries éventrées, l’ensemble était noir et plusieurs piles avaient littéralement explosé sous l’effet des infiltrations.

Un choix a été fait, le retour à un état du XVIIIe siècle avec un dernier témoin gothique conservé. Les remplacements de pierres ont été limités au minimum, les pierres épaufrées ont été conservées tant que la stabilité de l’ouvrage n’était pas en cause.

Là où nos connaissances sont lacunaires, pour les portes du XVIIIe siècle dont nous ne connaissons pas les menuiseries d’origine ou pour les grandes arcades séparant le passage Mérimée de la salle du même nom, les apports de lumière ont été privilégiés, facilitant la perception du cloître et des salles au travers des portes. Le verre et le métal ont été déclinés dans tous les percements avec toujours le même principe d’alternance entre bandes de verres transparents et de verres translucides, travaillés à la grisaille comme un vitrail. Les bras de lumière permettent d’éloigner l’appareillage électrique des murs et, par la présence de plaques d’albâtre, de retrouver une lumière voilée en cohérence avec l’architecture. Enfin le sol n’a pu être conservé en l’état, les tomettes ayant disparu sur la plus grande partie de la surface. Aussi, il a été décidé de conserver les dalles à proximité de l’entrée et de profiter de la réfection de la plus grande partie du sol pour y installer un chauffage. De larges joints creux éclairés de l’intérieur permettent de percevoir les bases des piles de la salle capitulaire qui étaient dissimulées dans les niveaux de sol modernes.

Les murs, les voûtes, les piles ont été laissés dans leur état brut avec le minimum d’intervention. Ce minimum a cependant nécessité parfois la reconstruction de murs en fond d’arcades entre cloître et salles. Toutes les traces intéressantes ont été soigneusement conservées : les appareillages romans absorbés dans les maçonneries gothiques apparaissent par transparence, les faux joints et les badigeons ont été dégagés et refixés, les encroûtements ont été conservés tels quels.

Le but recherché a été de rendre cohérent ce qui était disparate : des compléments d’enduits et de badigeons dans les voûtes ou sur les murs ont été réalisés pour harmoniser l’ensemble. Dès que les interventions ont permis d’aboutir à une certaine unité dans la perception des salles, il a été considéré que la restauration était terminée.

Haute restauration au Prieuré Notre-Dame de la Charité-sur-Loire

Des opérations de curetage ont précédé la restauration intérieure. Le jardin des bénédictins a été aménagé autour de la mise en valeur des vestiges archéologiques de l’église Saint-Laurent au chevet de l’église Notre-Dame. Là comme ailleurs, les différents temps du monastère ont été respectés et harmonisés : le grand projet originel, dans l’esprit de Cluny, le bouleversement révolutionnaire avec le découpage du site en terrasses, le XIXe siècle avec la création d’une promenade publique traversant le site.

Les vestiges sont là pour leur beauté propre, ils participent à l’ambiance du lieu, ils permettent de mieux comprendre comment le monastère s’est développé sur une grande trame orthogonale. La terrasse haute qui enserre les absides permet aux visiteurs de découvrir des vestiges par le haut, tels qu’ils sont apparus aux archéologues lors de travaux de fondations dans les années soixante-dix.

Le monastère est disponible pour une nouvelle affectation. Toute la difficulté a consisté à faire émerger le bon programme adapté aux qualités du lieu. La salle capitulaire a été équipée de manière à pouvoir accueillir des manifestations diverses ouvertes au public ; encore en chantier, elle a reçu des concerts de piano pour la plus grande satisfaction des interprètes et des auditeurs, elle retrouve ainsi son rôle fédérateur au sein du prieuré.

Les intervenants

Localisation : La Charité sur Loire, Nièvre (58) – France

Maître d’ouvrage : Ville de la Charité sur Loire représentée par Luc Jolivel, Directeur du Patrimoine

Architecte en Chef des monuments Historiques : atelier Cairn, Paul Barnoud

Lot Charpente : Entreprise Voisin à La Charité sur Loire (58)

Traitement des bois : Entreprise Charpenet à Saint Eloi (58)

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