C’était là ! Sous nos pieds….. Sous la future LGV est-européenne…
Le Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim accueille, du 16 mai au 30 septembre 2014, l’exposition « C’était là ! Sous nos pieds... Découvertes archéologiques de la Ligne à grande vitesse Est européenne ». Consacrée aux résultats des recherches archéologiques menées sur le tracé de la ligne, en Lorraine et en Alsace, elle présente 6 000 ans d’histoire du territoire. Née de la volonté commune de l’Inrap, du ministère de la Culture et de la Communication, de Réseau ferré de France et du PAIR, cette exposition (bilingue français-allemand) sera itinérante jusqu’en 2017.
Un voyage dans le temps :
Rapprocher Paris de Strasbourg, tel est l’objectif de la ligne à grande vitesse est- européenne, aménagée par Réseau ferré de France. Le premier tronçon (300 km) a été mis en service en juin 2007. Le second, long de 106 km, permettra de réduire le temps de parcours actuel de 30 minutes (1h50). Dans ce cadre, l’Inrap, le PAIR et le service archéologique du conseil général de Moselle ont fouillé plus de 40 sites, entre 2008 et 2011, mettant en évidence des peuplements et des occupations très anciennes du territoire, depuis le Néolithique (5 400 avant notre ère) jusqu’à la Première Guerre mondiale.
De la Lorraine à l’Alsace, 7500 ans d’histoire :
Au Néolithique, les premières sociétés sédentaires ont laissé leur empreinte dans le sol au travers de nombreux silos à grain, de fragments de torchis et de sépultures. L’âge du Bronze (2 200 à 800 avant notre ère) se caractérise par de nouvelles pratiques funéraires ainsi que des échanges ou influences avec la Méditerranée. En témoignent par exemple des perles de verre importées d’Italie et déposées dans une incinération à Dolving (Moselle). La tribu gauloise des Médiomatriques occupe ensuite le territoire. Les archéologues ont découvert en Moselle une vaste résidence aristocratique, qui deviendra, à la période romaine, une luxueuse villa. Les fouilles ont également mis au jour des collections intéressantes du Moyen Âge, notamment une fibule incrustée de grenats. L’exposition se termine avec la tombe de deux soldats à Sarraltroff, victimes des premiers combats de la Première Guerre Mondiale.
Une exposition au fil du tracé :
L’exposition présente, sur plus de 300 m2, les plus importantes découvertes de ces fouilles. La scénographie, assurée par Zen+dCo, s’appuie sur un mobilier « muséo- transformable » fait de grandes plaques d’aluminium pliées. Organisée en trois sections, l’exposition permet de découvrir les modes de vie des différentes civilisations qui se sont succédé dans la région : « Habiter, cultiver, consommer » ; « Fabriquer, échanger, se déplacer » ; « Croire, mourir, se souvenir ». Le visiteur est accueilli par un atlas interactif retraçant les découvertes archéologiques du tracé. Plus de 500 objets archéologiques sont présentés pour la première fois au public : situle de bronze d’influence étrusque du site d’Eckwersheim (Bas-Rhin), bague en or et dépôt monétaire, trésor de monnaies d’argent de la fin de l’indépendance gauloise de la villa gallo-romaine de Bassing (Moselle)...
Un chantier archéologique sans précédent :
L’archéologie préventive est un compromis entre recherche, sauvegarde du patrimoine, délais et aménagement du territoire.
L’aménagement de la ligne à grande vitesse est-européenne, reliant Paris à Strasbourg, commence en 1988, lors de l’instruction des premiers dossiers du tracé. Le diagnostic systématique a mis au jour plusieurs centaines de sites. Selon leur intérêt, ceux-ci ont fait l’objet de fouilles plus ou moins exhaustives, parfois sur plusieurs hectares.
Entre Paris et Strasbourg : 4 100 hectares à explorer :
Si un chantier de travaux publics d’une telle envergure (406 km sur 60 m de large, auxquels s’ajoutent les zones d’installation de chantiers et de stockage) a déjà été suivi par des archéologues, c’est la première fois que l’emprise entière d’un tel projet fait l’objet d’opérations d’archéologie préventive.
Elle représente 4 100 hectares à explorer et a nécessité près de soixante-dix mille jours de travail sur le terrain et pour l’analyse des centaines de milliers de vestiges découverts (objets, échantillons de sols, pollens, charbons de bois et toutes autres traces de l’environnement passé). Tous ces inventaires, analyses, études et synthèses sont présentés dans des rapports qui totaliseront au final plus de 30 000 pages. Ils constituent le préalable nécessaire aux ouvrages et publications scientifiques sur le territoire traversé par la LGV.
Dès novembre 2000, une première phase de travaux est entreprise entre Vaires-sur- Marne (Seine-et-Marne) et Baudrecourt (Moselle). Ce premier tronçon de 300 km est mis en service en juin 2007, par Réseau Ferré de France.
106 km d’archéologie entre Lorraine et Alsace :
Le second tronçon, long de 106 km au cœur de la Lorraine et de l’Alsace, a fait l’objet d’un nouveau projet de recherche archéologique de 2008 à 2011, entre Baudrecourt (Lorraine) et Vendenheim (Alsace).
L’ensemble du tracé a été diagnostiqué par les équipes de l’Inrap et du PAIR. Ces diagnostics ont été prescrits par les services régionaux de l’Archéologie à partir des données transmises par Réseau Ferré de France. Les diagnostics (des tranchées réalisées à l’aide d’engins mécaniques) permettent aux archéologues de détecter la présence de vestiges. D’autres méthodes de détection sont également utilisées : prospections aériennes, pédestres et géophysiques, carottages ou sondages géotechniques. Les archéologues ont enfin bénéficié du Lidar (Light Detection and Ranging), un scanner laser aéroporté exploité par Réseau ferré de France. Il a notamment fourni de précieuses informations sur le sous-sol des zones boisées. Suite aux résultats des diagnostics, les services de l’Etat ont prescrit 40 fouilles, financées par Réseau ferré de France.
De 2009 à 2011, l’Inrap, le PAIR et le service archéologique du conseil général de Moselle ont ainsi fouillé des habitats et des nécropoles allant du Néolithique (5400 avant notre ère) à la Première Guerre mondiale, mettant en évidence des peuplements et une exploitation très ancienne des sols et révélant de nombreux aspects de la vie des sociétés passées, de leur environnement.
L’étude des vestiges découverts se poursuit actuellement. Ce sont ces recherches qui sont aujourd’hui présentées dans le cadre de l’exposition, au Parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim.
Un parcours thématique à travers les âges
L’exposition présente, sur plus de 300 m2, les plus importantes découvertes de ces fouilles. La scénographie, assurée par Zen+dCo, s’appuie sur un mobilier « muséo- transformable » fait de grandes plaques d’aluminium pliées. Organisée en trois sections, l’exposition permet de découvrir les modes de vie des différentes civilisations qui se sont succédé dans la région : « Habiter, cultiver, consommer » ; « Fabriquer, échanger, se déplacer » ; « Croire, mourir, se souvenir ».
« Habiter, cultiver, consommer » :
Les découvertes réalisées sur le tracé de la ligne à grande vitesse est-européenne témoignent de la diversité des modes d’occupation rurale au cours des millénaires. Homo sapiens a longtemps été un chasseur-cueilleur nomade. Il se sédentarise dès le Néolithique, à partir de - 5400 en Lorraine et Alsace. L’âge du Bronze (- 2200 à -800) et l’âge du Fer (- 800 à - 52) correspondent au développement d’une organisation territoriale et d’un artisanat de plus en plus spécialisé. La romanisation s’accompagne de profonds changements économiques et culturels qui se traduisent notamment dans la langue, la religion et l’alimentation. Déstabilisé par d’importants mouvements de populations, l’Empire romain décline autour de l’an 500. Le premier Moyen Âge (Ve - XIe siècles) est essentiellement rural. Le second Moyen Âge (XIIe - XVIe siècles) est celui de l’essor urbain et du morcellement des territoires en possessions épiscopales, seigneuries et ville libres.
« Fabriquer, échanger, se déplacer »
Les archéologues exhument nombre d’objets, fabriqués ou échangés. Au Néolithique, le silex reste le matériau de prédilection pour produire outils et armes. Les haches et herminettes, finement polies, en sont les meilleurs exemples. Parfois issus de contrées lointaines, bien des objets circulent : à l’âge du Bronze, des perles d’ambre, cette résine originaire des bords de la mer Baltique, sont présentes dans des tombes de la nécropole alsacienne d’Eckwersheim ; en Lorraine, à Dolving, des perles de verre proviennent de la région de Frattesina, dans le nord de l’Italie ; enfin, la situle de bronze découverte dans la tombe d’un aristocrate d’Eckwersheim appartient à la civilisation étrusque.
« Croire, mourir, se souvenir »
À défaut de pouvoir comprendre les rites, les archéologues perçoivent les pratiques funéraires et religieuses. Celles-ci sont d’une grande variété et nous paraissent parfois bien étranges. Vers 3800 avant notre ère, à Gougenheim, 43 individus sont inhumés dans des positions variées, parfois dans des silos destinés au stockage du grain. Parmi eux, deux femmes ont été ensevelies simultanément.
Dans un trou d’obus, deux Poilus ont été retrouvés, sur le dos, à Sarraltroff. Tombés au combat entre le 18 et le 20 août 1914, ils reposent désormais au cimetière de Sarrebourg. Durant l’âge du Bronze, à Eckwersheim, on se fait inhumer. Toutefois, à cette époque, la crémation est la pratique funéraire la plus fréquente ; c’est le cas de la nécropole de Dolving, en Moselle. Prélevés sur le bûcher, les ossements et les parures sont déposés dans l’urne cinéraire. L’incinération se généralise à nouveau au cours de l’Antiquité pour disparaitre au Moyen Âge.
Les archéologues approchent les pratiques religieuses au travers des sanctuaires, à l’instar de celui d’Eckartswiller, où un bas-relief du dieu Mercure des IIe et IIIe siècles de notre ère a été découvert.
Clé de coffre en alliage cuivreux (bronze) découverte sur le site de Bassing (Moselle), période Augustéenne © Bruce Aufrère, Inrap
Renseignements pratiques
1, rue Robert Schuman, 57200 Bliesbruck +33 (0)3 87 35 02 20 bliesbruck@cg57.fr www.mosellepassion.fr
Tarifs : gratuit jusqu’à 16 ans, plein tarif : 5€, tarif réduit : 3,5 €. Ouverture tous les jours de 10 h à 18 h, du 15 mars au 31 octobre.